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... du 11 au 13 septembre. Récit (17/9/2008)

A venir:
- Une revue de la presse "papier": j'ai acheté tous les journaux, et je ferai dès que je peux une revue des gros titres
- Deux courtes mais très jolies séquences video tournées par ma fille.
etc...

Les photos qui illustrent ce récit sont ici: Mes photos .

J'étais à Paris

BENOÎT XVI EN FRANCE
(http://pagesperso-orange.fr/proliturgia/Informations.htm )
Un pape distant? Un pape peu communicatif? Un pape refermé sur ses certitudes? Un pape auquel il manque le charisme de Jean-Paul II? Que n'a-t-on entendu ces rengaines dont le but était de formater les esprits! Et pourtant la foule est là, nombreuse, pour accueillir et acclamer le Succeseur de Pierre, pour entendre son message. Dès maintenant, ce voyage pontifical peut être considéré comme un incontestable succès. Les églises sont vides, mais les fidèles se pressent sur le chemin qu'emprunte le Vicaire du Christ...
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Tel est le résumé impeccable du site Pro Liturgia pour ces quatre journées inoubliables.
Je les ai vécues en quelque sorte physiquement, puisque je me suis rendue à Paris, entre jeudi et dimanche, pour suivre et accompagner le Saint-Père.
Pour le moment, je n'ai pas eu vraiment le temps de me plonger dans les discours, ayant seulement entendu, grâce à la sonorisation des écrans géants sur les quais de la Seine, celui des Bernardins (qui requiert évidemment plus de concentration pour être assimilé en profondeur, même si l'écouter dans la foule était déjà extraordinaire), et l'homélie des vêpres , puis l'homélie de la messe du lendemain.
(Note: au moment où je termine ce récit, le Saint-Père en personne, lors de l'audience générale du mercredi, résume pour nous le discours des Bernardins, ce qui vaut mieux que tous les commentaires, à suivre).

De toutes façons, tous ces discours sont disponibles sur le site du Vatican, j'aurai tout le temps de les lire à tête reposée, et d'autres, plus savants que moi, les auront déjà commentés.
Mon vrai regret est de n'avoir pu suivre ni directement, ni par le canal de la télévision, le pélerinage à Lourdes. Entre les cours reportés la semaine dernière, et à assurer maintenant, et le travail en retard, je me suis retrouvée totalement prise de court, pour ne pas dire débordée, et après avoir vécu des moments aussi intenses, j'ai du mal à redescendre sur terre - ou, plus prosaïquement, à reprendre mon rythme...

Jeudi soir:
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Cela fait drôle de voir la foule du métro parisien déambuler en tenant à la main un journal reproduisant sur sa couverture, en pleine page, une superbe photo en couleurs de Benoît XVI. Des milliers de Benoîts souriants, en train de nous bénir, avec ce titre "Quatre jours en France". J'ai dû me frotter les yeux pour m'assurer que je ne rêvais pas.
Il s'agissait du journal gratuit "Direct Soir" (lire ici: directsoir.pdf [284 KB] ).
A l'intérieur, sur deux pages entières, un magnifique article intitulé "La foi et la raison", que n'aurait pas renié un Andrea Tornielli, ou un Sandro Magister, et une annonce pour le hors-série du Figaro sur Lourdes.
Bref, la divine surprise. Dans les "gratuits" (souvent affligeants, ce qui rend la surprise ici d'autant plus intense) les articles ne sont pas signés, mais sortent de la plume de journalistes travaillant ailleurs: qui que ce soit qui ait écrit celui-là, qu'il soit remercié.

Vendredi:
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A 14 heures, nous nous retrouvons sur l'Esplanade des Invalides où les préparatifs vont bon train. Le ciel est beau (pour l'oeil d'un artiste) mais menaçant, il y a du vent, et il fait très frais. Beaucoup de badauds, parmi lesquels de nombreux étrangers, regardent avec sympathie les "volontaires" qui s'activent pour mettre en place la logistique.
Puis nous flânons avec plaisir le long de la Seine (ma promenade préférée), nous arrêtant devant les bouquinistes - qui ressemblent de plus en plus, hélas, à des marchands de souvenir...

Juste avant 16 heures, nous nous retrouvons Place Saint-Michel. Au-delà, le quai Saint-Michel est bloqué par des barrières, et une foule nombreuse attend déjà. A 16 heures précises, les forces de l'ordre ouvrent les barrières, et la foule s'engoufre. Des bénévoles distribuent un "kit" contenant un petit drapeau aux couleurs du Vatican, un "poncho" en plastique destiné à protéger les pélerins de la pluie (nous n'en aurons pas besoin), et un un très beau livret édité sur papier bible par la revue "Magnificat" contenant le "missel" des célébrations liturgiques qui seront présidées par le Saint-Père.
La foule est très dense. Après réflexion, nous nous installons quai de Montebello, en face de Notre-Dame (le parvis de Notre-Dame n'est pas accessible aux pélerins "ordinaires"), où il n'y a pas encore trop de monde. Nous sommes derrière les barrières, mais au second rang, très bien placés, donc.

Il n'y a plus qu'à attendre. La foule est très hétéroclite, tant par l'âge que par l'origine sociale, il me semble, très bruyante, aussi. Beaucoup de jeunes, de scouts. De notre place, nous ne pouvons voir aucun des trop rares écrans géants, qui ont été dispersés le long de la Seine, mais quand la voix du Saint-Père, depuis le couvent des Bernardins, s'élève, un silence stupéfiant s'installe.
Dernières minutes d'attente. L'arrivée de la Papamobile est précédée d'un grondement énorme, les drapeaux s'agitent.
Devant moi, un gendarme, en gants blancs, se met au garde-à-vous. C'est très impressionnant.
J'ai juste le temps de prendre deux photos, sur la seconde, on ne le voit même pas. A côté de moi, Anne-Claire a pu filmer une brève mais très jolie séquence (à venir).

Nous décidons de nous déplacer devant un écran géant, pour suivre les vêpres. L'ambience est recueillie, fervente, même. Les gens suivent les chants et les prières en latin et en français, Ave Maris Stella, le Magnificat, le Pater Noster, bien sûr, et le majestueux Te Deum de la procession finale. Nouveau moment de grande concentration avec l'homélie.
Le Saint-Père donne la bénédiction finale, tout le monde fait le signe de la Croix, près de moi, un monsieur distingué s'agenouille et se signe avec une ferveur qui m'impressionne.

Le soir, vers 22h30, nous nous retouvons à nouveau sur l'Esplanade des Invalides: malgré le froid, d'innombrables fidèles s'installent déjà pour passer la nuit. Nous échangeons quelques mots sympathiques - et d'encouragement- avec une petite famille qui étend sur la pelouse humide une couverture pour installer les deux enfants.

Samedi matin:
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Il fait un vrai temps de Benoît, c'est-à-dire que le ciel est d'un bleu limpide. Les prévisions météorologiques catastrophiques assénées depuis le début de la semaine par tous les medias -radio, internet, télé- sont démenties.

A 7h30, le taxi nous dépose en bas de l'Avenue Winston Churchill, devant le Grand Palais, juste en face du pont Alexandre III.
Un fleuve humain continu, souvent sac au dos, converge vers l'Esplanade.
Le Pont Alexandre III est fermé (l'accès est réservé il me semble aux innombrables prêtres en chasuble blanche qui vont concélébrer avec le Saint-Père), nous sommes dirigés vers le pont des Invalides, un peu plus en aval.
L'Esplanade est déjà noire de monde. En réalité, je n'ai jamais vu de ma vie une foule aussi gigantesque - et aussi joyeuse.
Les organisateurs ont parlé de 260.000 personnes... peut-être, mais sur place, les policiers en ont évoqué 500.000 devant nous. D'ailleurs, l'accès à l'Esplanade sera bloqué un peu plus tard, faute de place.
Cette foule joyeuse, pacifique et disciplinée, encadrée par des bénévoles en tous points admirables, est également très jeune. Il y a beaucoup de familles avec de jeunes enfants, et même des bébés en poussette. L'image de la "grenouille de bénitier" âgée, si prisée par les laïcards, en prend un bon coup!
Et cette foule est pacifique. Au fur et à mesure, elle débarrasse les déchets que d'immenses rassemblements de ce type suscitent immanquablement. A un certain moment, une provocatrice brandit devant nous une pancarte où il y a écrit "Mieux vaut un athée qui réfléchit qu'un croyant conforme" (ce qui ne veut pas dire grand chose): elle ne recueille qu'indifférence.
Dans "La Croix", un des envoyés spéciaux a cru bon de noter que cette foule "venant des quartiers ouest de Paris", était composée de gens aisés, y voyant une preuve que l'Eglise échouait à évangéliser les "pauvres". Remarque idéologique déplacée. J'ignore d'où venaient ces gens. Ils étaient "bien". Et tout ce que je sais, c'est que l'Eglise qui était présente ce jour-là ne rejette personne, et que ces gens m'ont rendue fière d'être catholique, pour une fois! Les mêmes, d'ailleurs, qui déplorent l'absence de l'Eglise dans les "quartiers", sont les premiers à jeter sur la piété populaire, celle des gens simples, qui se manifeste par exemple dans la vénération à Padre Pio, un regard condescendant, et même ironique.

9h30: la papamobile arrive sur l'Esplanade. Je ne l'aperçois que de très loin. Mais peu importe.
A ce moment, il se passe quelque chose de vraiment extraordinaire: la foule se dresse comme un seul corps, et tout le monde, jeunes et vieux, brandit le petit drapeau jaune et blanc aux armes du Vatican qui avait été distribué. Je dis "tout le monde", y compris des gens qui ont tendance à jeter sur tout et tous un regard blasé (j'en connais!). Ceux qui m'objecteront qu'il s'agissait d'une opération de pub bien montée... je leur dis qu'ils se trompent. C'était un moment de ferveur collective très fort, et même bouleversant.
Je ne sais plus vraiment si les gens ont crié, j'ai juste devant les yeux cette mer de drapeaux qui évoquait un champ de fleurs au Printemps.

Après, il y a la messe, l'homélie (je n'ai pas besoin de dire combien elle était belle), dans une ambiance à la fois recueillie et joyeuse. Nous sommes malheureusement trop loin des écrans géants pour voir nettement ce qui se passe sur le podium dressé devant l'hôtel des Invalides, à l'autre bout de l'esplanade.
Dans le "carré" devant nous, il y a un groupe d'une vingtaine (?) de petits scouts, des enfants de moins de 10 ans, sans doute, encadrés par des plus grands, et des adultes. Avant le début de la messe, ils jouaient entre eux "comme des jeunes chats" m'a dit mon mari. Pendant toute la durée de la messe (plus de 2 heures!) ils se sont tenus parfaitement tranquilles et sages. Et quand ils reçoivent la communion, ils s'agenouillent.
Tout le reste, on a pu le voir à la télévision.

Samedi après-midi:
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Grâce à Anne-Claire, qui avait garé sa voiture dans les parages, nous nous retrouvons vers 15h avenue du Président Wilson, devant la nonciature, où le Pape a passé la nuit. Il va partir.
Une petite foule (qui ne cesse de grandir) s'est rassemblée derrière des barrières de sécurité installées sur le trottoir opposé.
J'écoute les conversations autour de moi. Des gens déplorent qu'à la cérémonie d'accueil, à Orly, aucun des prélats français présents n'ait cru bon de baiser l'anneau papal. D'autres s'émerveillent que "le Pape de 80 ans" porte aussi bien son âge, et déploie une activité qui pourrait faire honte à des gens bien plus jeunes.
C'est joyeux et sympathique; des jeunes, grimpés sur un muret, scandent gentiment "Benoît, montre-toi".
Vers 16h30, grosse animation, ballet de voitures, des visages connus, Mgr Vingt-Trois, Padre Georg, le Père Lombardi, et l'habituel "ange gardien" du saint-Père, Gianni.
Vers 17h, enfin, il sort dans la cour devant la nonciature, et après avoir fait très gentiment une photo de groupe (avec des membres des forces de l'ordre?) il fait quelques pas à l'extérieur, et nous bénit, sous les acclamations, blanche petite silhouette lumineuse.
Après, il monte en voiture, passe devant nous (les vitres sont teintées)... et c'est fini.
Là encore, Anne-Claire a pu obtenir un beau petit film (à venir...)

Un mot, pour conclure. Dans tous les endroits où je l'ai vu - à Rome, à Lorenzago, à Bressanone - il a amené la joie et la bonne humeur.
C'est un fait objectif, que j'ai déjà souligné.
Cette fois, les policiers qui contrôlaient les barrières de sécurité, nous libérent le passage en plaisantant amicalement. Je n'avais franchement jamais vu dans d'autres circonstances un policier plaisanter durant son service. Petit miracle de Benoît, en somme, "le Pape de la joie".