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GUY GILBERT PARLE DU PAPE
 



 

Je viens d'acheter un livre signé du Père Guy Gilbert, intitulé "L'Evangile, une parole invincible" (paru en 2005, réédité aux édition Points).
J'ai déjà eu l'occasion de dire que j'aime bien ce prêtre "atypique", selon une expression à la mode, qui témoigne d'une grande générosité, qui a sans doute la foi chevillée au coeur, mais qui a aussi une drôle de façon de la transmettre, et surtout à un auditoire très "sélectiif". (L'audience du Père Gilbert )
Dans ce que j'ai lu de ce livre (qu'on peut parcourir dans le désordre), recueil de réflexions sur Jésus, l'amour, la mort, le progrès, la morale, il y a vraiment de très belles envolées.

Exemple, pris au hasard, cette belle page sur la solitude et le silence, avec d'autres mots, Benoît XVI ne dit pas autre chose:


Ma solitude de prêtre

Je vis moi-même la solitude du prêtre. Je suis pourtant entouré de beaucoup de monde. J'ai un grand besoin de solitude. Je prends régulièrement mes quarante-huit heures de silence, avec mes clébards adorés, Gangster, Vagabond et Brigande. Je n'ai envie de voir personne. J'ai besoin de n'être que moi-même face à Dieu. Je Le prie de toutes mes forces. J'arrive dans la forêt à trois heures du matin et j'écoute le hibou. Je ne peux plus prier tellement je suis cassé, mais le hibou chante à ma place. Parfois aussi le rossignol chante à plein coeur. Ces oiseaux remplacent joyeusement ma pauvre prière. J'aime cette solitude. Mes maîtres au séminaire m'ont appris à l'aimer. Ensuite, je l'ai appris tout seul dans ma vie surbookée. La solitude peut être une prière si nous sommes croyants. Si nous croyons profondément en Dieu, nous pouvons nous répéter sens cesse : « Il est là.»
Le silence est un cadeau de Dieu. Trop de silence peut tuer, mais nous en avons besoin. Demandez à Dieu ce cadeau inestimable. Prenez la résolution d'aménager chaque jour dix minutes de silence.


 

Par contre, quand il s'exprime sur le Pape -heureusement, assez brièvement, à la fin du livre- il m'inspire des sentiments plus mitigés, qui vont de l'indulgence à l'agacement, voire à la désapprobation. On pourrait croire qu'il cherche à se défausser de toute soupçon d'admiration, ou de sympathie inconditionnelle, qu'il ressent certainement, par peur d'être mis à l'écart du consensus médiatique, pensant ainsi donner plus de poids à ses propos... Comme si, en remplissant ces pages, je me croyais obligée de donner la parole aux adversaires, pour coller à mon site une apparence d'objectivité -que je ne revendique pas!!!
Ainsi, après avoir assisté à l'audience générale du 17 janvier, et avoir tenu des propos très émouvants, il avait déjà cru bon d'ajouter, à propos des gardes suisses "Le Serviteur est plus grand que le maître", une phrase inutile, que n'auraient pas désavoué des militants marxistes, et qui ne veut pas dire grand chose, car sans maître, y-aurait-il des serviteurs? Et les disciples étaient-ils plus grands que Jésus?

Certes, il écrit:
" L'intelligence supérieure, la discrétion et la défense acharnée de la foi catholique ont dû être des facteurs déterminants pour que Benoît XVI soit élu pape."
...
"Joseph Ratzinger conservait le dépôt de la foi. Il n'est plus à la Curie. Pape, il devient le premier d'entre les pairs. L'homme n'est jamais un bloc. Il est passé d'un travail pour l'Église à un travail pour le monde entier. Benoît a une histoire, il a une famille, une nationalité. Il a été archevêque pendant quatre ans à Munich. ... Il a passé vingt-cinq ans main dans la main avec Jean-Paul II. Sa culture est immense, dit-on, il est d'une extraordinaire intelligence synthétique et analytique. Il a un caractère, on le sait, timide, humble, effacé, affable. Il a un passé. C'était un artisan passionné de Vatican II mais, en mai 68, il a vu rouge. Il s'est dit : « Faisons attention. » Il semble un peu en froid avec la modernité. L'intéressant est qu'il ne s'est pas mis à genoux devant son époque. Il a des principes dans un monde où les principes sont plutôt changeants. Il affirme que tout ne se vaut pas. En ce sens, j'espère que nous sommes tous conservateurs. Il a eu des paroles remarquées sur le relativisme. Il croit à quelque chose, à Quelqu'un, et il le proclame."
...
mais aussi, ce qui me laisse perplexe:
"Benoît XVI sera-t-il une bombe évangélique comme l'a été Jean XXIII ? Espérons-le ! Les cent quinze cardinaux ont osé quelque chose. II faut un sacré culot pour mettre un vieillard de cet âge à la tête de cette institution."

Bref, au milieu d'autres considérations mi-figue mi-raisin, je finis par trouver ceci, qui me déplaît, car je vais prouver que c'est faux, et surtout, ce thème a servi à alimenter la désinformation contre Benoît XVI depuis 2 ans; sans surestimer l'influence de Guy Gilbert, sa caution me paraît franchement superflue.


Première apparition

Benoît XVI est arrivé et tout le monde l'a étiqueté conservateur.
Il ne sera certainement pas
comme Jean-Paul II.
J'ai remarqué que
leurs gestes étaient très différents. Quand Jean-Paul II est apparu la première fois au balcon, en 1978, il ouvrait grand les bras, tandis que Benoît XVI avait les mains serrées. Il semblait comme en prière. L'attitude d'une personne révèle des aspects importants de son tempérament. Ses bons yeux de vieillard paraissent un peu affolés, l'air de dire : « Qu'est-ce que je fiche là? » Il ne le désirait pas. Chaque pape est un don de Dieu, quand on croit que l'Esprit saint est au coeur de l'élection. Des journalistes me disent : « Tu as vu ses discours d'avant? C'est sûr, cette élection est pleine de magouilles... » Comment peut-on dire une chose pareille... ? Les catholiques savent que le pape est un choix de Dieu. D'après le frère de Benoît, celui-ci était un peu malade et surtout ne désirait pas être élu. Que notre prière et notre amitié précèdent son chemin difficile !



 

Et voilà ce que moi -en même temps que des millions de spectateurs dans le monde entier- j'ai vu ce jour-là: l'explosion de joie d'une foule énorme, qui LE connaissait déjà; et surtout, des bras grands ouverts, en un geste paternel spontané dont la charge émotionnelle pour moi demeure intacte après tout ce temps. Un regard ému, mais d'une émotion maîtrisée, et pas du tout le pathos "des bons yeux de vieillard". Manifestement, Guy Gilbert et moi, nous n'avons pas vu la même chose.


 



 

A propos de ces images, il me plaît de citer une lectrice, qui vient elle auusi de les revoir:
Elles sont toujours aussi émouvantes, mais ont perdu leur caractère d’exception, parce que toutes ses interventions ont la même force.


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