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19 avril
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OLIVIER FIGUERAS DANS "PRÉSENT"

Présent

Si, il y a des journaux en France qui aiment le pape!

Le quotidien catholique français Présent (hélas à diffusion plus que confidentielle) est à ma connaissance le seul journal français à avoir toujours soutenu Benoît XVI, à l'avoir assuré de son affection, et à continuer à le faire au moins une fois par semaine, en nous informant de ses activités dans des termes que l'on aimerait retrouver dans la presse à plus fort tirage .
C'est dans ce journal que j'ai découvert le Cardinal Ratzinger, peu avant le 19 avril, et grâce à lui qu'ensuite, je me suis réjouie de son élection. Je ne les en remercierai jamais assez...


 

Une joie immense a déferlé sur la Place Saint-Pierre

Annuntio vobis gaudium magnum : habemus Papam.
La formule - solennelle, claque dans le ciel de Rome. Et c'est d'une voix forte que le protodiacre, le cardinal Medina, apprend, à la Ville et au monde, le nom de l'élu : le cardinal Joseph Ratzinger, « qui s'est lui-même donné le nom de Benoît XVI».
Une joie immense, indescriptible submerge la foule des fidèles sur la place Saint-Pierre, dans la via della Conciliazione, et loin, très loin, dans tout Rome, et, grâce aux prouesses techniques, jusqu'aux extrémités de la terre.

La journée avait cependant plutôt mal commencé. Le temps était redevenu maussade, et, peut-être influencés par un soleil capricieux, les dizaines de milliers de fidèles qui se pressaient sur la place Saint-Pierre laissaient transparaître leur doute d'une issue rapide. Peu avant midi, la fumée noire de la Sixtine ajoutait à l'incertitude.

La foi des humbles est tenace. A mon retour, peu avant seize heures, au pied de la cheminée de l'espérance, je constate que nombre de ces pèlerins sont restés sur place.
Petit à petit, l'heure avançant, la foule des fidèles grossit, et se couvre des drapeaux des pays les plus divers, et des continents les plus variés. Sur les épaules de son père, une petite fille agite inlassablement, dans le vent tenace, le drapeau aux couleurs de la Fille aînée de l'Eglise. La France ; ma France...

Te Deum laudamus...

II est six heures à peine. Un mouvement de la foule me rappelle à la réalité de l'heure présente. Un coup d'oeil à la cheminée suffit à m'en convaincre : la fumée qui commence à s'en échapper ne peut être que grise ; il est trop tôt pour qu'il en soit autrement. Les cardinaux n'ont matériellement pas eu le temps de voter deux fois...
Quelques secondes encore, et de larges volutes blanches viennent confirmer ce que je sais déjà : nous avons un Pape.
Je ne discerne quasiment pas la fumée; mes yeux sont trop embués de larmes. Car je pleure, comme l'enfant orphelin à qui son Père est rendu.
Lorsque les cloches de Saint-Pierre viennent confirmer l'extraordinaire nouvelle, la foule explose, chante des cantiques, et souhaite longue vie au nouveau Pape - qu'elle ne connaît pas encore.
D'ores et déjà, c'est un miracle. Car le duel auquel croyaient les tenants d'une lutte fratricide entre conservateurs et réformateurs n'a pas eu lieu. Pas en vingt-six heures de conclave !
Dès lors, une idée folle, une idée conservatrice, traverse mon esprit - moins folle cependant qu'elle ne pouvait le paraître à certains d'entre nous il y a quelques heures encore.
Quelque quarante minutes plus tard, le cardinal Medina, le porte-parole du Sacré Collège, apparaît au balcon central de la basilique Saint-Pierre. D'une voix forte, mais lente, trop lente à notre impatience de fils, il nous apprend ce que nous sommes si ardents de savoir.
Josephum ! Le prénom suffit à confirmer ma folle espérance.
Et lorsque nous apprenons le choix du cardinal Ratzinger - Benoît XVI ! - la joie, dans la foule, tourne au délire.
Le cardinal Ratzinger ! Celui-là même qui, dans ses méditations pour le dernier Vendredi saint, soulignait que la barque de Pierre prenait eau de toutes parts. Celui qui, hier encore, le matin même de l'ouverture du conclave, dénonçait la « dictature du relativisme » et réaffirmait le Credo de l'Eglise.

Il y a à dire, et l'on dira, et Benoît XVI, nous l'espérons, affirmera, tant et tant d'autres choses.

Mais, d'ores et déjà, les tenants d'une ouverture toujours plus grande de l'Eglise au monde ont perdu une bataille; et le savent. Et leurs grimaces médiatiques, déjà, le disent... Pensez ! le cardinal Ratzinger, celui qui définit l'Europe comme Chrétienté ! Sans parler de la messe de Saint- Pie V...
Bref ! le porte-drapeau des conservateurs au sein du Sacré Collège, contre lequel allaient toutes leurs diatribes, toutes leurs attaques ; toute leur méchanceté.
Et les mercis, dans toutes les langues, montent vers les cardinaux, qui ont rendu un Père aux fidèles, un Pape à Rome et à l'Eglise.
Et le Pape Benoît XVI, pour la première fois, donne sa bénédiction à la Ville et au monde.
Benoît, Benoît XVI ! Inlassablement, et dans toutes les langues, les fidèles disent et redisent le nom de leur Père : Benoît, Benedetto... Benedictus.
Oui, Benedictus qui venit in nomine Domini !
OLIVIER FIGUERAS
“Présent du 20 Avril 2005


 

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