Avec sa célérité habituelle, John Allen rend compte du discours adressé par le Pape à l'épiscopat brésilien.
Discours sévère, sans doute. On reconnaît le théologien "capable de dureté lorsqu'il s'agit de défendre le dépôt de la foi".
En fait, le Saint-Père n'y fait rien d'autre que reprendre les thèmes qui lui sont chers, notamment sur les dérives hédonistes de notre société -- qui d'autre que lui peut et doit en parler? Et déjà, en mai 2006, s'exprimant devant les membres du clergé polonais, à Varsovie, il les avait mis en garde contre les dangers de l'activisme politique, leur demandant en substance de n'être rien d'autre que des 'spécialistes de l'annonce du Christ'.

Article original en anglais ici: http://ncrcafe.org/ , ma traduction ici.
Discours du Saint-Père en français ici: Discours aux évêques (traduction de LA CROIX)

Le Pape rappelle les évêques à l'ordre
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Bien que Benoît XVI soit une personne trop délicate pour se livrer à l'exercice que les écrivains politiques appellent 'clouer au pilori' ('donner le fouet' est peut-être plus approprié pour traduire l'expression anglaise taking someone to the woodshed), son discours de cet après-midi devant 430 évêques brésiliens s'en rapprochait autant qu'il était possible.
Emballé dans la gratitude envers le service des évêques, et pour l'accueil qu'il avait reçu au Brésil, le message de Benoît n'en était pas moins un rappel à l'ordre sans ambiguïté. Il a commencé par une rélexion sur l'obéissance au Christ, et cela a donné le ton de ce qui allait suivre.

Le catholicisme brésilien est connu pour son engagement politique, mais Benoît rappela fermement aux évêques que le but ultime de l'Eglise doit rester "le salut des âmes individuelles". Il les pressa à observer 'une stricte vigilance", avertissant que "l'intégrité de la foi, de même que la discipline écclésastique est, et restera toujours le thème qui requiert l'attention et l'engagement de chacun de vous".
Benoît glissa des messages philosophiques, disciplinaires et en forme de programme pastoral dans un discours d'environ 4000 mots, prononcé en portugais dans la cathédrale da Sè de Sao Polo.

Au niveau philosophique, Benoît développa un argument qui traverse comme un leitmotiv tout son Pontificat, et qui constitue un élément important de son livre "Jésus de Nazareth": sans la pleine vérité sur Dieu et la vie humaine révélée par Jésus-Christ, aucun programme d'action sociale ne peut réussir.

"Partout où Dieu et son pouvoir sont inconnus, partout où la foi en Jésus-Christ et dans sa présence sacramentelle font défaut, l'élément essentiel pour trouver une solution aux problèmes sociaux et politiques urgents manque aussi", dit-il.

Pour cette raison, dit le Pape, il est important d'enseigner la foi "sans interprétations motivées par une idéologie rationaliste". Les évêques, dit-il, doivent faire attention à ce que cela n'arrive pas.

En termes de programmes pastoraux, Benoît a analysé le problème des défections catholiques au profit des églises pentecôtistes, qu'il a qualifié de "légitime inquiètude", comme le résultat d'un manque d'évangélisation et de cathéchèse qui placeraient "le Christ et son Eglise au centre de toute explication". Il a donc poussé à un programme urgent d'atteinte missionnaire, insistant "sur une adhésion personnelle et communautaire au Christ".

"En fait, l'intégrité de la foi de même que la discipline ecclésiale, est et doit toujours être le champ qui requiert de votre part une attention sans relâche.", dit le Pape.

En particulier, Benoît a poussé à de nouveaux efforts missionnaires en direction de la prériphérie des mégalopoles, comme des zones rurales.
" Les pauvres qui vivent dans les banlieues des villes ou les campagnes ont besoin de sentir que l’Église est proche d’eux, répondant à leurs besoins les plus urgents, défendant leurs droits et travaillant avec eux à bâtir une société fondée sur la justice et la paix", dit-il.

En ce qui concerne la rapide croissance des églises Pentecôtistes, Benoît a demandé aux évêques une approche "franche de l'oecuménisme", capable non seulement de dialogue, mais aussi de défendre la foi catholique.
Paraphrasant la fameuse "option pour les pauvres" de la Théologie de la libération, Benoît a dit "L’Évangile est adressé tout spécialement aux pauvres ".
Le Pape a également approuvé la croissance des mouvements laïcs qui ont un rôle à jouer en étendant le réseau de la sollicitude pastorale, à condition que ces groupes emboîtent le pas de leurs pasteurs et évêques.

Au niveau disciplinaire, Benoît a pressé les évêques d'observer une "vigilance stricte" sur un certain nombre de points:
- Défendre la vie contre les offenses "justifiées par la liberté individuelle".
- S'opposer au divorce et aux unions libres.
- Défendre le célibat des prêtres.
- Offrir aux catholiques une évangélisation et une cathéchèse approfondies, afin de les protéger "du prosélytisme agressif des sectes".
- S'assurer que la confession individuelle, de préférence aux absolutions collectives, reste la norme
- Restaurer le sens du sacré dans la liturgie, et s'assurer que les règles liturgiques sont respectées.
- S'assurer que la foi est transmise "sans vision réductrice, ou confusion au sujet de la mission de l'Eglise"
- Eviter "le risque de déviations dans le domaine de la sexualité" parmi les candidats à la prêtrise et à la vie religieuse.

Benoît conclut en disant que c'étaient là les points les plus importants "qui s’imposent à ma sollicitude de pasteur de l’Église universelle".