Un historien musulman, Rochdi Alili, répond indirectement à Benoît XVI, sur oumma.com.
Son argumentation paraît très savante, on la lira en entier ici:
http://oumma.com/

N'ayant pas de formation théologique ou philosophique qui me permette d'alimenter un débat (nul doute qu'il serait édifiant!), je me suis contentée de faire ce que font presque tous les journalistes, c'est-à-dire "découper aux ciseaux" ce qui m'a paru important, ou significatif, une fois extrait le jargon du "spécialiste".
Cette lecture musulmane du discours de Ratisbonne (Europe = christianisme), même si elle est peut-être(?) éloignée des intentions du Pape (car catholique signifie universel), n'est d'ailleurs pas plus inepte que celle que l'on nous a pilonnée par medias interposés depuis le 15 septembre.
Le plus inquiétant est là: les "musulmans modérés" ne sont pas si modérés que ça (je les trouve même particulièrement arrogants, voire menaçants) ...et le moins que l'on puisse dire est que l'affection ne sera pas au rendez-vous pour le prochain voyage du Saint-Père en Turquie.
Le monde musulman va probablement exercer sur lui une pression énorme, au besoin par le chantage, (qui sait si l'affaire de Ratisbonne n'était pas le premier épisode?) et cela risque d'être très dur. A n'en pas douter, il aura besoin de nos prières et de notre soutien, pour "ne pas se dérober, par peur, devant les loups"...

Le discours du pape est plus une définition de l’identité européenne selon le Vatican qu’une méditation sur foi et raison

Rochdy ALILI est historien, et musulman. Auteur de nombreux articles dans diverses revues, il a publié en 1996, aux éditions La Découverte, « Qu’est-ce que l’islam? »
Interview sur le site oumma .com, ( http://oumma.com/spip.php?article2182 ) réalisée par la rédaction.
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Question : …Il ne semble plus, dans la suite du texte [après le « fameux » passage qui cite les propos de l’empereur byzantin], que l’islam soit directement évoqué ni mis en cause…

Réponse : Je ne pense pas que l’islam ne soit plus mis en cause dans la suite du discours papal. En effet, un long développement suit les paragraphes sur lesquels nous avons précédemment tenté de réagir par nos remarques [et s’achève par] la méditation à haute voix du pape sur ce point, avant qu’il ne passe à des considérations qui ne nous concernent plus en tant que musulmans :
« On ne s’étonne pas que le christianisme, bien qu’il soit né et ait connu un développement important en orient, ait finalement trouvé son empreinte historiquement décisive en Europe. Nous pouvons aussi dire, à l’inverse : cette rencontre, à laquelle s’est ensuite ajouté l’héritage de Rome, a fait l’Europe et reste au fondement de ce que l’on peut appeler à juste titre l’Europe. »

Q : En effet, la conclusion de cette partie me paraît effectivement sans appel, l’Europe a fait le christianisme selon Benoit XVI et le christianisme a fait l’Europe selon Benoit XVI. Alors, ne pourrait on pas dire que le discours du pape est plus une définition de l’identité européenne selon le Vatican qu’une méditation sur foi et raison : quiconque n’est pas européen n’est pas vraiment chrétien et quiconque n’est pas chrétien n’est pas vraiment européen.

R : Je ne vous suivrai pas totalement sur l’ensemble de vos réactions. Mais le pape a bien dit ce qu’il a dit sur l’Europe. Et je retiendrai comme possible qu’il faille comprendre comme vous le faites ; que quiconque n’est pas chrétien n’est pas vraiment européen. Je ne pense pas que le pape ait voulu ainsi exclure de l’identité européenne les musulmans d’Europe, bien que des extrémistes de droite se soient sentis ragaillardis et encouragés dans leur délire islomophobe par un tel discours. Il réaffirme implicitement néanmoins, par cette définition, par les vues qu’il propose dans ce vagabondage intellectuel, son extrême réticence à y inclure des nations musulmanes.
…

Q : …le pape affirmera plus loin, bien que le christianisme soit né et ait connu un développement important en orient, on ne s’étonne pas [qu’il] ait finalement trouvé son empreinte historiquement décisive en Europe.R : Par conséquent, la Turquie n’a rien à faire en Europe, si je pousse dans ses conséquences, comme vous semblez m’y inciter, la rhétorique du pape dans ce discours. Il ne s’est pas caché de cette position depuis bien longtemps. Et je crois que tous les musulmans qui réagissent par autre chose que par des vociférations et des insultes, et qui demandent, non pas des repentances comme c’est la mode partout, mais des positionnements politiques véritablement ouverts pour croire à une volonté de dialogue, ces musulmans là vont cependant être très attentifs à ce que va dire le pape en Turquie.
Car il faut que la Turquie accueille le pape, et il faut que le pape, lors de ce voyage souhaitable, dissipe les malentendus et donne une vision moins fermée de l’Europe. Attendons ses propositions, qui vivra verra.

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