"Eusèbe interpelle les croyants de toute époque sur leur manière d'aborder l'histoire, celle de l'Eglise en particulier. Il nous interpelle dans la mesure où il nous demande comment nous nous positionnons dans la vie de l'Eglise".

"S'agit-il de la position de qui s'y intéresse par curiosité, voire à la seule recherche du sensationnel ou du scandaleux? Ou s'agit-il d'une attitude pleine d'amour, d'ouverture au mystère de qui sait de foi sûre qu'on peut trouver la marque de l'amour divin et les œuvres du salut dans les vicissitudes de l'Eglise. Si notre position est telle, nous ne pouvons qu'être stimulés à une réponse plus cohérente et plus généreuse, à un témoignage de vie plus chrétien".

Puis le Pape a cité le grand expert des Pères de l'Eglise que fut le Cardinal Jean Daniélou. Il parlait "du contenu caché de l'histoire, du mystère que sont les œuvres de Dieu et qui, avec le temps, apparaissent comme une réalité derrière des apparences... Mais l'histoire que Dieu écrit pour l'homme, il ne la réalise pas sans lui".
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Source: VIS

Discutant du Saint-Père avec une amie, nous nous étions posé la question de savoir s'il pourrait lui arriver de se mettre en colère.
Difficile à imaginer, c'est vrai.
Et pourtant...
Déjà, son ami théologien William Beinert avait dit de lui qu'il était "d'un courage indomptable, capable de dureté, même, pour défendre son Eglise".

C'est presque en termes de colère, ou à tout le moins d'impatience que, sur le site italien Petrus, Bruno Volpe interpréte la cathéchèse du mercredi 13 juin, consacrée à Eusèbe de Césarée (Audience du 13 juin , Audience du 13 juin (2) ) .

Pour situer le contexte, il faut se référer à la violente polémique qui secoue actuellement la péninsule italienne à propos de la diffusion d'un documentaire de la BBC intitulé "Sex, crime and the Vatican".
On en lira un compte-rendu détaillé ici: Nouvelles attaques contre l'Eglise

L'"excommunication" évoquée vaut aussi, sans doute, pour tout ce que, dans ces pages, je nomme "attaques contre l'Eglise"; et elles sont légion.

Article original de Bruno Volpe, en italien sur le site Petrus
Ma traduction

Et à la fin Ratzinger perd patience : "Assez avec les calomnies et les torts causés à l'Église"
Bruno Volpe

Commenter les catéchèses de Benoît XVI n'est jamais facile.
Je prends l'exemple de l'audience générale de ce mercredi. En analysant la figure historique d'Eusèbe de Césarée, le Souverain Pontife a voulu souligner la nécessité d'une vie christo-centrique, caractérisée par la miséricorde et l'amour.
Routine? Pas tout à fait. Parce que le Pape théologien a inséré dans le discours une référence claire aux récentes polémiques sur la diffusion du tristement fameux documentaire de la BBC ici-même, en Italie : "Ne cherchez pas dans l'Église de scandales à tout prix (...) Quelle est notre attitude envers l'Église et son histoire ? Une attitude de recherche du sensationalisme et du 'scandalisme' ? Ou bien sommes-nous ouverts à l'amour de celui qui sait voir dans l'Église l'amour de Dieu?".

Puis, lors de la même audience le Pape "a réhabilité" la figure du théologien Danielou, un Cardinal français, disparut en 1974, qui choisit d'habiter la maison d'une ex-prostituée.
Est-ce seulement un hasard ?
Le Saint-Père a parlé d'histoire de l'Église et pas de théologie de l'Église. Les mots du Pape ont presque fait penser à une "excommunication" du documentaire de la BBC comme de ceux qui se nourrissent quotidiennement de rumeurs, scandales, médisances sur le compte de l'Église, en interprétant son passé (et le document "Crimen sollicitationis" appartient justement à l'histoire de l'Église) uniquement dans une optique de destruction et jamais constructive.
On sait que l'amour est miséricorde, et la miséricorde représente une valeur positive, exactement l'opposé de la médisance, du scandale et de la recherche du sensationnel.
Il n'est donc pas hasardeux (toute interprétation est évidemment sujette à des critiques et à des démentis) de penser que le Pape, en gentilhomme qu'il est, en plus de l'intellectuel subtil, ait voulu, à demi-mots, répliquer à l'embuscade médiatique de la BBC et de Michele Santoro avec des mots légers comme des plumes mais aussi, lourds comme des pierres. Mots qui équivalent à une "excommunication" de tous ces faux "scoops", y compris celui de la BBC, qui, de l'histoire de l'Église, ne veulent voir que le côté scandaleux et pas celui de la miséricorde et de l'amour.