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GAY PRIDE À ROME: DES EXCUSES AU PAPE
 

La gay pride qui s'est déroulée à Rome samedi dernier, avec un point de rassemblement symbolique sur la Place Saint-Jean de Latran, cadre de la grande manifestation en faveur de la famille ('Family day') du mois dernier, a donné lieu à des dérapages particulièrement choquants, que la presse française s'est bien gardée de relater.
A tel point que le quotidien de la CEI, l'Avvenire, s'en est ému, qui titrait:
"Dignité et droits, tels étaient les mots d'ordre, et c'était justement ce qui manquait dans ce triomphe du mauvais goût".


 
 

Francesco Cossiga, homme politique italien issu de la démocratie chrétienne, qui fut président de la République italienne, qui est désormais sénateur à vie, et qui a apporté récemment son soutien à Romano Prodi (pas vraiment un extrêmiste, donc!) a écrit à cette occasion une "lettre ouverte au pape" que je crois intéressant de traduire ici. Elle pourrait peut-être, qui sait, servir un jour à nos propres hommes politiques. A condition, toutefois qu'ils n'aient plus de responsabilités publiques, c'est ce qui ressort de ce texte.

Texte original en italien dans Il Giornale, reproduit sur le blog de Raffaella.


Lettre ouverte au Pape

Saint Père,

J'ai l'honneur de Vous connaître personnellement, et à travers vos écrits, depuis de longues années. Et je sais bien ce que sont vos qualités, non seulement d'intelligence et de charité chrétienne, mais de compréhension et de tolérance.
Comme préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dans la pleine réaffirmation de la doctrine morale de l'Église, commune également aux autres grandes religions monothéistes, qui définit les relations homosexuelles comme désordre grave, objectif et intrinsèque, déjà considérées par les cathéchismes catholiques comme "péchés qui crient vengeance en présence de Dieu", Vous avez publié des documents signés par les Évêques et cette même Congrégation qui prescrivent le devoir de chaque chrétien de respecter la dignité des personnes homosexuelles.

Je vous écris cette lettre pour vous demander pardon, non seulement à l'Évêque de Rome, mais comme citoyen électeur de cette ville dont vous êtes l'hôte depuis plus de 25 ans. Je vous demande pardon pour les offenses qui ont été faites à l'Église de Rome, à ses symboles et à ses principes, et directement à Votre personne de la part des participants d'une manifestation dépourvue de décorum et de dignité.
Je vous demande pardon comme simple habitant de cette ville et comme catholique, catholique libéral qui croit fermement en la liberté et en la tolérance civile, mais "catholique de base" qui, même s'il vient à retrouver occasionnellement quelque charge représentative de l'État, n'a plus aucune influence ni aucun rôle dans la vie politique et institutionnelle de notre Pays, mais qui comme citoyen d'un État démocratique a le droit de regretter le brouillage dans la vie italienne de ce qui constitua les valeurs historiques fondatrices de notre communauté nationale, la reconnaissance de son caractère fondamental qui fit écrire à un grand philosophe laïque et libéral un essai intitulé : Pourquoi nous ne pouvons pas ne pas nous dire chrétiens.

Cette lettre ouverte d'excuses , c'est peut-être le Président du Conseil des ministres, qui aurait dû vous l'écrire, catholique, et "catholique d'en haut" : mais lui, et je le comprends, il ne peut pas parce qu'il pense que la politique et la religion doivent être non seulement distinctes mais séparées, et que cela vaut aussi au simple plan de la bonne éducation, puisque son Gouvernement a donné son patronage à cette pantomine, cette manifestation vulgaire à laquelle trois de ses ministres ont participé en même temps que des leaders de partis de sa coalition de gouvernement, et finalement parce que ceux qui y ont participé sont ses électeurs et ses supporters. Je crois savoir qu'y ont aussi participé au nom de la laicité un mouvement de "catholiques démocrates".

Cette lettre ouverte d'excuses c'est le maire de Rome (ndr: Walter Veltroni, Refondation communiste) qui aurait dû vous l'écrire, pas catholique, mais très obséquieux envers l'Église et surtout envers les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses qui sont des électeurs de la Commune de Rome ; mais il ne peut pas parce que ses électeurs et ses supporters sont aussi les participants au défilé de l'autre jour.

Mais même si je ne représente que moi-même, et c'est très peu - même si je pense que beaucoup de romains, catholiques ou non, au moins au nom de la bonne éducation et de l'esprit d'hospitalité pensent comme moi -, je suis certain que vous voudrez bien accepter ces excuses de celui qui fut votre ami très affectionné (le théologien, même cardinal, était une chose, même pour un "catholique de base" le Pape en est une autre !) et et qui reste votre fidèle et dévoué
Francesco Cossiga.


Audience du 20 juin | Congrés ecclésial du diocèse de Rome