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AUDIENCE À L'AMBASSADEUR DE TURQUIE
 

Le Saint-Père Benoit XVI a reçu en Audience le 19 janvier 2007, le nouvel Ambassadeur de Turquie, près le Saint-Siège Muammer Doğan Akdur.
Il me semble que certains de ses propos, ceux que j'ai soulignés, sont une réponse indirecte aux questions qu'auraient soulevées son discours de Ratisbonne, et sa visite à la Mosquée Bleue. Son souci n'est rien d'autre que la paix.
Source ici

Je retiens la demande de reconnaissance d'un statut juridique pour l'Eglise catholique, et surtout phrase qui apparaît comme une façon de mettre le gouvernement turc au pied du mur:
Je ne doute pas que votre Gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour avancer dans ce sens. (*).
Certains ne se privent pas de dire que les exigences du Saint-Père, s'appliquant à une communauté chrétienne réduite à rien dans ce pays, n'ont pas d'impact, et pas de sens. Mais n'est-ce pas une façon de faire sentir au gouvernement turc que, selon les critères propres au Vatican, il ne remplit pas les conditions d'intégration de son pays dans l'Europe?
Sur ce point, il faut aussi lire la dernière phrase citée: c'est une autre réponse à ceux qui prétendent que le Saint-Père aurait donné son aval à l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne.
On ne saurait être plus clair qu'il ne l'est, sans manquer à la courtoisie diplomatique, lorsqu'il évoque la place spécifique de la Turquie et sa situation géographique et historique de pont entre les continents asiatique et européen et de carrefour entre les cultures et les religions.
Cela a toujours été son attitude, et elle n'a pas changé: LA TURQUIE EST UN CARREFOUR ET UN PONT.
Curieusement, tous ceux qui sont les plus zélés pour commenter ce qu'il n'a pas dit, sont nettement moins réactifs lorsqu'il s'agit de simplement reproduire ce qu'il a dit.

Photos ici


 

L'expérience inoubliable qui m'a conduit, sur les pas de mes prédécesseurs Paul VI et Jean-Paul II, à Ankara, Éphèse et Istanbul, m'a permis de vérifier les bonnes relations, nouées depuis longtemps, entre votre pays et le Saint-Siège.
Lors de mes différentes rencontres avec les Autorités politiques, j'ai voulu réaffirmer l'enracinement de l'Église catholique dans la société turque, [..] en raison de l'existence des communautés chrétiennes d'aujourd'hui, certes minoritaires, mais attachées à leur pays et au bien commun de toute la société, désirant apporter leur contribution à l'édification de la Nation. Jouissant de la liberté religieuse garantie à tous les croyants par la Constitution turque, l'Église catholique souhaite pouvoir bénéficier d'un statut juridique reconnu et voir se mettre en place une instance de dialogue officielle entre la Conférence des Évêques et les Autorités de l'État, afin de régler les différents problèmes qui peuvent se poser et de poursuivre les bonnes relations entre les deux parties. Je ne doute pas que votre Gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour avancer dans ce sens.
......
Au cours de mon voyage mémorable, j'ai manifesté à maintes reprises le respect de l'Église catholique pour l'Islam, et l'estime du Pape et des fidèles pour les croyants musulmans, notamment lors de ma visite à la Mosquée bleue d'Istanbul. Dans le monde actuel où les tensions semblent s'exacerber, la conviction du Saint-Siège [..] est que les croyants des différentes religions doivent s'efforcer d'oeuvrer ensemble en faveur de la paix, en commençant par dénoncer la violence, trop souvent utilisée dans le passé sous le prétexte de motivations religieuses, et en apprenant à mieux se connaître et à mieux se respecter pour édifier une société toujours plus fraternelle. Les religions peuvent aussi unir leurs efforts pour agir en faveur du respect de l'homme, créé à l'image du Tout-Puissant, et pour faire reconnaître les valeurs fondamentales qui régissent la vie des personnes et des sociétés. Le dialogue, nécessaire entre les Autorités religieuses à tous les niveaux, commence dans la vie de tous les jours par l'estime et le respect mutuels que se portent les croyants de chaque religion, partageant la même vie et oeuvrant ensemble pour le bien commun.

Comme je l'ai rappelé récemment à Ankara, le Saint-Siège reconnaît la place spécifique de la Turquie et sa situation géographique et historique de pont entre les continents asiatique et européen et de carrefour entre les cultures et les religions.
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Commentaire lu sur le FC

(*) Finesse de la diplomatie Vaticane
On arrive au bout des conséquences du ton amical de Benoît XVI et de la diplomatie vaticane (par le biais notamment du Cardinal Bertone) avec cette demande du Vatican à la Turquie d'accorder un statut juridique à l'Église Catholique en Turquie...

D'autres auraient bien sûr préféré que Benoît XVI dise un grand « merde » aux turcs et aux musulmans, quitte (mais le martyr n'est-il pas une des plus belles morts) à sacrifier les populations chrétiennes des pays musulmans.

Sauf que là, le Vatican ne peut être soupçonné d'aucun tort dans sa relation avec la Turquie, et met la Turquie dans la position inconfortable de devoir céder à la requête du Pape, ou de trouver un prétexte valable de la refuser...


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