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LE JOURNAL D'ALEXANDRA BORGHESE
 

Le journal d’Alessandra Borghese

Où étiez-vous le mardi 19 avril à 17h57, quand, de la cheminée de la Chapelle Sixtine sortait cette fumée blanche qui annonçait l’élection d’un nouveau Pape ?
Moi, j’étais parmi ces milliers de romains et de touristes qui, ayant entendu la nouvelle, couraient vers la Place Saint-Pierre, vers cette place qui, lors des dernières semaines comme jamais auparavant dans l’histoire, a rassemblé le monde entier et embrassé une multitude de gens. Que l’atmosphère dans le cœur des fidèles fût passée d’un sentiment de tristesse, à un sentiment d’attente, j’en avais eu l’intuition l’après-midi de la première fumée noire.

Mardi 19 avril, la Place Saint était littéralement envahie, d’une façon invraisemblable. L’espoir, la curiosité, l’excitation remplissaient le cœur des gens. […]

Mais comment se sent-on lorsque le nouveau Pontife, cet « eminentissimum et reverendissimum Josephum cardinalem Ratzinger », dont on vient d’annoncer le nom à la Loge des Bénédictions, et qui prendra le nom de Benoît XVI, est quelqu’un que tu as connu de très près ?
L’émotion te saisit tout le corps, les battements de ton cœur s’emballent, tu as presque l’impression de manquer d’air, une immense joie te remplit le cœur, et tu commences à remercier le Seigneur pour tant de grâce reçue.
La première fois que j’ai rencontré celui qui était alors le cardinal Ratzinger, c’était en mai 1999, dans son bureau du Palais du Saint-Office. En vingt minutes, nous décidâmes de l’organisation d’une messe, avec la participation du Chœur de Ratisbonne, que lui devait ensuite célébrer dans la basilique de l’Ara Coeli ( ?). Je me souviens qu’il s’intéressa tout particulièrement au répertoire musical, choisissant des morceaux de Giovani Croce, Anton Bruckner, Mendelsson et Mozart .
Après la messe, il y eut une grande réception au Capitole, offerte par le maire d’alors, Francesco Rutelli.
En cette occasion particulière, j’eus l’opportunité de pouvoir inviter plein d’amis et connaissances. Peu après devait commencer le grand jubilé de l’An 2000.
Le cardinal Ratzinger, ce soir-là, était particulièrement en forme, et voulut rencontrer et parler avec une quantité d’invités. Pour chacun, il trouvait le mot juste, et laissait à tous le loisir de lui poser des questions.
A cause de cela, les jours suivants, mon téléphone portable n’arrêta pas de sonner, des dizaines et des dizaines de personnes qui l’avaient rencontré voulaient partager leur joie avec moi.
Je dois avouer que, dès ma première rencontre avec le cardinal Ratzinger, je me suis sentie fascinée par sa personnalité. J’étais en particulier très frappée par sa façon particulière de marcher : silencieuse, presque sur la ponte des pieds, si élégante. Et puis, un regard attentif et curieux, deux yeux qui sondent ceux de son interlocuteur. Un sourire doux, un peu timide. Un homme toujours très affable, prêt à te faire immédiatement sentir à ton aise. L’humilité et la douceur d’un saint.
Je me suis donc sentie privilégiée d’avoir eu plusieurs occasions de rencontrer notre Benoît XVI. Je sais bien que, maintenant qu’il est pape, ce sera un peu plus difficile, mais je me sentirai toujours proche de lui par la prière.
Quand je l’ai vu apparaître à la grande loge de Saint-Pierre, avec ces bras grands ouverts et ce sourire presque illuminé par Dieu, je me suis sentie protégée comme chrétienne et comme catholique par le choix que les cardinaux électeurs avaient fait. [..] J’espère et je prie le Seigneur qu’il me donne la grâce de pouvoir assister un jour à la béatification de Jean-Paul II célébrée par Benoît XVI.
Comme catholique, lors des jours de deuil et d’attente du conclave, je me disais au fond de moi que j’accepterai et aimerai le Pape qui qu’il soit. Mais dans mes invocations à l’Esprit Saint, je portais dans mon cœur un désir bien humain, j’avais un candidat favori.
Quand, l’autre soir, ce souhait s’est avéré exaucé, j’étais littéralement folle de joie, ; j’ai exulté, m’unissant au chœur des jeunes, applaudissant, et m’agenouillant pour recevoir la bénédiction du nouveau Souverain Pontife.
Retournant chez moi ce soir-là, je reçus un SMS de la directrice du musée Borghese, qui m’écrivait ainsi : « Le Pape Borghese fut lui aussi élu une année se terminant par un 5, en 1605. Pas en Avril, mais en mai, quatre cents ans auparavant »