Vous vous trouvez ici: Tel qu'il est  

UN SAINT PRÊTRE, ET UN GENTILHOMME
 

C'est ainsi que le voit Georg Weigel, un des plus grands vaticanistes américains (HS de L'Avvenire).
C'est, résumé en trois mots, le plus beau et le plus juste des portraits.


 

Les gens le cherchent parce qu'ils ont faim de vérité

L'un des intellectuels américains les plus influents, déjà biographe de Jean-Paul II et à présent auteur d'un beau livre sur le "secret" du Pape Benoît : "Il n'y a plus de place pour les préjugés, désormais tout le monde sait que c'est un saint prêtre et un gentilhomme qui sait parler au coeur"
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"Senior fellow" de l'Ethics and Public Policy Center, biographe de Jean-Paul II, parmi les intellectuels catholiques les plus connus aux Etats Unis, George Weigel a récemment publié un vaste portrait de l'actuel souverain pontife, Benoît XVI, "Le choix de Dieu".
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Q: Professeur Weigel, chaque dimanche à l'Angelus, et chaque mercredi à l'audience générale, ce Pape qui était jugé par les organes de presse laïcs comme "conservateur" et "froid" attire au Vatican des dizaines de milliers de personnes. Un phénomène qui se répète de façon ininterrompue depuis presque deux ans. D'où provient une telle attirance auprès des "gens ordinaires" ?

R: "Des jugements tels que 'conservateur' et 'froid', étaient des stéréotypes des media. Quiconque connaissait le cardinal Ratzinger le savait, et maintenant tout le monde - ou plutôt ceux qui ont assisté aux audiences générales - sait qu'il s'agissait d'images de BD. Les gens vont à Rome pour être nourris, spirituellement et intellectuellement, par un des maîtres du christianisme. Les catéchèses du pape Benoît sont claires, serrées et parlent autant au coeur qu'à l'esprit. Telle est la raison pour laquelle les gens vont l'écouter : pour satisfaire leur faim de vérité ".
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Quel a été l'impact sur l'Église américaine de l'élection de Ratzinger comme Souverain Pontife, après un Pape aussi aimé que Jean-Paul II, y compris aux Etats-Unis?

"Il est peut-être encore un peu tôt pour une évaluation globale, dès lors que la couverture du Pape Benoît de la part des media américains a été plutôt faible. Je pense pourtant que ceux qui ont prêté attention à sa personnalité ont été impressionnés par la profondeur de ses enseignements et sa capacité de poser des questions importantes pour le monde, comme il l'a fait de façon brillante à Ratisbone. En même temps je pense que la plupart des catholiques pratiquants aux Etats-Unis attendent ce que nous pourrions appeler une vigoureuse 'reprise en main' vis-à-vis de l'Église américaine de la part du Pape Benoît. Il y a encore des choses qui ont besoin d'être clarifiées et il est l'unique personne à pouvoir le faire, en particulier en nommant des évêques courageux et vibrants dans l'apostolat ".
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Vous avez connu et interviewé Ratzinger lorsque il était cardinal et Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. En quoi son style ou son attitude depuis ce moment ont-ils changé?

"Je trouve que le Pape Benoît est le même homme que le cardinal Ratzinger que je connais depuis 1988 : fin, lucide, avec une grande capacité pour expliquer les aspects les plus complexes de la doctrine de l'Église en termes accessibles. Réservé, humble et de profonde piété. Un saint prêtre et un gentilhomme".
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Le nom de Ratzinger a été toujours associé à la défense de l'orthodoxie. Mais sa première encyclique a été dédiée à l'amour. Comment l'expliquer ? Et quelle impression vous a faite 'Deus caritas est' ?

...Si pour les media l'encyclique de Ratzinger a été une surprise, c'est parce que ces mêmes media prennent leur imagination pour la réalité, malheureusement. Dans l'encyclique, le terme d'eros complété par l'agape est très important, si l'on considére la crise à laquelle l'hédonisme a mené l'Occident. C'est pour cela qu'il est si important d'aborder l'impératif de la charité personnelle et de la solidarité envers les autres dans un monde occidental où la tentation est de faire de l'"outsourcing", c'est-à-dire déléguer ces responsabilités aux états ".
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Vous vous êtes beaucoup intéressé aux "pannes" culturelles et sociales du relativisme. Que pensez-vous des analyses que fait le pape de cette "maladie" de l'Occident?

"Son examen est très semblable à celui de philosophes non croyants comme - pour en citer un - Marcello Pera, qui a même écrit un livre en collaboration avec lui. Le relativisme moral nous déshumanise, il nous laisse comme désorientés et étourdis, ou bien - pour prendre une image du grand écrivain catholique américain Flannery O'Connor - il crée un monde de "poulets sans ailes". Une telle incapacité de dire 'ceci est vrai ou bien ceci est faux, un point c'est tout', est dangereuse, pas seulement pour nous comme individus et pour nos relations interpersonnelles mais aussi pour notre civilisation : comment défendrons-nous l'Occident face à un autre projet de civilisation ayant une idée claire de ce qui est vrai et ce qui est faux et un concept très différent de l'avenir de l'humanité, si ne savons pas dire, avec conviction, pourquoi nous croyons que notre conception de la loi, des droits de l'homme, de la civilisation et de la tolérance sont "vrais" ? Comment pourrons-nous le faire, je veux dire, si nous ne sommes pas persuadés qu'ils ne sont pas seulement "vrais pour nous" mais "vrais, un point c'est tout?".
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Vous avez intitulé votre livre sur le Pape Ratzinger "le choix de Dieu" : quel est le sens de cette expression ?

"Avec le choix de Dieu j'entends la conviction, réaffirmée par Jean Paul II dans l'encyclique Universi Dominici Gregis, que l'Esprit Saint est l'authentique protagoniste du Conclave.
En nous donnant ce Pape en cet instant de l'histoire, Dieu nous dit quelque chose : nous pouvons le comprendre dà partir des principaux discours et des documents du Pape Benoît. Dieu nous dit qu'une vie sans amour est humainement vide, que foi et raison doivent trouver un nouveau dialogue, que les catholiques devraient aider les musulmans à assimiler ce qu'il y a de bon il y a dans l'idéologie des lumières sans tomber dans le piège d'une rationalité amputée et dans le choc du post-modernisme. Comme son grand prédécesseur, Benoît XVI nous rappelle que, choisir Dieu, c'est choisir la vérité sur nous-mêmes, que le monde a été créé dans l'amour, que nous sommes destinés à l'amour, à un amour éternel qui est le seul à pouvoir satisfaire les replis les plus profonds du coeur humain.


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