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L'AFFAIRE WIELGUS

Dépêche de l'AFP

Pologne: l'archevêque de Varsovie confesse sa "faute" et s'en remet au pape

VARSOVIE, 5 jan 2007 (AFP) - Le nouvel archevêque de Varsovie, Mgr Stanislaw Wielgus, convaincu d'avoir collaboré avec l'ancienne police secrète communiste, a reconnu sa "faute" et s'en est remis "à la décision" du pape Benoît XVI, aussitôt après la prise de ses fonctions vendredi.
"Je confesse aujourd'hui devant vous cette erreur que j'ai commise autrefois, comme je l'avais déjà confessée au Saint-Père", a déclaré Mgr Wielgus dans un message qui doit être lu lors des messes dans l'archidiocèse de Varsovie et diffusée par l'agence catholique KAI.
"Je déclare au Saint-Père que je me soumettrai à chacune de ses décisions", a ajouté le prélat qui prend la place du cardinal Jozef Glemp, parti à la retraite mais conservant son titre de primat de Pologne.
Selon des documents des anciens services spéciaux polonais publiés par les médias, Mgr Wielgus, 67 ans, avait été leur collaborateur pendant plus de 20 ans. Cette collaboration a été reconnue vendredi par l'Eglise catholique de Pologne.
"J'affirme aujourd'hui avec conviction que je n'avais pas fait de rapports sur quiconque, ni cherché à faire du tort à qui que ce soit", a déclaré le nouvel archevêque de Varsovie.
"Cependant, par ces liens, j'ai fait du tort à l'Eglise. Je lui ai fait encore du tort une nouvelle fois quand, ces derniers jours, au milieu d'une campagne médiatique effervescente, j'ai nié cette collaboration", a-t-il ajouté.
Il a demandé "avec le coeur repenti" au clergé et aux fidèles de son archidiocèse de le "recevoir en frère qui veut unir et non diviser, prier et réconcilier les gens au sein d'une Eglise des saints et des pécheurs qui est la nôtre".
Après avoir pris canoniquement possession de son archidiocèse vendredi, Mgr Wielgus fera son entrée officielle dans la cathédrale dimanche, lors d'une cérémonie solennelle en présence notamment du président Lech Kaczynski et du cardinal Stanislaw Dziwisz, ancien secrétaire particulier du pape polonais Jean Paul II.


 

Décidément, les loups n'étaient pas loin!

On ne peut rien dire de plus pour le moment, sinon que les medias, une fois de plus, se sont emparés goulûment de ce "nouveau (prétendu) scandale".
C'était le principal titre sur Europe 1 ce matin.
Commentaire -catholique- immédiat (et scandaleux) lu à l'instant sur Internet:
"Dans quel guêpier est encore aller se fourrer Benoît XVI?"

Et voici en quelque sorte l'explication du Saint-Père lui-même, donnée par anticipation lors du discours qu'il prononça devant le clergé polonais, lors de son voyage en Pologne de mai 2006:
Source: Vatican


 

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
RENCONTRE AVEC LE CLERGÉ
Cathédrale Saint-Jean à Varsovie, 25 mai 2006


Le Pape Jean-Paul II, à l'occasion du grand Jubilé, a plusieurs fois exhorté les chrétiens à faire pénitence pour les infidélités passées.
Nous croyons que l'Eglise est sainte, mais en elle se trouvent des hommes pécheurs. Il faut repousser le désir de s'identifier uniquement à ceux qui sont sans péché. Comment l'Eglise aurait-elle pu exclure les pécheurs de ses rangs? C'est pour leur salut que Jésus s'est incarné, est mort et ressuscité. Il faut donc apprendre à vivre avec sincérité la pénitence chrétienne. En la pratiquant, nous confessons les péchés individuels en union avec les autres, devant eux et devant Dieu.
Il faut toutefois se garder de la prétention de s'ériger avec arrogance au rang de juges des générations précédentes, qui ont vécu en d'autres temps et en d'autres circonstances. Il faut une humble sincérité pour ne pas nier les péchés du passé, et toutefois ne pas tomber dans des accusations faciles en absence de preuves réelles ou en ignorant les différents préjugés de l'époque.


Tourner la page...

Sur le Papa Ratzinger Forum, Teresa, qui est mieux informée que moi sur ce point, livre quelques intéressantes pistes de réflexion.
Ne s'agit-il pas d'un énième avatar du conflit latent entre les médias et l'Eglise (celle de Pologne, en l'occurrence, "pataugerait" selon Teresa, et n'est pas en mesure de faire face).
En tous cas, ni l'Eglise Polonaise, ni le Pape, ne peuvent avoir été pris au dépourvu sur cette question: les blessures laissées par le communisme ne sont pas une nouveauté, Jean-Paul II était forcément au courant, et de plus, Benoît XVI connaît personnellement Mgr Wiegus.
Ce qui m'amène à penser que le Saint-Père envoie peut-être, par l'intermédiaire de cette nomination, un message de pardon: ne serait-il pas temps de tourner enfin la page? On peut le comprendre ainsi - et une fois de plus, que ce n'est pas une "gaffe", ou un "guêpier" dans leqel il serait tombé.



"The Wielgus Case"

Les évêques polonais devraient peut-être commencer par se demander ce que Jean-Paul II aurait fait, sur cette question. Sans doute ne voulaient-ils pas l'ennuyer avec un dossier aussi "explosif" dans les dernières années de sa vie, mais si l'on considère que Lech Walesa, avec "Solidarnosc" vint au pouvoir en Pologne des mois avant la chute du Mur de Berlin, en 1989, il est probable que le problème d'une "collaboration", ou tout autre forme de "coopération" avec le régime communiste, forcée ou pas, devint évident pour l'Eglise de Pologne une fois que les communistes eurent perdu le pouvoir. Et à cette époque, Jean-Paul II était encore fort et en bonne santé!
Quoiqu'il en soit, le sujet a dû être abordé avec lui.
Mais j'ai consulté la biographie de Jean-Paul II écrite par George Weigel -qui est une référence, autant que peut l'être un volume de 886 pages- et je n'y trouve aucune allusion à ce problème particulier, bien qu'il aborde le thème de la "désorientation" de l'Eglise de Pologne après 40 ans de communisme.

Les premières difficultés pour s'adapter à la démocratie sont illustrées par le manque de préparation de la visite du Pape en Pologne, en 1991 -sa quatrième, et la première depuis le changement de régime - avec pour conséquence ce que tout le monde considère comme ayant été une visite désastreuse du Pape.
Weigel dit: "Il semble qu'il y ait un hiatus entre les attentes des gens, et les intentions du pape. Les polonais espéraient que Jean-Paul II partagerait leur sentiment de liberté, mais les discours du Pape étaient centrés sur les pièges d'une liberté détachée des règles morales... Ainsi, ce qui aurait dû être ressenti comme une proposition du Pape pour vivre noblement la liberté nouvelle, fut souvent perçu comme une réprimande, un discours négatif.
Les polonais voulaient célébrer leur liberté nouvelle, avec l'homme qu'ils créditaient d'un rôle majeur dans cette libération. Le Pape, déjà obnubilé par les difficultés à venir, était quelque peu déphasé avec le peuple".

Plus loin, Weigel remarque: "Il semble que le Pape n'ait pas été correctement informé sur la dynamique de la nouvelle situation politique et culturelle. Et l'Eglise polonaise manquait des ressources médiatiques nécessaires pour affronter le défi d'une presse polonaise qui, vis-à-vis des personnalités publiques, commençait à imiter les medias occidentaux, en présumant de leur culpabilité et de l'existence d'"agendas cachés" (hidden agendas) jusqu'à preuve du contraire..."
Quinze ans se sont écoulés depuis - cette Eglise continue-t'elle à patauger, si l'on en juge par la manière invraisemblable avec laquelle '"le cas Wielgus" a été abordé.

Quand on pense à quel point Benoît XVI leur a tendu la main, durant sa visite en Pologne! Rappelons nous son discours au clergé polonais, les admonestant de ne pas juger les actions du passé selon les normes du présent, et de considérer les circonstances historiques qui ont formé le contexte d'actions discutables.
La presse polonaise avait correctement interprété les paroles du Pape, comme faisant référence aux enquêtes en cours sur des prêtres polonais, pour leur collaboration avec le régime communiste (à la différence de la presse italienne ...)
Il doit y avoir une connaissance personnelle, entre l'archevêque Wielgus et le Pape, parce que Wielgus fut recteur de l'Université de Lublin de 1989 à 1998, et durant cette période, cette Université décerna au Cardinal Ratzinger le titre de Docteur Honoris Causa. Ce n'est donc pas comme si le Pape avait nommé quelqu'un qu'il connaissait seulement à partir de son dossier. Il est probable, lorsque le Vatican publia son message de soutien le 21 décembre dernier (*) , cette connaissance personnelle a été un des éléments déterminants de cette manifestation de confiance.
Pour le moment, le point le plus important est que l'Eglise Polonaise dise "il n'y a aucune preuve que ses actions aient fait du tort à quiconque".
Toutefois, même si aucun dommage n'en est résulté, l'idée-même de "collaboration" avec l'ennemi laisse un goût amère dans la bouche, et ce ne sera sans doute pas facile, pour Mgr Wielgus, en ayant reconnu cela, de le faire oublier. Et aussi, jusqu'où cela affectera-t'il son ministère?

Teresa, Papa Ratzinger Forum
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(*) Ce communiqué soulignait que le pape avait "toute confiance en Mgr Stanislaw Wielgus et, en pleine conscience, lui a confié la mission de pasteur de l'archidiocèse de Varsovie".


Document

Le reportage de Radio Vatican, samedi 6 janvier (audio, Real Player, 1'30""): wielgus.rm [151 KB]
Cela ne correspond pas exactement à ce qui a été rapporté par les agences de presse.


Démission de Mgr Wielgus | L'"affaire" Wielgus", Revue de presse du 8 janvier