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 BRÉSIL 2007
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LES ENJEUX DU VOYAGE AU BRÉSIL
 

L'article de John Allen est une bonne introduction à la compréhension des enjeux du voyage du Saint-Père pour nous européens.
L'Amérique Latine, encore très largement catholique, aborde avec peu de retard la crise du sécularisme qui a atteint un point crucial dans le monde occidental, et particulièrement en Europe (encore plus particulièrement en France!!). A ce phénomène mondial, hélas, s'ajoute une floraison inquiétante de nouvelles communautés ecclésiales (mouvement évangélistes et pentecôtistes), et les séquelles marxisantes de l'histoire récente avec la théologie de la libération (voir ici: Le théologien: marxisme) contre laquelle le cardinal Ratzinger a ferraillé dans les années 80-90.
John Allen permet aux béotiens comme moi une première approche, à travers les propos d'un cardinal américain très impliqué dans les relations avec l'Eglise d'Amérique latine
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McCarrick: Le pape va faire un tabac au Brésil

Article original en anglais ici: Site National Catholic reporter
(23 avril 2007)
J'ai rajouté des sous-titres, pour faciliter la lecture .


 

Les latins vont apprécier "la grâce de l'homme"

Le Cardinal Theodore McCarrick (ndt: archevêque émérite de Washington), un hispanophone distingué, qui entretient des liens étroits avec l'Eglise d'Amérique latine, croit que que le Pape Benoît XVI va faire un tabac ('will be a hit') durant son voyage au Brésil du 13 au 11 Mai pour la 5ème Conférence Générale des Evêques d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAM).
"Les latins vont être au comble de la joie devant l'humilité, et la grâce de l'homme", a dit McCarrick lors d'un entretien au collège nord-américain de Rome, le 21 avril. "Ils vont en être tellement amoureux ('enamored') qu'ils vont l'écouter, c'est du moins mon rêve".
McCarrick prédit que l'humilité de Benoît va offrir un contraste saisissant avec l'attitude vantarde et fanfaronne que les sud-américains associent souvent à l'image de leurs leaders politiques et économiques.

McCarrick qui a démissionné de sa fonction d'archevêque de Washington en Mai 2006, prédit également que les sud-américains vont découvrir un Pape qui connaît bien mieux leur situation locale qu'ils n'auraient pu l'espérer à partir de sa personnalité profondément et essentiellement européenne.
"Ils vont trouver qu'il les comprend mieux qu'ils ne le pensent", dit McCarrick. "Il seront étonnés de voir combien il les comprend".

McCarrick dit que l'expérience de Benoît, de rencontre avec les évêques et d'autres catholiques d'Amérique Latine, pendant presque un quart de siècle, alors qu'il était préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, jointe à sa capacité de lire et d'absorber des documents issues de différentes cultures dans leur langue d'origine, lui sera très utile.

"Il a étudié le monde avec beaucoup d'attention, durant ces 25 dernières années", dit McCarrick, et il est arrivé à son poste avec une grande préparation".

McCarrick dit qu'il pense que la première encyclique de Benoît, 'Deus Caritas est' incarne la bonne approche pour atteindre les sud-américains.
"Ici, c'est le pays de l'embrassade ('abrazo')", dit McCarrick. "Nous devons parler au coeur, et pas seulement à la tête. De ce point de vue, la dissertation du Pape sur l'amour humain, dans son encyclique, est une expression de "l'essence de la Chrétienté".

"Plus que pour n'importe quel autre endroit, 'Deus Caritas Est' est faite pour l'Amérique latine".

McCarrick qualifie de "grande grâce" la décision de Benoît XVI d'assister à la rencontre des évêques d'Amérique latine et des Caraïbes, et aussi de "signe de son amour, et de son souci pastoral pour l'Eglise de cette partie du monde".


Une tâche difficile

En même temps, McCarrick dit que la tâche que va devoir affronter le Pape au Brésil n'est "pas simple".

L'occasion de ce voyage est la 5ème Conférence Générale du CELAM, la conférence épiscopale du continent sud-américain, qui rassemble tous les évêques de la région. McCarrick décrit cette réunion comme un moment crucial pour ce corps.
"Ce qui est en jeu, est l'avenir du CELAM, en tant qu'instrument de croissance et de développement de l'Eglise d'Amérique Latine", dit-il, expliquant qu'après les turbulences des 30 dernières années, en partie liées aux luttes autour de la théologie de la libération, "le CELAM se trouve confronté aujourd'hui à une nouvelle série de défis".


Sécularisme, nouvelles églises, dictatures...

D'abord, selon McCarrick, les évêques de la région se trouvent pour la première fois confrontés à "un sécularisme grandissant", un phénomène nouveau dans ce continent qui a été pendant des années massivement catholique, et qui, dans les dernières décennies, a été témoin d'une croissance explosive de communautés Pentecotistes et Evangéliques

"Pour la première fois, des gens en Amérique latine, se détournent en masse de la religion, ce qui est nouveau", dit McCarrick, ajoutant qu'il pense à certaines tendances législatives dans des pays d'Amérique latine.
Entre autres, McCarrick fait allusion à des mouvements récents au Mexique, en Colombie, au Salvador, et au Chili, pour desserrer les restrictions à l'avortement. Le même débat émerge au Brésil, où Benoît va se rendre.
En second lieu, McCarrick citait comme un defi au CELAM, l'émergence de ce qu'il nomme "nouvelles dictatures" en Amérique du Sud, cette fois issues de la gauche politique. Il dit avoir en tête Hugo Chavez, au Venezuela, et d'autres nouveaux leaders, liés à Chavez.
"Dans chaque cas, ces gouvernements ont des conséquences sur l'Eglise, ce que nous voyons de façon particulièrement claire au Venézuela. Comment le CELAM peut-il gérer cette situation?".


Union avec Rome

McCarrick dit qu'en mettant au point une stratégie pastorale, il est important que le CELAM dépasse ce qu'il décrit comme des mouvements d'opposition à Rome, où certaines critiques voient une nouvelle forme de théologie de la libération.
"Sans fidélité à la Chaire de Pierre, le CELAM ne pourra pas pas faire ce qu'il est capable de faire".

McCarrick se décrit comme un partisan du CELAM, à l'encontre de certains critiques qui soutiennent qu'un corps régional aussi important tend à submerger les initiatives individuelles d'évêques, ou celles des conférences épiscopales nationales. Mais, pour renforcer le CELAM, dit McCarrick, les évêques sud-américains ont besoin de renforcer leur relation avec Rome.

"Dans beaucoup d'occasions, il y a eu des malentendus, probablement des deux côtés", dit McCarrick. Il est important que nous parlions tous d'une seule voix, même si ce n'est pas dans la même langue. Ce dont nous avons besoin, c'est une seule voix, dans beaucoup de langues".


Rôle accru, et formation des laïcs

La perte de populations catholiques au profit de mouvements pentecôtistes, jointe à une sévère pénurie de prêtres, a conduit qulques évêques sud-américains, et des leaders eccésiastiques, à appeler à donner plus d'importance aux laïcs. McCarrick dit qu'il est d'accord, mais qu'une formation convenable des laïcs est très importante.

"Il faut qu'il y ait plus de participation, ce qui est l'accomplissement du voeu de Vatican II", dit-il. "La prière n'est pas écrite seulement pour les prêtres mais pour tout le monde.".

Cependant, McCarrick reconnaît: "c'est toujours un débat en Amérique latine, à cause de son histoire passée", faisant référence aux luttes sur le rôle des laïcs tel le concevait la théologie de la libération, particulièrement son plaidoyer en faveur de 'communautés de base' -petits groupes de catholiques qui se retrouvaient pour étudier la Bible, prier, et faire de l'action sociale. Certains critiques ont formulé l'accusation que ces communautés de base étaient considérées par les théologiens de la libération comme le noyau d'une "église d'en-bas" en opposition à la hiérarchie.

"Ces groupes n'avaient pas toujours la direction, l'encadrement et la formation nécessaires", dit McCarrick. "La formation doit être l'un des grands objectifs de tout mouvement visant à promouvoir la participation des laïcs dans la mission pastorale de l'Eglise", dit-il.


Un enjeu vital pour l'Amérique entière

En tant que catholique aux Etats-Unis, McCarrick dit qu'il se sent directement concerné par les vicissitudes de l'Eglise en Amérique latine.
"Nous serions stupides de penser autrement, tout comme l'Amérique serait stupide de ne pas travailler en permanence notre relation avec l'Amérique latine", dit-il. L'Amérique latine devrait être le premier de nos voisins. C'est juste à notre porte. Sur des sujets comme l'immigration et la coopération dans le développement économique, nous avons d'énormes intérêts communs".
"Comme catholiques, nous devons nous occuper des églises locales d'Amérique latine, parce que nous sommes conftrontés aux mêmes problèmes", dit-il.

Pour ce qu'il attend de la rencontre du CELAM, McCarrick cite une phrase du texte de la messe du Dimanche 22 avril, qui adresse une supplique à Dieu pour "une jeunesse renouvelée".
"C'est ce que je prie qu'il advienne", dit-il.


A propos de la canonisation de Frère Galvao | Ouverture du CELAM: synthèse de John Allen