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LES CATÉCHÈSES DE BENOÎT XVI

Le Pape théologien, le Pape écrivain

Comme les homélies et discours prononcés lors des voyages apostoliques ( Des livres à savourer ) les cathéchèses du Saint-Père sont disponibles à plusieurs endroits sur Internet, notamment sur le site du Vatican.
Mais, je l'ai déjà dit, rien ne peut remplacer un livre.
Les éditions Bayard ont donc eu l'heureuse initiative de rassembler les cathéchèses du mercredi, du 15 mars 2006 au 14 février 2007, en un volume d'un prix très léger, intitulé "Les Apôtres et les premiers discipls du Christ", et sous-titré "Aux origines de l'Eglise": www.editions-bayard.com/


 
 

Il est préfacé par Mgr Carré, archevêque d'Albi, qui souligne ce qui est évident pour quelqu'un qui a eu la chance de suivre à la télévision la plupart de ces cathéchèses:


 

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Avec les premiers témoins, nous allons mieux comprendre qui est le Christ en percevant comment chacun l'a connu, l'a découvert, a vécu avec lui, l'a annoncé et en définitive a donné sa vie pour lui. Avec les Apôtres et les premiers disciples, c'est une rencontre personnelle du Christ que nous avons à vivre.
Le Pape nous présente de manière très simple et très profonde à la fois ces différents personnages. Il sait mettre en évidence tout ce que les textes du Nouveau Testament nous disent, et il reprend également certaines données de la Tradition qui développent notre connaissance de ces premiers témoins. Ils nous deviennent proches et nous sommes mis à leur contact pour pouvoir avec eux redire à Jésus : « À qui irions-nous, Seigneur ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68).
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La simplicité...

La traduction donnée ici, dûe au Père Ackermann et au frère Taillé, est inédite.
Au hasard d'une promenade au fil des pages, en relisant ces textes, on est touchés, et surpris, par la profondeur des propos, jointe à l'extrême simplicité du langage, qui demeure toujours très vivant, très actuel, très ancré dans notre aujourd'hui. C'est cela la marque de Benoît XVI, un écrivain doué, même si, comme c'est le cas ici, il n'écrit pas dans sa langue maternelle (cf John Allen).


 

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L'Église a été constituée sur le fondement des Apôtres comme communauté de foi, d'espérance et de charité. Par les Apôtres, nous remontons à Jésus lui-même. L'Église a commencé à se constituer quand quelques pêcheurs de Galilée rencontrèrent Jésus, se laissèrent conquérir par son regard, par sa voix, par son invitation chaude et forte : « Suivez-moi, je ferai de vous des pêcheurs d'hommes »
......
(cathéchèse du 15 mars 2006)
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L'érudition...

Mais cette simplicité du langage s'accompagne d'une très grande érudition, qui ne cherche pas à se mettre en évidence, ni à écraser, bien au contraire, mais qui s'impose tout naturellement, parce qu'elle enrichit et éclaire le propos, comme dans la cathéchèse du 24 mai 2006, où il commente un dialogue entre Jésus et Pierre.


 

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Un matin de printemps, [sa] mission lui sera confiée par le Christ ressuscité. La rencontre aura lieu sur les rives du lac de Tibériade. C'est l'évangéliste Jean qui nous rapporte le dialogue qui a lieu en cette circonstance entre Jésus et Pierre. On y relève un jeu de mots très significatif. En grec, le verbe phileô exprime l'amour d'amitié, tendre mais non pas « totalisant », tandis que le verbe agapaô signifie l'amour sans réserves, total et inconditionnel. La première fois, Jésus demande à Pierre « Simon... m'aimes-tu » (agapas-me) de cet amour total et inconditionnel (cf. Jn 21,15) ? Avant l'expérience de la trahison, l'Apôtre aurait certainement dit : « Je t'aime (agapô-se) inconditionnellement. » Maintenant qu'il a connu l'amère tristesse de l'infidélité, le drame de sa faiblesse, il dit avec humilité : « Seigneur, je t'aime (philô-se) », c'est-à-dire « je t'aime de mon pauvre amour humain ». Le Christ insiste : « Simon, m'aimes-tu de cet amour total que je désire ? » Et Pierre redit la réponse de son humble amour humain : « Kyrie, philô-se », « Seigneur, je t'aime comme je sais aimer ». La troisième fois, Jésus dit seulement à Simon : « Phileis-me ? », « M'aimestu ? ». Simon comprend que son pauvre amour humain suffit à Jésus, le seul dont il soit capable, et cependant il est attristé que le Seigneur lui ait parlé ainsi. Aussi lui répond-il : « Seigneur. tu sais tout, tu sais bien que je t'aime (philô-se). » ....
(cathéchèse du 24 mai 2006)
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L' humour

Je note, pour finir, que l'humour lui-même n'est pas absent. Je me souviens très bien de l'audience du 31 janvier 2007 ( Audience générale du 31 janvier ), de son sourire malicieux, de son expression amusée, et des applaudissements spontanés de l'assistance (remarquables, car les audiences s'entourent en général d'un grand silence de respect et d'attention, très impressionnant de la part d'une foule aussi nombreuse), tandis qu'il évoquait un conflit entre Paul et l'un de ses "collaborateurs" (c'est le mot surprenant qu'il emploie lui-même) dans un langage très familier, bien propre à mettre en évidence l'actualité des situations:


 

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Les deux, Paul et Barnabé, entreront ensuite en litige, au début du deuxième voyage missionnaire, parce que Barnabé pensait prendre Jean-Marc comme compagnon, alors que Paul n'en voulait pas, ce jeune homme s'étant séparé d'eux lors du voyage précédent (Ac 13,13 ; 15,36-40). Il existe donc, même entre des saints, des oppositions, des discordes, des controverses.
Et cela me paraît très réconfortant, parce que nous y constatons que les saints ne sont pas « tombés du ciel ». Ce sont des hommes comme nous, avec des problèmes compliqués. La sainteté n'est pas de n'avoir jamais fait d'erreur, jamais de péché. La sainteté s'accroît de la capacité de conversion, de repentir, de disponibilité à recommencer, et surtout de la capacité de réconciliation et de pardon.
(cathéchèse du 31 janvier 2007)
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