Vous vous trouvez ici: Actualités Mai 2007  
 ACTUALITÉS
Janvier 2007
Février 2007
Mars 2007
Avril 2007
Mai 2007
Juin 2007
Juillet 2007

PETER SEEWALD DANS "VANITY FAIR" (II)

Deuxième partie: Portrait d'un rebelle

Le Pape Benoît XVI: Notre don du ciel
Du Pape de transition au super-Pape (II)
-------------------------------------
Peter Seewald, Vanity Fair, 11 avril 2007
-------------------------------------
...
Etre Pape n'est pas seulement un 'job'. Cela confère une puissante aura. On ne peut méconnaître cette aura, de même qu'on ne peut sous-estimer l'habilité déployée si vite par Ratzinger en s'installant à son poste.

Et portant, il est resté fidèle à lui-même dans sa fermeté, la simplicité de ses manières, avec l'intelligence supérieure de quelqu'un qui transmet du sens dans un monde devenu insensé.

La synthèse entre la foi et la raison est le thème central de son message. Mais il y a plus que cela. Il a une légèreté, un pouvoir nouveau pour la poésie et la propéthie. Une nouvelle lueur dans ses yeux.

De façon mélodramatique, on pourrait dire: Joseph Ratzinger est au sommet de sa pensée, dans le plein épanouissement de sa foi, dans la plénitude de l'amour. La 'transfiguration' d'une personnalité publique est en marche. Pendant des années, sa manière d'être défensive, comme préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi qui cachait sa véritable personnalité à la vue du public, a ouvert le chemein vers un charisme fait de gentillesse et de bonté.
De toutes façons, Ratzinger ne fut jamais le personnage sinistre et borné dont on nous a souvent dressé le portrait. Un de ses professeurs, à Traunstein, dans un témoignage rassemblé parmi d'autres par l'ex-Gymnasium (lycée) dont il fut élève, disait que, comme élève, Ratzinger était qualifié par le mot 'rebelle'.
En réalité, cet élément de protestation, de questionnement critique, de résistance à toutes les modes, Ratzinger l'a démontré tout au long de sa vie.

Cela commença chez lui, où la résistance contre un système athée était considérée comme une des composantes de la pensée chrétienne. Cela continua au séminaire, dont aucun des élèves ne rejoignit volontairement les jeunesses hitlériennes. Même après que le curé de la Paroisse eût été arrêté, et qu'une bombe eût explosé devant le presbytère.
Dans un texte du théologien anti-fasciste Auguste Adam (dont Ratzinger dit que ce fut une des lectures-clés de sa jeunesse) il lut que le désir sexuel n'est pas impur, mais doit être considéré comme un don à lravers lequel l'amour-"caritas" -l'amour pour son prochain- atteint sa plénitude.
Le livre de son ami Joseph Pieper "A propos de l'amour", avec des chapitres comme "L'unité entre amour-caritas, et amour érotique" contiennent des indications sur ce que sera la pensée de Ratzinger des années plus tard.
Le premier texte de l'étudiant Ratzinger fut une traduction d'un texte en latin de Saint-Thomas d'Aquin, intitulé "Révélation sur l'amour".
Exactement 60 ans plus tard, ce sera le thème de sa première encyclique 'Deus Caritas Est", qu'on peut lire en partie comme un grand 'oui', une acceptation par l'homme de sa corporéité, qui en libère l'eros, rendu captif par l'industrie du sexe.
Même le magazine notoirement anti-clérical Der Spiegel célébra la première encyclique du Pape allemand comme un "hymne à l'amour".

"Qu'aimez-vous le plus?", lui demandai-je un jour lors d'une interview.
"J'aime la beauté de notre pays. J'aime y flâner. Je suis un patriote bavarois, j'aime la Bavière, plus particulièrement notre histoire, et, bien sûr, notre art..."

"La musique?"
"C'est une partie de ma vie sans laquelle je ne peux vivre" (il a gardé son vieux piano au Vatican, sur lequel il joue Mozart, Bach, Palestrina).

"Quoi d'autre?"
"L'amitié."

"Quel livre emmèneriez-vous sur une île déserte?"
"Naturellement, la Bible... et Les Confessions de Saint-Augustin"

Qu'aimez-vous le mieux lire?"
"Essentiellement des livres d'histoire, de philosophie, et de politique. Je suis un lecteur rapide ('a speed reader'). J'ai toujours beaucoup aimé Theodore Storm. Et Goethe, bien sûr, même s'il paraît un peu naïf de le dire".

"Quoi d'autre?"
"Avant, j'étais un lecteur avide de romans et de poésie. Hesse, Kafka, Thomas Mann, Annete Kolb. Le livre de Hesse que je préfère est "Le loup des steppes", et puis "Peter Camenzind", et naturellement "Le jeu des perles de verre".

A suivre...

Première partie ici: Peter Seewald dans "Vanity Fair"


Alerte sur le motu proprio