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MA REVUE DE PRESSE |
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Les articles qui me plaisent sont trop rares pour les passer sous silence. En voici deux (au moins des extraits), lus récemment:
Le premier, paru dans le n°390 de la lettre de Serge De Beketch, "Le Libre Lournal de la France Courtoise", signé par l'abbé François Marie-Paul, analyse avec finesse, et surtout sans pessimisme, ce qui n'est pas usuel, la situation actuelle dans l'Eglise de France. Bien vu!
J'ai trouvé le second dans la NRH, remarquable revue non conformiste d'histoire, dirigée par Dominique Venner. Il revient sur le "message de Ratisbonne" et il en retient ce qui reste sans doute l'essentiel, une fois l'écume dissoute: l'européanité. D'autres que lui ont fait la même analyse (voir par exemple Un "think tank" sur le discours de Ratisbonne ), mais elle s'accompagnait d'un certain ressentiment -voire une aigreur- absent ici.
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Quel chemin pour l'Eglise?
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Abbé-F. Marie-Paul, LLJ du 28 octobre 2006 -------------------- [..] Voyons la situation actuelle Aujourd'hui trois grands courants divisent l'Eglise.
Un premier courant représente les chrétiens dits "progressistes" ou de gauche, il est constitué essentiellement de personnes d'âge avancé et a contre lui sa propre idéologie qui a produit ses fruits pourris C'est à dire que ceux qu'il représente n'ont pas d'héritiers car presque tous leurs enfants sont athées et donc totalement désintéressés des questions qui passionnaient leurs parents. Ce courant n'a donc plus aucune existence à moyen terme.
Le deuxième courant est celui de la troisième voie. Constatant l'échec du premier courant ses tenats ont voulu appliquer le concile, rien que le concile dans son intégralité. Ils furent souvent sans le savoir le bras armé de la révolution. Tout leur système repose sur le concile et sur le côté parfois libéral et ambigu de Jean-Paul II. Ce courant, va sans doute subir, et ils le sentent, de fortes déconvenues à court terme, car ce sur quoi ils avaient tout fondé s'effondre à bonne allure. D'autre part, ils se disent romains, donc si le pape lui-même les prend à contre-pied, ils seront vite dans une position insoutenable où leur conscience ne leur permettra pas de désobéir au Souverain Pontife. Autre inconvénients, chez eux il y a une majorité de très braves gens, suiveurs et non entraîneurs, qui n'avaient pas d'autres solutions que de se rallier à cette chimériques troisième voie où l'on arrive jamais.
Reste le dernier groupe, celui des "restaurationistes". Il comprends tout les mouvements dits de la Tradition. Dans le contexte actuel c'est un très grand atout. Ses tenants sont jeunes, ardents, militants convaincus et surtout les plus hautes autorités semblent appuyer leur combat.
Tout indique en somme que nous changeons d'époque et que la tragique parenthèse ouverte dans les années soixante pourrait bien se refermer . Mais attendons, dans la prière, l'action et l'esprit des sacrifice que le Seigneur agisse dans son Eglise par l'intermédiaire de celui que nous pourrons appeler sans doute un jour : Benoît XVI le grand pape de la contre-révolution.
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Le message de Ratisbonne
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Dominique Venner, NRH n°27, novembre-décembre 2006 ------------------------ La leçon professorale du pape Benoît XVI à l'université de Ratisbonne le 12 septembre 2006 a été un événement de première grandeur, mais non pour les raisons habituellement invoquées. Au premier degré, on peut comme tout le monde en faire une lecture politique, y voir l'illustration du choc des civilisations. Cela s'est traduit par de vives réactions au sein du monde musulman. On a mis en avant la citation que le pape a donné des Entretiens avec un musulman, 7e controverse, livre du théologienThéodore Khoury (Cerf, 1966), qui relate les discussions ayant opposé en 1391 l'empereur byzantin Manuel ll Paléologue (1350-1425) à un érudit musulman d'Ispahan. Se concentrant sur le thème du djihad, l'empereur dit notamment à son interlocuteur: «Montre-moi ce que Mahomet a apporté de nouveau. Tu ne trouveras que des choses mauvaises et inhumaines, comme le droit de défendre par l'épée la foi qu'il prêchait. [... ] Pour convaincre une âme raisonnable, on n'a besoin ni de bras ni d'armes, ni non plus d'un quelconque moyen par lequel on peut menacer quelqu'un de mort... » Tels sont les propos, cités par le pape, qui ont fait flamber l'indignation de nombreux musulmans. [...] En braquant l'attention sur la critique des violences religieuses dont l'islam n'a pas le monopole, on a masqué une autre lecture de la conférence papale, d'une signification autrement riche d'un point de vue européen. S'appuyant sur Théodore Khoury, le pape montre que, pour l'empereur Manuel II, « un Byzantin éduqué dans la philosophie grecque», la conversion forcée est déraisonnable. Pourquoi? Parce que, pour l'empereur philosophe, agir de la sorte « est contraire à la nature de Dieu. En revanche, pour la doctrine musulmane, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n'est liée à aucune catégorie, pas même celle de la raison ».
Où Benoît XVI veut-il donc en venir? Au centre de sa docte et longue conférence, il pose la question problématique du rapport entre foi et raison. Pour ce faire, il déploie une interprétation inhabituelle du christianisme européen qui constitue l'apport principal de son exposé. Citons-le. «La conviction [de l'empereur Manuel II] qu'agir contre la raison est contraire à la nature de Dieu est-elle seulement une pensée grecque ou est-ce valable en soi et pour toujours? Je pense que, sur ce point, se manifeste la profonde concordance entre ce qui est grec dans le meilleur sens du terme et ce qui est foi en Dieu fondée sur la Bible. [...] Ce rapprochement intérieur qui s'est opéré entre la foi biblique et le questionnement philosophique de la pensée grecque est un fait d'une importance décisive, non seulement du point de vue de l'histoire des religions, mais aussi de celui de l'histoire universelle - un fait qui nous crée encore aujourd'hui des obligations. » Et voici maintenant le noeud de la réflexion: «Quand on constate, dit Benoît XVI, cette rencontre, on ne peut guère s'étonner que le christianisme, en dépit de son origine et de son important développement en Orient, ait fini par trouver en Europe un lieu de son empreinte historique décisive. Nous pouvons dire à l'inverse: cette rencontre, à laquelle s'est ajouté par la suite l'héritage romain, a créé l'Europe et reste le fondement de ce qu'on peut avec raison appeler l'Europe. »
Si nous analysons ces lignes avec le regard de l'historien et de l'Européen soucieux de son identité, indépendamment de toute conviction religieuse, on note d'abord que ce raccourci historique n'est pas faux. De fait, le christianisme est né dans un Orient sémitique réfractaire à l'influence hellénistique. Originellement, il est extérieur à l'Europe. Par la suite, il a été transformé intérieurement, entre autres par les apports de la pensée grecque et de la tradition romaine. Il s'est européanisé, par des emprunts à une tradition spécifiquement européenne qui lui préexistait et dont l'expression primordiale est tout entière présente, on le sait, dans les poèmes homériques. Ces choses avaient rarement été dites avec une telle netteté par une voix aussi autorisée. Mais lisons la suite de la conférence: «À la thèse selon laquelle l'héritage grec, purifié par la critique, est partie intégrante de la foi chrétienne s'oppose la demande de déshellénisation du christianisme... » Ainsi le christianisme peut changer de nature. À lire attentivement le pape, on comprend qu'il réprouve la « demande de déshellénisation» qui, « depuis le début de l'ère moderne, domine de plus en plus la recherche théologique. En regardant de plus près, on observe trois vagues dans ce programme de déshellénisation ». Le pape les énumère en les commentant. Tout d'abord, la Réforme du XVI ème siècle qui entend revenir à la seule parole biblique. Ensuite, la philosophie de Kant, qui sépare foi et raison. Enfin, la théologie libérale du XX ème siècle qui fait retour au message le plus simple de « l'homme Jésus », lequel, avant toute hellénisation, constituerait le sommet du développement religieux et se trouve réduit au rôle de «père d'un message moral humanitaire». On sent que cette régression vers une morale doucereuse qui correspond à des tendances historiques lourdes n'est pas du goût de Benoît XVI. Sans doute ce pape hors normes, attaché aux racines helléniques de sa religion, est-il, plus qu'un autre, hanté par les conséquences des terribles épreuves subies par l'Europe durant le « siècle de 1914 ». À sa façon, dans cette conférence, il tente, semble-t-il, d'y porter remède par un effort d'européanité.
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Réconciliation avec les "intégristes" | Le calendrier du Pape
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