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HENRI BOULAD, JÉSUITE ÉGYPTIEN
 

Information parue dans la CROIX , à partir d'une dépêche de l'AFP:

Le père Boulad, jésuite égyptien, célèbre "l'heureuse faute" du Pape sur l'islam
LE CAIRE, 1 oct 2006 (AFP)


Felix Culpa

Recteur des collèges jésuites du Caire, le père Henri Boulad, estime le temps venu de "la clarté, de la sortie de l'ambiguité" avec l'islam "face à la poussée de l'intégrisme musulman".
Ce catholique égyptien, né à Alexandrie en 1931, considère que le propos de Benoit XVI sur l'islam pour "malheureux et regrettable" qu'il soit, n'était pas "pur hasard" et pourrait inaugurer "un dialogue plus vrai et franc".

"Si faute il y a eu de la part du Pape, elle pourrait être heureuse: c'est une felix culpa", dit le père Boulad à l'AFP, en reprenant l'expression de Saint Augustin sur le caractère salvateur du péché originel.

Dans son modeste bureau du collège de la Sainte Famille, dans le quartier de Fagallah, creuset de l'élite cairote depuis plus d'un siècle, il estime aujourd'hui que "nous ne sommes qu'au commencement de l'épreuve".
Pour lui, l'islamisme "reflète l'essence même d'un islam figé, comme un poussin dans un oeuf. C'est un type de totalitarisme de la pensée".
Le souverain pontife, citant un empereur byzantin du XIVème siècle, avait dans un discours le 12 septembre évoqué un lien entre islam et violence, et soulevé le problème du rapport entre foi musulmane et raison.

"Il n'avait pas besoin de cette référence, mais elle reflète bien sa volonté de clarifier ce qui sépare l'islam et le christianisme sur ces questions fondamentales", a-t-il dit le père Boulad.

Benoit XVI, enchaîne-t-il, "connaît assez bien" la théologie musulmane "pour dire que l'islam est indissociable de la politique et d'un projet global de société".

Quant aux réactions virulentes dans les pays musulmans, le père Boulad les estime "compréhensibles bien que souvent irraisonnées et parfois violentes". "le propos du Pape obligera chacun à sortir ce qu'il a sur le coeur, sans faux-semblants", dit-il.
Et ainsi, affirme-t-il, "quand on dit que l'islam est une religion de tolérance, j'en attends les preuves, et constate surtout que dans les 57 pays à majorité musulmane, il n'y a pas de liberté religieuse".
Un musulman ne peut pas devenir librement chrétien en Egypte, pays de 72 millions d'habitants, où la minorité chrétienne est de 10 %, (6 millions de coptes orthodoxes, 200.000 catholiques et 200.000 protestants).
"Si c'est le cas, l'alternative est la clandestinité totale ou l'exil, alors qu'un chrétien qui épouse une musulmane est forcée de se convertir à l'islam", souligne-t-il.

"Cela le pape le sait : il est très lucide, et sans illusions sur la réciprocité religieuse, ou plutôt son absence", affirme ce catholique égyptien, ancien vice-président de l'organisation Caritas dans le monde arabe.
Pour le père Boulad, le "courant massif est celui de l'islamisation de la société". "On voile les filles de plus en plus jeunes, et la poussée de l'intégrisme se poursuit, avec une radicalisation des esprits", dit-il, notant que la chariah, la loi islamique, est considérée source de la loi dans la constitution.
Il y a, dit-il, une "schizophrénie musulmane", à l'égard de la femme, "objet de convoitise et d'interdit". "La sexualité est un problème central", pense ce prêtre qui a étudié au Liban, en France et aux Etats-Unis.

En Egypte, estime ce spécialiste de Teilhard de Chardin, "on retrouve chez les musulmans, comme chez les chrétiens (coptes orthodoxes) une absence de pensée de critique, et l'attirance pour le fondamentalisme".

Le père Boulad ne se dit pas sans espoir. "L'Islam est-il réformable ? c'est toute la question, et je souhaite de tout coeur qu'il s'adapte à une époque pluraliste dans des Etats où le temporel et le spirituel sont séparés".
"Aujourd'hui", d'après lui, "le monde arabe s'est emparé du modernisme, c'est-à-dire l'écorce de la modernité, avec ses techniques et produits, mais il ne pourra indéfiniment résister à la modernité, qui passe par la pensée critique".

La Croix, 1er octobre 2006



Tiède défense du pape et liberté d'expression

Il a raison, bien sûr, et s'il était un simple laïc, j'applaudirais des deux mains à sa lucidité et à ses propos de bon sens!!
Oui, mais...
(On admirera au passage le jésuitisme de la formule: "heureuse faute"!!)
J'aurais aimé que ce prêtre catholique prenne la défense du Chef de l'Eglise avec moins de scepticisme. Et aussi que l'unique quotidien "catholique" français s'engage pour lui avec davantage de conviction, en particulier en donnant la parole à d'autres gens. Cela doit bien se trouver!!
Décidément, le Pape est bien seul.
On a peut-être le droit de penser qu'il a fait une erreur (IL N'EN A PAS FAIT), mais on peut, par loyauté, laisser à ses ennemis le soin de le dire. Là, nous sommes vraiment, une fois de plus, en pleine dictature du relativisme.
On sent bien que presque tous ceux qui ont pris la "défense" du Saint-Père, et qui ont eu la possibilité de s'exprimer, l'ont fait pour de mauvaises raisons (principalement, la sacro-sainte liberté d'expression, c'est-à-dire le droit de tourner en dérision tout ce qui est sacré pour les autres: voir par exemple http://www.reveil-des-marmottes.net/ , c'est évidemment aux antipodes des convictions de Benoît XVI) , et à reculons.

J'ai fait une recherche sur le nom de ce jésuite grâce au moteur de recherche Google et j'ai trouvé un article de lui publié sur le site oumma.com (voir aussi ICI).
C'est déjà une démarche peu ordinaire.
S'il est assez lucide (mais prudent...) sur l'Islam, il témoigne face à la hiérarchie catholique d'un scepticisme qui laisse perplexe quant à ses sentiments. Si c'est vraiment ce qu'il pense, que fait-il rencore à la place où il est? Et comment peut-il discuter avec les religieux musulmans, qui sont probablement des blocs de convictions?
Avec de tels clercs, qui confondent, ainsi que l'a déploré le Saint-Père, l'activisme politique et l'annonce de la "Bonne Nouvelle", l'Eglise elle-même devient une terre de mission pour l'évangélisation.

Extrait:
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Question: Vous n’épargnez personne, et surtout pas votre propre Eglise...

Réponse: L’Eglise catholique ne parle plus le langage d’aujourd’hui. Elle utilise un discours anachronique, incompréhensible. Elle ne sait plus expliquer en quoi l’Evangile est une bonne nouvelle. Dans l’un de mes écrits, j’imagine Jésus en blue-jean et je me demande comment nous l’accueillerions s’il revenait parmi nous.
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