Vous vous trouvez ici: Humeurs Mai 2007  
 HUMEURS
Janvier 2007
Février 2007
Mars 2007
Avril 2007
Mai 2007
Juin 2007
Juillet 2007

REVOILÀ LE MOTU PROPRIO (SUITE)
 

En novembre 2006, déjà, Sandro Magister relevait "la fronde des évêques français". C'est donc bien prioritairement leur résistance qui "bloque" la publication du décret.
Son article figure ici ( Messe de St-Pie V: les évêques français... ): sa (re)lecture, 6 mois après, et au moment où la rumeur se fait de plus en plus insistante, éclaire beaucoup de choses. Il n'a probablement pas perdu une once de pertinence (sauf la date de publication avancée, que Magister situait "avant l'hiver"!), contrairement à la plupart des commentaires écrits sans réflexion, et il explique très certainement le "retard" dans la publication du texte.


Les évêques français haussent le ton avec le Pape

Ils veulent conserver le droit de veto contre l’emploi du missel tridentin, mais Benoît XVI penche plutôt vers la libéralisation.
La réprimande d’Arinze contre les abus liturgiques postconciliaires

par Sandro Magister
---------
ROME, le 13 novembre 2006 – Les évêques de France se sont réunis en assemblée plénière, la semaine dernière, ébranlés par la nouvelle que Benoît XVI serait sur le point de libéraliser la célébration de la messe dite de saint Pie V .

Les évêques français se sentent particulièrement visés par cette nouvelle parce que c’est en France que le renouveau liturgique avant et après le Concile Vatican II s’est développé le plus.
...
Pour un bon nombre d’évêques français, donner le feu vert au rite tridentin menacerait non seulement la réforme liturgique du Concile Vatican II, mais l’unité même de l’Église.

Les évêques de Strasbourg, de Metz et de la province ecclésiastique de Besançon, qui sont parmi les plus électrisés, ont signé un communiqué de protestation publié le 25 octobre:
“Les évêques redoutent que la généralisation de l’usage du missel romain de 1962 ne relativise les orientations du Concile Vatican II. Une telle décision risquerait aussi de mettre à mal l’unité entre les prêtres, autant qu’entre les fidèles”.

... le 26 octobre, un colloque consacré au même sujet controversé s’ouvrait à Paris ...
Parmi les participants qui y ont pris la parole, il y avait, entre autres, l’archevêque de Paris et président de l’Institut, André Vingt-Trois, ... et le préfet de la congrégation pour le culte divin, le cardinal Francis Arinze.
Dans sa relation, Vingt-Trois a admis que le renouveau liturgique effectué en France dans les dernières décennies a eu des mises en œuvre “parfois maladroites ou brutales, qui ont pu donner le sentiment d’une rupture de tradition”.
Il a aussi reconnu que “sous certaines fantaisies ou certaines dérives liturgiques on a pu identifier une autocélébration de l’assemblée elle-même substituée à la célébration de l’œuvre de Dieu, voire l’annonce d’un nouveau modèle d’Église”.
Mais, parmi les ovations des prélats présents, il a ajouté:
“D’autre part, sous couvert de la mobilisation pour la défense d’une forme liturgique, c’est bien à une critique radicale du Concile Vatican II que l’on a assisté, voire au rejet pur et simple de certaines des ses déclarations. ... Aucun des protagonistes de ces combats n’a cru ni dit que le problème était prioritairement et, moins encore, exclusivement liturgique. ...Il pose clairement la question de l’autorité d’un Concile œcuménique”.

Par contre, la relation du cardinal Arinze a fait l'effet d'une douche froide dans l’assistance.
En voici quelques passages:
“La sainte liturgie n'est pas une chose que l'on invente...”.
“Beaucoup d'abus, dans le domaine de la liturgie, ont pour origine non pas la mauvaise volonté, mais l'ignorance...”.
Malheureusement, beaucoup d'homélies ressemblent à des discours marqués par des considérations d'ordre sociologique, psychologique, ou, dans un style encore pire, politique. Parfois elles sont prononcées par des fidèles laïcs, qui ne sont néanmoins pas habilités à prononcer l'homélie pour laquelle il est requis de recevoir l'ordination...”.
Si l'on affaiblit le rôle du prêtre ou si on ne l'apprécie pas, une communauté locale catholique peut dangereusement sombrer dans l'idée qu'il est possible d'envisager une communauté sans prêtre...”.
...
* * *
Après ce début agité le samedi 4 novembre, le cardinal Ricard a consacré une bonne partie de sa relation d’ouverture de l’assemblée plénière des évêques français à la libéralisation tant redoutée de la messe tridentine par le pape.
Il a dit entre autres:
“La décision de libéraliser pour les prêtres la possibilité de dire la messe selon le missel de 1962 n’a pas encore été prise. Le Motu Proprio annoncé n’a pas été signé. Son projet va faire l’objet de consultations diverses. Nous pouvons faire part, dès maintenant, de nos craintes et de nos souhaits”.
“... Ce projet a son origine plutôt dans le désir de Benoît XVI de faire tout ce qui est en son pouvoir pour mettre fin au schisme lefevbriste".
“Contrairement aux intentions que certains lui prêtent, le pape Benoît XVI n’entend pas revenir sur le cap que le Concile Vatican II a donné à l’Église. Il s’y est engagé solennellement”.
Mais ces mots rassurants n’ont pas suffi à calmer les esprits des évêques français.
...Et il a ainsi formulé les requêtes des évêques français à Benoît XVI:
“Nous souhaitons poursuivre l’accueil de ceux qui gardent un attachement à la messe dite de saint Pie V. Une diversité est possible. Mais celle-ci doit être régulée. Il en va de l’unité de la liturgie e de l’unité de l’Église. On ne saurait livrer le choix d’une des formes du rite romain – messe de saint Pie V ou messe de Paul VI – à la seule subjectivité”.
En d’autres mots, les évêques français demandent à Benoît XVI de ne pas lever les empêchements que Jean Paul II avait mis sur l’emploi du missel tridentin.

* * *
Ce rite n’a jamais été abrogé complètement, ni par le Concile Vatican II ni par des dispositions successives.
...Cependant, depuis ce temps-là, il a été pratiquement proscrit.
En 1984, avec la lettre “Quattuor Abhinc Annos” de la congrégation du culte divin, Jean Paul II avait autorisé le rite tridentin mais à deux conditions péremptoires.
Pour célébrer la messe selon le rite de saint Pie V dans sa dernière version de 1962, il fallait avant tout reconnaître aussi “la légitimité et l’exactitude doctrinales“ du missel promulgué par Paul VI en 1970 selon les indications du Concile Vatican II.
Mais il fallait surtout obtenir le permis de l’évêque local.
Dans les faits, beaucoup d’évêques ont toujours refusé les requêtes faites dans tel sens par les prêtres et les fidèles.

Et ce refus assez généralisé, en particulier en France, a été un des facteurs qui ont poussé les disciples de l’archevêque architraditionaliste Lefebvre à se séparer de l’Église de Rome.
Benoît XVI veut régler ce schisme – qui est en effet plus doctrinale que liturgique –, mais il veut aussi exaucer le désir innocent des prêtres et des fidèles qui sont attachés à la messe latine de rite ancien. Il a donc l’intention de faciliter l’emploi du missel tridentin, en particulier en enlevant l’obligation d’obtenir la permission de l’évêque local.

Et c’est contre cela que les évêques français se sont insurgés.
...
Il ne faut pas non plus oublier l’incroyable – et souvent irréfléchie – pluralité de styles de célébration inaugurée par la réforme liturgique du Concile Vatican II et son nouveau missel de 1970.


Frères et soeurs de Jésus | Propos de Mgr Bertone: à boulets rouges