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 LE THÉOLOGIEN
De A à Z

BABEL (TOUR DE)
 

Voici quel est notre Dieu, Peter Seewald, page 98


 

Certainement que ces histoires, qui étonnamment traversent l'histoire des religions, sont des avertissements.
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Pensons à la construction de la tour de Babel par laquelle l'homme voulait se doter d'une civilisation unique par la technique. Il veut réaliser le rêve, juste en soi, d'un unique monde, d'une unique humanité, par son propre savoir en matière de construction ; il tente, par la tour dont le sommet touche le ciel, de s'emparer du pouvoir et d'accéder au divin. Au fond, le rêve de la technique moderne est identique : acquérir le pouvoir divin pour présider aux commandes du monde. Voilà pourquoi ces images contiennent des avertissements, issus d'un savoir originel, qui nous concernent.

Voici comment nous pouvons comprendre cette image. Dans ce récit, l'unité de l'humanité et la tentative de devenir Dieu et d'atteindre sa hauteur sont exclusivement liées au savoir technique. Il nous est dit qu'une unité sur cette base ne résiste pas et conduit à la dispersion.

C'est une leçon qui vaut pour le monde actuel. D'une part cette unité existe. Les centres des grandes villes, que ce soit en Afrique du Sud, en Amérique du Sud, au Japon, en Amérique du Nord ou en Europe, se ressemblent tous. Partout on porte les mêmes jeans, on chante les mêmes tubes, on regarde les mêmes images télévisuelles et on admire les mêmes stars. Il existe ce qu'on pourrait appeler une civilisation unique allant jusqu'au McDonald's fournissant la pitance commune à toute l'humanité.
Alors que cette uniformisation pourrait apparaître, de prime abord, comme une certaine force de réconciliation juste et bonne - exactement comme la langue unique du récit de la tour de Babel - les hommes deviennent en même temps de plus en plus des étrangers les uns pour les autres. Ils ne se rapprochent pas réellement. Nous assistons à une recrudescence des régionalismes, le réveil de diverses civilisations, chacune voulant être l'unique et se sentant opprimée par les autres.
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[Il s'agit d'un plaidoyer contre la civilisation unique], parce qu'elle fait perdre à l'homme ce qu'il a de particulier et qui lui est propre. La communication profonde entre les hommes se perd car elle ne peut pas être suscitée par les comportements superficiels extérieurs identiques chez tous ni par la maîtrise technique des mêmes appareils. L'homme a plus de profondeur. Pendant qu'il s'unifie superciellement, il se révolte en profondeur contre cette uniformisation dont sait qu'elle l'asservit.
Ce qui est critiqué dans l'image de la tour de Babel, c'est une certaine forme d'unification et de maîtrise par l'homme du monde et de la vie, car cette unification n'est qu'apparente, tout comme la promotion de l'homme n'est qu'apparente. Elle en fait un être dangereux, parce que, d'une part ses possibilités sont énormes, mais que, d'autre part, ses capacités morales ne résistent pas à ses capacités techniques. La force morale n'a pas augmenté parallèlement aux capacités de réalisation et de destruction que l'homme a développées (*). C'est la raison pour laquelle Dieu intervient contre cette sorte d'unification et en suscite une tout autre.


 

Lors de l'entretien accordé à la télévision allemande en aôut 2006, le saint-Père est revenu sur ce thème, en disant:
"Le progrès ne peut être authentique que s’il rend service à la personne humaine et si la personne humaine elle-même grandit, non seulement au niveau de son potentiel technique, mais aussi de ses capacités morales. Et je crois que le vrai problème dans la conjoncture historique actuelle c’est le déséquilibre entre la croissance incroyablement rapide de notre potentiel technique et celui de nos capacités morales, qui n’ont pas grandi de manière proportionnelle."


 

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