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LE VOYAGE DU SAINT-PÈRE AU BRÉSIL
 

L'analyse de Sandro Magister. A lire en même temps que celle de John Allen (Les enjeux du voyage au Brésil ).
On peut la trouver critique, et même injuste, puisqu'elle semble accréditer l'idée que Benoît XVI "néglige" un demi milliard de catholiques, les abandonnant aux mains des bureaucrates, en particulier de la Curie, et de la Conférence Episcopale d'Amérique Latine.
Mais évidemment il ne peut pas se perdre dans des problèmes d'intendance. Et le voyage prochain sera -est déjà- le meilleur des démentis.


 

Première visite de Benoît XVI en Amérique latine
Nombreux sont ceux qui s’attendent à ce que le pape parle enfin aux 500 millions de catholiques de ce continent, qui jusqu’à présent se sont sentis négligés par lui. Le deuxième temps du pontificat pourrait commencer à Aparecida

par Sandro Magister (26 avril)

Article en entier ici


 

Il s'agit des passages les moins 'techniques'.
Les sous-titres (rajoutés par moi) sont destinés à faciliter la lecture.


Les initiatives de Benoît

A São Paulo et dans le sanctuaire de l’Aparecida, sur le tropique du Capricorne, c’est l’automne et les températures sont douces. Mais, pour Benoît XVI, son prochain voyage dans cette région, du 9 au 14 mai, constituera une épreuve du feu.

En deux ans de pontificat, ni le Brésil ni l’Amérique latine ne sont jamais apparues comme étant au centre de ses préoccupations, bien qu’y vivent 500 millions de catholiques, presque la moitié du milliard et cent millions de catholiques que compte la planète.

Des éclairs de passions pour ce continent, Joseph Ratzinger en avait fait briller dans les premiers mois après son élection.

C’est lui qui avait fixé, le 7 juillet 2005, le thème de la conférence générale des évêques d’Amérique latine et des Caraïbes: "Disciples et missionnaires de Jésus Christ". C’était la cinquième après celles de Rio de Janeiro en 1955, de Medellín en 1968, de Puebla en 1979 et de Saint-Domingue en 1992:

C’est lui qui avait voulu que l’autre phrase du titre: "Pour que tous aient la vie" finisse en précisant "en Lui". Il avait aussi voulu qu’y soit ajoutée l’affirmation de Jésus lui-même: "Je suis le chemin, la vérité, la vie".

C’est lui qui avait choisi la date et le lieu. En octobre 2005, pendant le synode des évêques, rencontrant quelques cardinaux sud-américains, il leur avait demandé à brûle-pourpoint quel était le sanctuaire marial le plus fréquenté du Brésil. "Aparecida", avaient-ils répondu. Et le pape de reprendre: "C’est là que vous vous réunirez. En mai 2007. Et j’y serai".


La curie et le CELAM prennent le relai

Par la suite, cependant, il a entièrement délégué à d’autres la phase préparatoire: à la curie, au cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la congrégation pour les évêques et président de la commission pontificale pour l’Amérique latine, et, outre-Atlantique, au cardinal Francisco Javier Errázuriz Ossa, archevêque de Santiago du Chili et actuel président du CELAM, le conseil épiscopal latino-américain.


Un clergé latino-américain défaillant

[..] le pape a fait venir au Vatican, en octobre dernier, l’archevêque de São Paulo, le cardinal Cláudio Hummes, comme préfet de la congrégation pour le clergé. Mais sans effet visible jusqu’à présent.

Le cardinal Hummes sait par expérience personnelle que le clergé est l’un des points sensibles de l’Eglise du continent. Sauf au Mexique, en Colombie, au Chili et en Argentine, dans tous les pays les prêtres indigènes sont très peu nombreux, un pour quinze mille baptisés, c’est-à-dire, proportionnellement, dix fois moins qu’en Europe ou en Amérique du Nord où leur nombre a pourtant enregistré une forte baisse.

Très peu nombreux, les prêtres sont également mal formés. Dans les zones rurales et dans les Andes, le concubinage est monnaie courante. Dans beaucoup d’églises et de paroisses, la messe dominicale est rarement célébrée, et souvent de manière arbitraire: cela explique les faibles taux de participation régulière à la messe sur ce contient qui est pourtant si largement catholique.

Les séminaires sont également de qualité très variable. Là où les vocations sacerdotales se redressent – dans certains diocèses plus actifs ou dans certaines communautés charismatiques – la principale difficulté pour l’évêque ou pour le chef de la communauté consiste à trouver un séminaire fiable.


Le défi des gouvernements progressistes

Il y aurait pourtant d’importantes raisons pour que Aparecida entre dans l’histoire, comme ce fut le cas – pour d’autres motifs - de deux réunions continentales qui l’ont précédée: Medellín en Colombie, en 1968, et Puebla, au Mexique, en 1979.

Le discours prononcé par Jean-Paul II à Puebla a eu un fort impact puisqu’il a inauguré la bataille longue de dix ans que Rome a livrée et gagnée, avec l’apport inflexible de celui qui était alors le cardinal Ratzinger, contre l’utopie marxiste sous la forme de la théologie de la libération.

Depuis lors, cependant, beaucoup de choses ont changé. Lorsque Karol Wojtyla s’est rendu au Mexique en 1979 et au Brésil l’année suivante, plusieurs pays du continent étaient dirigés par des régimes réactionnaires et même sanguinaires. Aujourd’hui, pour l’Eglise, le défi est contraire et, par certains côtés, encore plus difficile.

Au Brésil, au Chili, en Uruguay, en Argentine, gouvernent les progressistes avec Lula, Michelle Bachelet, Vázquez, Kirchner, porteurs d’une vision laïque semblable à celle de l’hémisphère Nord sécularisé. Au Venezuela, en Bolivie, en Equateur, au Nicaragua, dominent le populisme des Chávez, Morales, Correa, Ortega.
Le marxisme cher à la théologie de la libération ne persiste plus qu’à Cuba. La religion des nouveaux régimes populistes est plutôt l’indigénisme, les mythes de l’Amérique préchrétienne.


Concurrence des Pentecôtistes

Mais un changement aussi fort est intervenu dans le domaine religieux. En 1980, lorsque Jean-Paul II s’est rendu pour la première fois au Brésil, les catholiques jouissaient d’un quasi monopole, puisqu’ils représentaient 89 pour cent de la population. Au recensement de l’an 2000, ils étaient descendus à 74 pour cent et aujourd’hui, à São Paulo, à Rio et dans les zones urbaines ils sont même en dessous de 60 pour cent.
Dans le même temps, ceux qui ont augmenté sont les sans-religions – de 1,6 pour cent en 1980 à 7,4 pour cent en l’an 2000 – mais surtout les protestants de tendance pentecôtiste. Ces derniers sont passés de 5 pour cent en 1980 à 15 pour cent et, dans les zones urbaines, ils dépassent les 20 pour cent.
...
Jean-Paul II, à Saint-Domingue, en 1992, avait traité de “loups rapaces“ les communautés pentecôtistes protestantes, qui sont en effet souvent agressives contre les symboles du catholicisme, de la Vierge jusqu’au pape.

Le cardinal Ratzinger avait lui aussi, lors d’une conférence, le 13 mai 2004, accusé les Etats-Unis de promouvoir “la protestantisation de l’Amérique latine et la dissolution de l’Eglise catholique“.

Cependant, le 17 février dernier, en tant que pape, il a plutôt appelé l’Eglise à s’interroger sur elle-même.

Si autant de fidèles l’abandonnent et se tournent vers les communautés pentecôtistes – un phénomène qui touche aussi, de façon massive, l’Afrique, l’Asie et l’Amérique du Nord – c’est parce qu’ils ont soif d’un Jésus vivant et vrai, que l’Eglise annonce trop timidement.
...
En définitive, selon Benoît XVI, pour l’Amérique latine aussi, la question essentielle est celle de Jésus. Qui sait comment, à São Paulo et à Aparecida, il saura enfin lui parler et la toucher au fond du cœur?


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