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MENACES CONTRE MGR BAGNASCO
 

Les menaces de mort dont le président de la conférence épiscopale italienne, Mgr Bagnasco, a été l'objet, ont déjà été relatées ici: Attaques, menaces, intimidation contre l'Eglise

Dans son billet du 30 avril, John Allen apporte quelques intéressantes précisions (traduction).


 

Les menaces de mort contre l'Archevêque italien, font suite aux commentaires sur les unions entre personnes de même sexe

...Même dans le climat de bagarre pourtant familier en Italie, on a assisté pendant des semaines à des échanges inhabituellement caustiques , à propos d'un projet de loi en faveur des unions civiles, connu sous l'acronyme italien 'DICO' -diritti delle coppie -droits des couples (l'équivalent de notre PACS), proposé par le gouvernement de centre-gauche de Prodi
En cas d'approbation, la loi accorderait aux couples qui cohabitent (ndt: je n'utilise pas le mot 'concubinage', car il ne s'agit pas exactement de cela) d'obtenir certains avantages financiers et d'héritage, y compris les droits du conjoint ('next to skin rights') si le partenaire est physiquement ou mentalement frappé d'incapacité, ou hospitalisé.

Les personnalités du Vatican ont exprimé leur opposition en termes énergiques. Mgr Amato, par exemple, secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la Foi a récemment ironisé sur les "parlements des prétendues nations civilisées, qui promulguent des lois contraires à la nature de l'être humain, comme l'approbation du mariage entre deux personnes de même sexe."
Les Evêques italiens ont publié une déclaration disant que les politiciens catholiques ont un devoir 'd'objection de conscience' pour s'opposer à cette mesure, contre laquelle ils mettent en garde, comme étant "inacceptable sur le principe, et dangereuse aux plans humain et éducatifs".

Mais le commentaire le plus explosif vint le 31 mars, quand Bagnasco prit la parole lors d'une rencontre avec les opérateurs des medias diocésains, en Italie.
Voici ce qu'il a dit (ndt: on reconnaît là très précisément les idées du Pape):

"Quand la conception juste, 'auto-transcendante' de la personne humaine est perdue, il n'y a plus de critères pour faire la distinction entre le bien et le mal. Quand le critère décisif est l'opinion publique, ou la majorité démocratique -qui peut devenir anti démocratique, ou violente- alors il devient très difficile de dire 'non'. Pourquoi dire non aux différentes formes de cohabitation protégées par la loi, créant aini des formes alternatives à la famiille? Pourquoi dire 'non' à l'inceste, par exemple, comme en Angleterre où un frère et une soeur vivent ensemble, ont des enfants, et s'aiment? Qui dira 'non' à une fête pédophile, comme en Hollande, si nous parlons de deux personnes libres qui s'y rendent ensemble? Il est important de se rappeler de ces aberrations contre le bon sens, qui sont déjà là sous forme embryonaire. Aujourd'hui, nous sommes scandalisés, mais si les critères éthiques sur la nature humaine sombrent, des critères qui nous sont donnés par la nature, et pas créés par la culture, il est difficile de dire 'non'. Si le plus haut critère du bien et du mal est la liberté individuelle, au sens d'auto-détermination, de libre choix, alors une, deux ou plusieurs personnes pourront faire ce qui leur plaît, parce qu'un critère objectif du niveau moral n'esiste plus -un critère qui concerne l'être humain non pas en terme de liberté de choisir, mais comme don de la nature".

Avec l'inévitable contraction (raccourci) des comptes-rendus journalistiques, ces commentaires se trouvèrent réduits à "Bagnasco compare les unions civiles à l'inceste et à la pédophilie". Un rugissement immédiat s'ensuivit, y compris des "tags" dans différentes villes italiennes, avec les phrases comme "Honte à toi, Bagnasco", et même "Bagnasco au poteau".

Un porte-parole de Bagnasco a précisé que "les commentaires avaient été déformés, et que l'archevêque n'avait pas comparé le DICO à l'inceste ou à la pédophilie. Il avait plutôt essayé de faire une mise au point sur ce qui pouvait arriver dans une société où les standards objectifs de moralité étaient mis de côté...."


 

Cela ne vous rappelle rien?
C'est exactement une répétition de l'affaire de Ratisbonne, avec une portée moindre, car le protagoniste est moins prestigieux, et le 'public' concerné (peut-être?) un peu moins ingérable.
Mais le mécanisme est le même (si je me souviens bien, il s'était également passé la même chose lors de l'affaire Buttiglione).
Peut-on vraiment dire que les medias doivent être exonérés de toute responsabilité pour les scandales qu'ils contribent à déclencher, et qu'on peut juste incriminer le "système"? Pour moi, la réponse est évidemment non.



Attaques, menaces, intimidation contre l'Eglise | Revoilà le motu proprio...