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DIALOGUE AVEC L'ISLAM? |
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Le Saint-Père est certainement, très attaché au dialogue avec les autres religions et particulièrement -n'en déplaise à certains catholiques- avec les musulmans. Pas dans un esprit de soumission ou de compromission, comme l'a prouvé son discours de Ratisbonne, mais plutôt de transmission du message chrétien, et évidemment de souci pour la paix. Il est, qu'on le veuille ou non, LE principal (ou le seul) leader spirituel de l'Occident, et il est son rôle quand il réclame l'apaisement -il n'est que de constater à quel point chacun de ses propos jugés non conformes est passé au crible, c'est donc que CHACUN DE SES PROPOS est écouté et pesé par certains. Un des thèmes qui lui tient le plus à coeur, c'est la thèse du choc des civilisations, née du drame du 11 eptembre et développée par des idéologues incendiaires, que lui-même réfute avec force. Je me souviens qu'au lendemain des attentats dans le métro de Londres, en juillet 2005, alors qu'il était en vacances dans le val d'Aoste, il avait réagi en répondant familièrement aux journalistes qui l'interrogeaient sur ce prétendu "scontro delle civiltà": "Non è giusto, parlare cosi"...Dans sa bouche, habituée à peser les mots, c'était un désaveu très fort de cette dangereuse théorie propre à justifier toutes les agressions.
Recevant en visite ad limina un groupe d'évêques Allemands le 9 novembre dernier, il est revenu sur la nécessité du dialogue, et même de la formation d'interlocuteurs, en faisant allusion aux relations des chrétiens ... -------------------------- "... avec les pratiquant d'autres religions, ...avec les musulmans qui vivent en Allemagne et "que nous devons savoir rencontrer avec respect et bienveillance". ...Précisément eux qui, avec tant de sérieux s'attachent à leurs convictions et à leurs rites, ont le droit à notre humble et ferme témoignage en Jésus-Christ. Pour rendre ce témoignage crédible,... il serait nécessaire que dans les lieux où il y a une forte population musulmane, il y ait aussi des interlocuteurs catholiques avec les connaissances linguistiques indispensables et d'histoire religieuse qui les rend aptes à un dialogue avec les musulmans "" Source: ESM -------------------------- Evidemment, si l'on veut discuter avec les gens, il vaut mieux savoir de quoi on parle (l'ignorance est d'ailleurs le grand drame -pour nous- de nos medias), et, en étant "ceux qui savent", on se met forcément dans la position la plus favorable pour le dialogue...
C'est dans cet esprit qu'il a reçu en tête-à-tête samedi 11 novembre un philosophe musulman, l’universitaire algérien Mustapha Cherif, à la demande de ce dernier, pour un entretien théologique sur l’islam et les moyens de "faire reculer la haine religieuse", ainsi que l'a annoncé Mustapha Cherif à l’AFP. Cette rencontre exceptionnelle, qui n’a pas été annoncée par le Vatican, a eu lieu dans le bureau personnel du souverain pontife et a duré une demi-heure, a précisé l’universitaire. "Le pape m’a écouté avec beaucoup d’attention, beaucoup de bonté, et il y a eu un véritable échange", a indiqué Mustapha Cherif. Mustapha Cherif, qui enseigne à l’université l’Alger et a été en France l’un des fondateurs d’un groupe de dialogue islamo-chrétien (le GAIC), avait demandé à être reçu par le pape il y a plusieurs mois, avant le discours prononcé par Benoît XVI à Ratisbonne.
Le site du Conseil Français du Culte Musulman relate cette rencontre, par la bouche du philosophe (lire en entier ici, sur le site du CFCM )
Je n'ai nullement l'intention de porter un jugement -positif ou négatif- sur son récit, d'autant plus qu'il s'agissait d'une rencontre strictement privée, qui n'a fait l'objet d'aucun compte-rendu du Vatican. Il me semble toutefois que, quand dans les mêmes circonstances, le Saint-Père avait reçu Oriana Fallacci, les medias avaient beaucoup glosé, mais il n'y avait eu aucun commentaire de fait ni d'un côté ni de l'autre. Les propos de Mustafa Chérif -sans doute un de ces intellectuels musulmans raisonnables à qui Benoît XVI essaie de tendre la main avant qu'il ne soit trop tard- n'engagent donc que lui, mais ils témoignent avec force de l'esprit d'ouverture et de la capacité d'écoute du Saint-Père.
Je retiens particulièrement ceci -et j'espère que la conclusion est un souhait sincère:
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Mustapha Chérif rencontre le Pape
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"J’ai eu le privilège et le grand honneur d’être reçu, à ma demande, en audience privée, par le Saint Père Benoît XVI, ce 11 novembre à Rome. Je fus touché par son accueil, en tête a tête, par sa bonté et son attention. Je l’ai vivement remercié pour cette première rencontre, entre sa sainteté et un penseur musulman, ce qui marque son attachement au dialogue interreligieux. Après avoir écouté mes préoccupations suite à sa décision de rattacher le « Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux » à celui de la Culture , il veut réfléchir à une relation féconde. ...
Il a approuvé par sa sagesse, le fait que chrétiens et musulmans ne doivent pas être concurrents, mais alliés et amis. J’ai précisé que la polémique du « choc des civilisations», la recherche d’un nouvel ennemi et la stigmatisation de l’Islam ne sont-ils pas une diversion pour occulter les problèmes de notre époque, pour nous diviser, nous frères abrahamiques, afin de faire régner le culte du veau d’or ? Ces dérives n’aboutissent-elles pas à des formes de déshumanisation et à la sortie de la religion de la vie ?... Le dialogue interreligieux est le facteur décisif de l’alliance des civilisations. A cette fin, j’ai soumis à la haute appréciation de sa Sainteté trois suggestions : - La tenue d’un colloque interreligieux sur le thème de la lutte contre la haine religieuse. - La sensibilisation de la communauté internationale sur le caractère condamnable des offenses et des atteintes contre les symboles sacrés des religions, à l’instar des principes relatifs au racisme et à l’antisémitisme, dans le respect du droit en matière de liberté d’expression et de critique. - Enfin, le soutien et la multiplication de groupes et réseaux d’amitié, de dialogue et de recherche islamo-chrétiens à travers le monde. Avec attention et comprehension, le Saint Père partage le souci de travailler à la paix et la justice. Cette rencontre est un beau signe d’espérance."
Mustapha Chérif, philosophe, islamologue, ancien ministre algérien
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Cette rencontre s'inscrit parfaitement dans le rôle que Benoît XVI entend donner à la demeure du Successeur de Pierre, ainsi qu'il l'avait confié en août dernier aux journalistes de la télévision bavaroise: un lieu de rencontres et d'échanges, c'est-à-dire, si l'on veut, une sorte de chaudron intellectuel: (cf: Interview (11) ) -------------------------- "A vrai dire je ne suis pas si seul que cela. ... je reçois chaque jour de nombreuses visites, surtout quand je suis à Rome. Il y a les évêques qui viennent, il y a d’autres personnes, il y a les visites d’Etat, de personnalités qui veulent parler avec moi personnellement et non seulement de questions politiques. Dans ce sens il y a une multiplicité de rencontres qui grâce à Dieu me sont données sans cesse. Et il est aussi important que le siège du Successeur de Pierre soit un lieu de rencontre – n’est-ce pas? " -------------------------
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Le calendrier du Pape | Voyage en Turquie (I)
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