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BENOÎT XVI ET L'IMMIGRATION
 

Benoît XVI recevait, le 26 octobre, le nouvel ambassadeur de Belgique auprès du Saint-Siège, Franck De Coninck.

Voilà exactement ce qu'il lui a dit, à propos du probléme de l'immigration.

Cela s'applique évidemment mot pour mot à la situation actuelle de la France.

Voir aussi ici: Immigration


 
Fotografia Felici   



Extrait du discours du Pape

Aujourd’hui, l’accueil d’immigrés de plus en plus nombreux et la multiplication sur un même sol de communautés différentes par leur culture d’origine ou leur religion rendent absolument nécessaire, dans nos sociétés, le dialogue entre les cultures et entre les religions, comme je l’ai rappelé au cours de mon récent voyage en Bavière et comme vous venez vous-même de le souligner. Il convient d’approfondir la connaissance mutuelle, en respectant les convictions religieuses de chacun et les légitimes exigences de la vie sociale, conformément aux lois en vigueur, et d’accueillir les immigrés, de sorte qu’on respecte toujours leur dignité. Pour cela, il importe de mettre en œuvre une politique d’immigration qui sache concilier les intérêts propres du pays d’accueil et le nécessaire développement des pays les moins favorisés, politique soutenue aussi par une volonté d’intégration qui ne laisse pas se développer des situations de rejet ou de non-droit, comme le révèle le drame des sans-papiers. On évitera ainsi les risques du repli sur soi, du nationalisme exacerbé ou même de la xénophobie, et on pourra espérer un développement harmonieux de nos sociétés pour le bien de tous les citoyens.


Comment ses propos sont déformés

Je note qu'il revient sur ce thème qui lui est cher du dialogue nécessaire entre les religions, ou les cultures (ce qui était en fait le sujet de la conférence de Ratisbonne), seule alternative possible au "choc des civilisations", et sur la nécessité de respecter les convictions religieuses de chacun (ce qui implique une réciprocité: et comme il est clair que la Belgique tout comme la France, respecte les convictions religieuses des immigrés au moins de confession musulmane, il y a là un message à méditer).
Concernant l'accueil des étrangers, conforme au message de l'Evangile, le Pape ne peut certes s'exprimer autrement. Qui pourrait en effet soutenir qu'il ne faut pas respecter la dignité des immigrés? Quand on voit d'ailleurs comment le moindre de ses propos est passé au scanner de la bien-pensance, on n'ose imaginer le tohu-bohu médiatique qui suivrait s'il disait autre chose -surtout dans l'exercice convenu et balisé d'un discours diplomatique.
Si certaines dépêches d'agence ont souligné les "mots-clés" convenus, ceux qui suscitent dans le petit monde médiatique le réflexe pavlovien habituel, "sans-papiers", "nationalisme exacerbé", "xénophobie" (ces problèmes existent, même si je ne m'en sens pas responsable, et le Saint-Père est mieux placé que quiconque pour arbitrer le débat et exhorter au calme), elles ont moins relevé l'appel au respect des "légitimes exigences de la vie sociale conformément aux lois en vigueur", et l'incitation à nos gouvernants de mettre en oeuvre "une politique d’immigration qui sache concilier les intérêts propres du pays d’accueil et le nécessaire développement des pays les moins favorisés".

Pour donner une idée de la façon dont ses propos sont interprétés par une agence au-dessus de tout soupçon, le titre de la dépêche de l'Agence Zenit était: Benoît XVI demande des mesures pour les « sans-papiers », alors que le Saint-Père a dit qu'il ne fallait pas laisser se développer des situations de non-droit "comme le révèle le drame des sans-papiers". Chacun est d'accord avec lui sur ce point, et, sans jouer sur les mots, ce n'est pas la même chose.

Notons enfin que, même si son message est universel, le Pape s'adresse en premier lieu aux occidentaux, à travers l'ambassadeur de Belgique, et que ce n'est évidemment pas à lui qu'il revient d'admonester les immigrés. Cela ne serait-il pas plutôt du ressort des responsables religieux d'une certaine "grande religion" qui refuse la séparation entre les pouvoirs temporels et spirituels, et prétend s'impliquer tellement dans la vie politique et sociale des pays d'accueil?


 

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