Vous êtes ici: Articles

L'hommage de Nicolas Bonnal sur "Liberté Politique" (18/8/2008)

J'ai dit qu'en écoutant Benoît XVI, j'avais ressenti de la fierté, comme catholique, d'avoir un tel chef.
Comme le dit Nicolas Bonnal:
"...pendant très longtemps les catholiques ont été victimes d’un mépris intellectuel incroyable : on dit les « les cathos », les « ravis de la crèche », les imbéciles heureux en pensant à eux. Depuis le mal-nommé siècle des Lumières, l’infâme catholicisme est synonyme d’obscurité et de stupidité. ...Avec Benoît XVI, nous avons obtenu réparation. Il a restauré nos cerveaux. "

Je me réjouis donc de reproduire cet article: http://www.libertepolitique.com/...

Il complète les deux autres magnifiques portraits écrits par Chantal Delsol, et l'Abbé Laguérie.

De la supériorité intellectuelle de Benoît XVI
Nicolas Bonnal
------------------
J’ai pleuré en lisant certains des textes de Benoît XVI en France.
L’éblouissante supériorité intellectuelle du pape ne fait plus aucun doute, et elle est bien au-dessus des limites des théologiens moyens du siècle passé. Elle est une chance inouïe pour le catholicisme que l’on voit à nouveau dynamique et conquérant. Comme au temps des dominicains ou des jésuites, les catholiques vont avoir un ascendant intellectuel sur la concurrence, si j’ose dire ; et même en des temps médiatiques imbéciles, c’est un atout fondamental. Jésus enfant ne commence-t-il pas à en remontrer aux scribes dans le Temple ?

Benoît XVI incarne la réconciliation de la raison et de la lumière divine, de ce que saint Bernard appelait le Logos.
La rage frustrée de certains doit éclater en ce moment en même temps que leur désespoir existentiel.
Car le message du pape irradie comme un phare dans la nuit obscure : en rendant hommage à l’herméneutique sacrée, il ne cherche pas à diviser juifs, musulmans, bouddhistes ou païens, il cherche à éclairer jusqu’aux athées et aux fameux agnostiques. Et il recommande même aux apprentis-sorciers de la science et de la terre profanées ce que devrait être leur voie : la recherche de Dieu, plutôt que celle du meilleur rendement ou du clone en pièces détachées.

Il me paraît important que ce pape soit un Allemand : les Allemands ont été les plus grands philosophes de l’Europe, entre autres grandes qualités, et à ce titre ils ont commis les plus grands péchés contre la foi chrétienne, sans doute après Leibnitz. Kant, Hegel, Nietzsche, Schopenhauer et bien sûr Marx, ont été des ennemis presque irréels du christianisme. Il a fallut la grande voix du paysan souabe Heidegger pour se rendre compte de l’oubli de l’Être, même s’il se refusait à se régénérer dans les eaux de son baptême.

Avec son génie germanique, mais aussi avec une clarté toute latine, presque française, Benoît XVI, fils de notre bien-aimée Bavière, terre des bières et du travail bien fait, illustre le retour aux sources intellectuelles du grand christianisme.

Car pendant très longtemps les catholiques ont été victimes d’un mépris intellectuel incroyable : on dit les « les cathos », les « ravis de la crèche », les imbéciles heureux en pensant à eux. Depuis le mal-nommé siècle des Lumières, l’infâme catholicisme est synonyme d’obscurité et de stupidité. La science et la technique marchaient avec le progrès, et l’on voit d’ailleurs où elles nous ont mené, sur le plan écologique, esthétique ou cognitif (comparons Bossuet à Angot pour voir). L’Église en échange, se voyait chargée de tous les maux, en dépit du fait qu’elle exerça le magistère durant un millénaire et demi, qu’elle inventa la musique et recouvrit la terre d’Europe d’un blanc manteau d’églises, comme disait Raoul Glaber. Mais, complexée par les succès scientifiques ou politiques du modernisme, son clergé avait peut-être fini par croire qu’elle n’était plus au niveau. Avec Benoît XVI, nous avons obtenu réparation. Il a restauré nos cerveaux. Le mens est au niveau de l’anima.

Dans son discours prononcé aux Bernardins, j’ai été surpris par l’audace impromptue de son propos : il s’est réclamé du monachisme le plus absolu, de la tradition pythagoricienne de la musique (la musique des sphères), du lien sacré entre la musique et l’architecture, qui, disait Goethe, est de la musique solidifiée. Sur ces points je renverrai le lecteur à l’œuvre sans égale du musicologue suisse Marcus Schneider. La référence du pape au chapiteau de Cluny m’a bouleversé, d’autant que l’ancien portier de la Grande-Chartreuse m’avait éclairé à ce sujet : il m’évoquait la synarchie musicale, l’ennéacorde masculin et grave, ou aigu et féminin, et les correspondances architectoniques et musicales entre le ionien et le dorique.

L’extraordinaire discours des Bernardins rend aussi un hommage appuyé aux moines, et par une subtilité dont le pape a le secret, à l’exemplaire rabbinisme traditionnel. Les moines sont à la fois manuels et intellectuels, comme saint Paul fabricant de tentes. C’est eux qui de ce fait ont pu sauver l’héritage intellectuel de l’Antiquité (Joyce, catholique apostat, a écrit des pages admirables sur le rôle missionnaire des moines irlandais durant le haut Moyen Âge) tout en créant l’architecture, la musique et même la gastronomie européenne : que de chartreuses, d’élixirs, de bières, de fromages n’ont-ils pas inventés au cours de leur épopée médiévale ! Eux, les ascètes, ont développé le goût.

Chesterton prophétisait un retour du Quichotte. Mais avec Benoît XVI, nous avons droit à un retour de saint Thomas d’Aquin. Les pères de l’Église sont revenus, studieux, pour nous éclairer. Et je ne vois pas la mitraille de l’inculture et de la dérision contemporaine l’arrêter comme cela.
-----------------


Nicolas Bonnal écrit:
La rage frustrée de certains doit éclater en ce moment en même temps que leur désespoir existentiel.

Est-ce ainsi qu'il faut lire ce texte laborieux de l'insupportable Alain Duhamel, dinosaure de l'information en passe d'être dévoré par de jeunes loups , et dont on se demande si ses analyses (qui se sont presque toujours révélées fausses à la lumière des faits) sont encore lues par qui que ce soit.

Il écrit aujourd'hui un article dans Libération, intitulé, par dérision affichée "Benoît XVI, un pape providentiel" (http://www.liberation.fr/rebonds/352601.FR.php ).
Providentiel, car selon le Mathusalem-commentateur (depuis le temps qu'il sévit partout, il doit être très vieux!):

"... avec Benoît XVI, les laïcs ont le privilège d’avoir affaire à un pape providentiel, à un pape idéal pour les non-catholiques.
...
Joseph Ratzinger incarne en effet une idéologie du repli, une démarche défensive, un pontificat nostalgique et suranné. Jean-Paul II allait de l’avant, Benoît XVI bat en retraite.
...
Benoît XVI est un pape qui ne s’adresse qu’aux catholiques et qui, pire encore, personnifie un catholicisme du XIXe siècle, un catholicisme du souvenir et de la mémoire, un catholicisme sépia.
....
Nulle part ailleurs, la pratique religieuse catholique n’est tombée aussi bas. Nulle part ailleurs, les mariages religieux, les baptêmes, les confirmations, les catéchumènes ne sont devenus aussi rares.
Pourquoi le camp laïc s’indigne-t-il ?
Il a gagné la partie et il ne le sait même pas. Peut-être parce qu’il est aussi archaïque que le pape."


Alain Duhamel pratique-t'il la méthode Coué? Ou serait-il simplement inquiet?
En tout cas, il n'a rien compris. Il n'a pas compris que les gens en ont assez d'entendre des mensonges, et qu'ils sont heureux quand quelqu'un leur parle vrai, sans artifice de communication. Qu'ils sentent bien que le forfait "orange" et le CAC 40 ne remplissent pas une vie. Et que, tout abrutis qu'on essaie de les rendre avec le foot, la télé-réalité, et leur pouvoir d'achat, confusément, peut-être, ils aspirent à quelque chose d'autre, de plus grand, dont le Pape leur a apporté une bouffée purifiante..
Il est d'ailleurs trop facile de lui retourner le compliment.
Avec lui, les réacs ont le privilège d'avoir affaire à un chroniqueur providentiel, un chroniqueur idéal pour les conservateurs.
Il incarne à merveille l'idéologie post-68, dont le malheureux n'est pas encore revenu. Il personnifie une idéologie qui est celle du XX-ème siècle défunt, et ce n'est pas à lui que je vais apprendre qu'en ces temps où tout va si vite, cette idéologie-là, au ras du sol, date déjà terriblement.