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L'AMI PAPE
 

Témoignage des époux Richardi, ses chers amis de Pentling
Article dans le Hors-Série de l'Avvenire, pages 20 et suivantes.
«Ora il mondo lo conosce per come é sempre stato»

Ma traduction


 

Maintenant, le monde le connaît pour ce qu'il a toujours été
Ratisbonne, Gianni Santamaria
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Dans leur maison du petit village de Pentling les époux Richardi, les amis de toujours, conservent une photo très spéciale : Joseph Ratzinger qui joue sur le tapis du séjour avec un de leurs petits-fils. Reinhard était son collègue à l'université, sa femme travaille dans les centres de consultation familiale de la Caritas
"Papa Benedetto? Nous le connaissons bien: personne n'est plus modeste que lui."


 
 

Le 19 avril 2005, lorsque Joseph Ratzinger a été élu Pape, le juriste Reinhard Richardi était assis à son bureau, dans sa maison de Pentling, à quelques kilomètres de Ratisbonne. "Les cloches ont sonné, et je suis descendu. Jamais je n'aurais imaginé que cela arriverait, je pensais que son âge n'en faisait pas un candidat. Et pourtant...".
Herr Richardi et sa femme Margarete connaissent Ratzinger depuis plus de trente ans. Depuis, en fait, que ce prêtre encore jeune - depuis 1969 professeur à l'Université de Ratisbone - devint doyen de la Faculté de Théologie et se lia avec son collège de Jurisprudence, Richardi. C'était en 1973 et de là naquit une amitié qui dure encore. Tous les deux s'installèrent à Pentling. Lotissement résidentiel modeste, de petites maisons blanches aux toits pentus , au maximum deux étages, avec un jardin. Derrière la maison Ratzinger, entretenue par un voisin, un chat monte la garde. Mais il n'a pas besoin qu'on s'occupe de lui: il est en pierre. Les Richardi habitent à quelques centaines de mètres. Par la grande baie vitrée du salon, dans la petite villa plongée dans le calme, la lumière entre à flots. Sur le mur opposé il y a la bibliothèque. Surtout des ouvrages d'histoire et de théologie. Il y a aussi une ou deux photos qui représentent le couple avec un Pape, mais c'est Jean-Paul II. Une étagère est entièrement consacrée aux oeuvres de l'illustre ami. "Celui-ci, selon moi, est son meilleur", dit Richardi, en montrant un volume dont le titre est 'Eschatologie, mort, vie eternelle'.
Pour les époux Richardi, Ratzinger est une personne aux traits de caractère familiers. A présent, à deux ans de l'accession au trône de Pierre, le monde entier apprend à son tour à le connaître tel qu'il est. "Pour un regard extérieur, la charge est identifiée avec la personne. Un chercheur, pour qui ne le connaît pas vraiment, reste toujours un homme de science. Le Pape a été préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, donc le gardien de l'integrité de la doctrine. Maintenant qu'il est devenu Pape de l'Eglise universelle , on pourrait utiliser l'image de 'curé du monde'". Ceci nous aide "à découvrir en lui des traits nouveaux qui pourtant ont toujours été présents". On voit émerger, par exemple, sa discrétion naturelle et sa profonde humilité: "Je peux témoigner ne jamais avoir connu de ma vie une personne plus modeste, dans la conduite de vie comme dans les rapports avec les gens", rapporte le juriste, expert en Droit civil et du travail.
Dans le petit village Ratzinger s'est toujours intéressé aux personnes simples. Entre Noël et l'Epiphanie, il avait l'habitude de rendre visite aux Richardi. Et une fois que la dame était souffrante, à la place de l'habituel déjeuner, il se contenta d'une maigre chère à base de würstel réchauffés...
Même parmi ceux qui nourrissaient une prévention à l'encontre de leur ami très cher les Richardi remarquent un changement : "Il y a eu sûrement un tournant ici, en Allemagne. Ceux qui, dans le passé le critiquaient âprement à chaque occasion, ont maintenant cessé de le faire. Ils sont devenus comme muets. C'est vraiment une chose surprenante, mais qui dépend plus d'eux que du Pape... ".
Dans les journaux et dans les émissions de télévision, le professeur Richardi note un changement d'attitude plus général. On ne traite plus la religion comme quelque chose de contreignant, ainsi qu'il arrivait fréquemment, mais comme un espace de liberté.
Effet Ratzinger?
"Pour ceux qui prennent cette idée au sérieux, ceci implique qu'on soit en quête d'une idée claire de la foi. A l'inverse, à ceux qui ne croient pas, si tout leur semble possible, alors la foi n'est pas intéressante ", explique Richardi ...

Benoît XVI est sûrement "quelqu'un qui comprend l'esprit du temps, avec tous les problèmes qui en émergent. Mais comprendre cet esprit ne veut pas dire le suivre. Au contraire, si le cas se présente, il faut savoir s'opposer à lui. Au cours du XXème siècle par exemple, nous savons que ceux qui ont promis le ciel sur la terre ont en réalité réalisé l'enfer ". Le professeur ne pense pas seulement au nazisme. Richardi et Ratzinger - qui entre-temps était devenu vice-président de l'Université de Ratisbonne, dont il apparaît encore comme professeur honoraire - ont été témoins des périodes où l'université a été parcourue par un vent de rébellion.
Déjà avant cela - vers le milieu des années 60 - Ratzinger était capable de susciter de l'étonnement. Par exemple lorsque le cardinal Frings avait emmené au Concile le jeune et pas encore célèbre théologien. A ce moment, tout comme aujourd'hui - explique Richardi - Ratzinger savait interpréter les temps : "Parce que chaque époque a ses problèmes, et attend des réponses adéquates".


 

Chez les Richardi, Ratzinger n'est pas - et ne peut pas être - seulement "le Pape" : il a célébré avec eux les anniversaires de mariage, le mariage des deux filles de la famille et baptisé deux de leurs petits-enfants.
Orgueilleux comme tous les grands-parents, les époux Richardi ont des photos très spéciales à montrer. Un futur Pape agenouillé, les manches de sa veste noire retroussées, tandis qu'il joue par terre avec un petit enfant, le petit Sebastien. "Vous le reconnaissez? C'est notre tapis. Il était juste à cet endroit", dit la dame, qui, en fait de vie et d'enfants s'y connaît, pas seulement parce que sa maison en est remplie, mais aussi parce qu'elle aide les femmes en difficulté à faire naître les leurs (elle est en effet responsable pour la Bavière des centres de consultation familiale gérés par le SFK, le Service social des femmes catholiques, et par la Caritas).


 
 

"Il prend les enfants dans ses bras, s'approche d'eux. Et pas seulement : je suis frappée quand je vois comment, lors de la Messe, à Saint-Pierre, il accueille les handicapés et va à leur rencontre. Il accomplit sa mission avec un grand charisme. Déjà comme cardinal, et maintenant comme Pape - témoigne frau Richardi -, il suscite la sympathie même dans le monde féminin. Récemment, je me suis rendue à Rome avec mes collaboratrices et la présidence du SKF. Le Pape est venu à notre rencontre avec une grande cordialité. Elles en sont restées si enthousiastes que ce charme dure encore aujourd'hui ".

Depuis trente ans les deux époux, en octobre, laissent pour une semaine la petite maison de Pentling pour se rendre au coeur de la chrétienté. Cela fait maintenant longtemps que leurs trois enfants voyagent pour leur propre compte. Mais cette année le groupe se recomposera, cette fois-ci en juin, pour se rémémorer le premier voyage fait ensemble en 1977. Il y aura même les deux gendres et la belle-fille avec les six petits-enfants. "L'avion, c'est à moi de le payer...", se plaint en plaisantant monsieur Richardi.
Ce nest pas grave: à les attendre, il y aura sûrement l'ami Pape.


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