Aujourd'hui, Benoît XVI a procédé à la canonisation du premier Saint né au Brésil, lors d'une messe solennelle célébrée à Sao Polo sur un terrain militaire, devant 1 million de personnes, et avec une grande ferveur.
Voir ici: Photos du troisième jour
Il va être sûrement beaucoup question dans les deux jours suivants de la relation du théologien Ratzinger avec la 'Théologie de la Libération'.
John Allen nous offre son analyse, en mettant en perspective l'évènement d'aujourd'hui, et les rencontres ultérieures avec l'épiscopat sud-américain.
Catherine a traduit pour moi l'article.
Titre original: Benedict holds up a model of authentic liberation theology

Voir ici: http://ncrcafe.org/

Benoit XVI met en avant un modèle d’authentique théologie de la libération.
11 mai

Benoit XVI a canonisé le premier saint né au Brésil, un franciscain du XVIIIème siècle appelé ‘Frei Antonio de Sant’Ana Galvao’, connu sous le nom de ‘Frei Galvao ‘, dont le pape a fait l’éloge comme un modèle de dévotion eucharistique, de sacrifice sacerdotal, et de service charitable de son prochain.

Bien que Benoit XVI ne l’ait pas exprimé ainsi, ‘Frei Galvao’ est une icône de ce que le pape considère comme une authentique forme de théologie de la libération : Quelqu’un qui met Dieu et la vie spirituelle au centre, le souci charitable de son prochain en second, et seulement après en tire les conséquences pour un ordre social juste.

Dans ce sens, Benoit XVI montre ‘Frei Galvao’ comme une illustration de ce qu’il considère comme une vérité profonde : Qu’aucun programme d’engagement social ou d’action politique n’apportera jamais de justice et de paix durable, s’il n’est pas enraciné dans la pleine vérité de la personne humaine exprimée en Jésus Christ.

Pour souligner ce point, le pape s’est cité lui-même, en faisant référence à son homélie de Cologne durant son premier déplacement à l’étranger : « Seulement des saints, seulement de Dieu vient la vraie révolution, la façon définitive de changer le monde ». Il a appelé les saints de notre époque « les vrais réformateurs ».

« Uni avec le Seigneur dans la communion suprême de l’Eucharistie et réconcilié avec lui et notre voisin, nous deviendrons les porteurs de cette paix que le monde ne peut pas donner » a dit Benoit XVI dans son homélie de la messe de canonisation au ‘Campo de Marte’ de Sao Paulo, devant une foule de centaines de milliers de personnes.

« Comment les hommes et les femmes de ce monde seront-ils capables de trouver la paix s’il n’ont pas conscience de la nécessité de se réconcilier avec Dieu, avec leur voisin et avec eux même ?» a demandé le pape. «L’action de l’Eglise et des chrétiens doit avoir cette même inspiration. » En continuant avec cet élan pastoral sur les principes fondamentaux catholiques, le pape a recommandé aux brésiliens de renouveler leur dévotion à Marie, leur attachement à la messe, à l’importance du mariage, et à la prise de conscience du besoin de confesser ses péchés.

Benoit XVI a souligné le sens du péché de Galvao, citant une phrase de la formule prononcée lors de la consécration sacerdotale de ce dernier : « Prends ma vie plutôt que je n’offense ton fils bien-aimé, Seigneur ». Il a ajouté que c’étaient des mots forts qui devaient faire partie de la vie spirituelle de chaque chrétien.

Le pape a incité les brésiliens à s’opposer à certains média qui ridiculisent la sainteté du mariage et la chasteté avant le mariage.

Dans une culture catholique largement influencée par les mouvements charismatiques et les courants progressistes de l’Eglise, où l’observation des rites liturgiques n’a jamais été une priorité phare, Benoit XVI a ajouté que les chrétiens doivent apprendre des prêtres, inspirés par Galvao, par la manière exemplaire avec laquelle ils célèbrent la liturgie.[..]

Il est intéressant de noter, que dans ses références à Galvao, Benoit XVI n’a jamais mentionné ce qui pour beaucoup de brésilien est l’aspect le plus important de sa dévotion : les pilules en papier qu’il demandait à ses fidèles d’avaler en récitant une prière à la vierge Marie, dans l’espoir de miracles. Le miracle qui a ouvert la voie pour sa canonisation, par exemple, concernait une femme qu’un problème à l’utérus empêchait de porter un enfant, qui est devenue enceinte après l’ingestion d’une des ses pilules et a pu donner naissance à un fils en bonne santé.

La réticence de Benoit XVI peut refléter le fait que bien qu’il ait un profond respect pour la religiosité populaire, elle n’est pas au cœur de la spiritualité de ce pape intellectuel et réservé.