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 LE THÉOLOGIEN
De A à Z

MARXISME
 

"Entretien sur la foi", Vittorio Messori, page 235.

Cette analyse date de 1985, alors que le communisme était encore une réalité à nos portes, et elle s'applique à la "Théologie de la Libération", mais elle reste incroyablement d'actualité, et même totalement prophétique si l'on remplace (en passant peut-être à la sphère profane, mais pas uniquement )"théologie de la libération" par "altermondialisme".
Les idées n'ont absolument pas changé, elles sont même devenues encore plus pernicieuses, car on a réellement fait croire aux gens que l'idéologie marxiste sous-jacente était définitivement morte.



 

« La théologie de la libération, dans ses formes qui se rattachent au marxisme, n'est absolument pas un produit autochtone, indigène, d'Amérique latine ou d'autre zones sous-développées où elle serait née et aurait grandi quasi spontanément par l'action du peuple. Il s'agit en réalité, au moins à l'origine, d'une création d'intellectuels ; et d'intellectuels nés ou formés dans l'Occident opulent : ce sont des Européens, les théologiens qui l'ont fait naître ; ce sont des Européens - ou formés dans des universités européennes -, les théologiens qui la font grandir en Amérique du Sud. Derrière l'espagnol ou le portugais de ces prédications perce en réalité l'allemand, le français, l'anglo-américain. »
..la théologie de la libération ferait partie « de l'exportation à destination du Tiers-Monde de mythes et d'utopies élaborés dans l'Occident développé. C'est presque une tentative visant à expérimenter dans le concret des idéologies conçues en laboratoire par des théoriciens européens. D'un certain point de vue, par conséquent, c'est encore une forme d'impérialisme culturel, bien que présenté comme la création spontanée des masses déshéritées. Reste ensuite à vérifier quelle influence réelle ont en vérité sur le "peuple" ces théologiens qui disent le représenter et être leurs porte-parole. »


« En Occident, le mythe marxiste a perdu de ses charmes auprès des jeunes et des travailleurs eux-mêmes ; on tente alors de l'exporter dans le Tiers-Monde, et ce, par le truchement de ces intellectuels qui vivent, eux, hors des frontières des pays dominés par le "socialisme réel".

« Il me semble que le marxisme, dans sa philosophie et dans ses intentions morales, est une tentation plus grave que certains athéismes pratiques, donc intellectuellement superficiels. C'est que l'idéologie marxiste se sert aussi de la tradition judéo-chrétienne, mais renversée en un prophétisme sans Dieu ; elle instrumentalise, à des fins politiques, les forces religieuses de l'homme pour les tourner vers une espérance exclusivement terrestre qui est le renversement de la tension chrétienne vers la Vie éternelle.
C'est cette perversion de la tradition biblique qui induit en erreur beaucoup de croyants, convaincus en toute bonne foi que la cause du Christ est la même que celle qui est proposée par les annonciateurs de la révolution politique.


Le dialogue impossible

« Il est douloureusement difficile de dialoguer avec des théologiens qui acceptent ce mythe illusoire qui empêche les réformes, aggrave la misère et les injustices, ce mythe qu'est la lutte des classes en tant qu'instrument destiné à créer une société sans classes ».
Il poursuit : « Si, Bible et Tradition en main, fraternellement, on veut dénoncer les déviations, aussitôt on vous étiquette comme "esclaves", "laquais" des classes dominantes qui entendent conserver le pouvoir en s'appuyant aussi sur l'Église.

[Il faut souligner] l'intransigeance d'une partie des media et de nombreux groupes de sympathisants, surtout européens. Chez ces derniers, chacune de nos interventions, même la plus pondérée, la plus respectueuse, est repoussée a priori parce qu'elle se rangerait du côté des "patrons". Alors que la cause des pauvres est trahie justement par ces idéologies qui se sont avérées sources de souffrance pour le peuple lui-même. »

« Il y a un refrain qu'ils rabâchent sans trêve : "il faut libérer l'homme des chaînes de l'oppression politico-économique ; pour le libérer, les réformes ne suffisent pas ; bien plus, elles distraient ; ce qu'il faut, c'est la révolution ; mais le seul moyen de faire la révolution, c'est de proclamer la lutte des classes".
Et pourtant, ceux qui répètent cela ne semblent se poser aucun problème concret ou pratique sur la manière d'organiser une société après la révolution. On se borne à rabâcher qu'il faut la faire. »

« Ce qui est théologiquement inacceptable et socialement dangereux, c'est ce mélange de Bible, de christologie, de politique, de sociologie et d'économie. On ne peut se servir abusivement de l'Écriture et de la théologie pour généraliser et sacraliser une théorie de l'ordre socio-politique. Celui-ci - par nature - est toujours contingent. Si, au contraire, on sacralise la révolution - en mêlant Dieu, le Christ et les idéologies -, on crée un fanatisme enthousiaste qui peut mener aux pires injustices et oppressions, inversant dans les faits ce qu'on se proposait en théorie. »

« Il est aussi douloureusement frappant de constater - chez des prêtres et des théologiens - cette illusion si peu chrétienne qu'on peut créer un homme et un monde nouveaux, non pas en appelant chacun à la conversion, mais en n'agissant que sur les structures sociales et économiques.
En réalité, c'est le péché personnel qui est aussi à la base des structures sociales injustes. C'est à la racine et non sur le tronc et les branches de l'arbre de l'injustice qu'il faut travailler, si l'on veut vraiment une société plus humaine. Ce sont là des vérités chrétiennes fondamentales, et pourtant, on les repousse avec mépris comme "aliénantes" et "spititualistes". »

Voir aussi Communisme


 

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