Mon récit

S O L E N N I T É   D E   S S   P I E R R E   &   P A U L ,   2 9   J U I N   2 0 0 5 

Ce jour est férié, à Rome, et le Saint-Père célèbre traditionnellement une messe solennelle, Place Saint-Pierre. C'était la première fois, pour Benoît XVI.

Il y avait une foule immense, notre Pape remettant en cette occasion le pallium à un grand nombre d'archevêques métropolitains (parmi lesquels Mgr Vingt-Trois, nouvel archevêque de Paris, que le hasard m'a fait retrouver le lendemain dans l'avion, au retour de Rome). Des délégations venues du monde entier les accompagnaient et avaient des places réservées à l'intérieur de la basilique, par les diocèses, sans doute depuis longtemps.
La messe commençait à 9h30, j'étais là à 7h30, mais à 8h, la file pour accéder à la basilique via les portiques de sécurité s'allongeait déjà de façon inquiétante. C'est sans doute la raison pour laquelle le centre pastoral d'accueil de l'Eglise Saint-Louis des Français, auquel je m'étais adressée au moins deux mois à l'avance, n'avait pas pu avoir de billets pour moi, cette fois-là. (je précise qu'en 2006, je les ai à nouveau sollicités, et j'ai pu obtenir sans problème le précieux sésame... qui s'est révélé finalement inutile pour moi, mais je crois comrendre qu'il sert essentiellement à la Préfecture de la Maison pontificale à comptabiliser les pélerins présents pour ses statistiques annuelles )
J'étais déçue (étant venue de France tout exprès pour LE voir), mais sans amertume, car beaucoup de gens, même des religieuses et des prêtres étaient dans mon cas, et mes faibles mérites religieux ne me semblaient pas relever d'un statut particulier justifiant une quelconque faveur.
J'ai réussi, à forte d'insistance auprès des gardes, et en "resquillant" un peu à me glisser à l'intérieur de la basilique (ce qui n'était pas évident, car le service de sécurité est à juste titre très tatillon!), déjà archicomble dès 8h30. Malgré l'ambiance suffocante, le spectacle, pendant les 60 minutes précédant le début de la messe, mérite amplement l'attente. Les pélerins venaient du monde entier- des gens de toutes races, parlant toutes les langues, ce qui laisse à méditer sur l'universalité de notre religion, dont certains s'obstinent à prétendre qu'il s'agirait d'une secte!!! Je me suis retrouvée au milieu d'un groupe de très jeunes séminaristes, âgés d'une quinzaine d'années tout au plus, attendrissants et craquants dans leurs soutanes neuves sans doute achetées tout exprès pour l'occasion. J'ai également croisé Richard Boutry, le présentateur de KTO TV, accompagné de son cameraman, tous deux guère efficaces et aussi peu chanceux que moi(!)

J'étais placée dans le transept du côté gauche, et je ne voyais pas l'autel.
Mais j'ai quand même eu droit au son, à défaut de l'image!
Comment oublier l'ambiance quand le Saint-Père est entré, le grondement sourd qui faisait vibrer les voûtes grandioses de la Basilique, couvrant en partie la musique des grandes orgues, tandis que je le devinais remontant lentement l'allée centrale, puis le crépitement des applaudissements, et les éclairs de flash quand il atteignait enfin l'autel. Les plus petits étaient montés sur les épaules des grands, tout le monde mitraillait, espérant sans doute figer sur la pellicule ou capturer sur la video ce petit moment d'éternité. C'était beau, même si le recueillement n'était pas au diapason de la sacralité des lieux et de la solennité de la célébration - mais dès que la messe a commencé, un silence, impressionant compte tenu de l'immensité de la foule, s'est installé. J'ai même pu l'apercevoir LUI (avec la jolie mèche rebelle de cheveux blancs sous la mitre) sur l'écran du camescope de mon voisin, plus grand que moi!
J'ai été incapable de rester 2h30 à l'intérieur, la chaleur était presque insupportable, l'atmoshère suffocante, et lui était invisible. Mea culpa... Comment ne pas penser à son attitude stoïque à lui, magnifique et hiératique sous les lourds ornements liturgiques? (et pourtant, lui aussi souffrait de la chaleur, les écrans le montraient souvent s'épongeant le visage à l'aide d'un mouchoir tiré de sa manche, les journaux italiens l'avaient remarqué, qui ont écrit ensuite "il papa ha un fazzoletto nelle maniche, come le nonne").
J'ai quand même eu un très joli petit livret offert à toutes les personnes présentes pour suivre la liturgie.
J'ai donc suivi le reste de la messe sur les écrans géants de la Place Saint-Pierre, elle aussi bien remplie, et dans une ambiance assez recueillie pour l'extérieur, il y faisait très chaud, mais il y avait de l'air.
A midi, les gens ont commencé à s'agiter, et à monter sur les chaises disposées sur le parvis, car la messe était finie, et ils espéraient peut-être que le Saint-Père viendrait sur la place, tous scandaient BE-NEDETTO. Les polonais en particulier étaient nombreux et fervents, chantant des cantiques et agitant des drapeaux, j'ai trouvé cela aussi très beau...Par contre, peu ou pas de français (à part moi...)
Et puis tout le monde a reflué sur le côté en voyant que l'on déployait les armoiries papales au dernier étage du palais pontifical, IL est apparu comme un ange à la mythique fenêtre, en s'excusant gentiment de son supposé retard (en fait, il ne s'agissait nullement d'un retard, car la majorité de l'assistance ignorait ce qui allait se passer), et a récité avec nous la prière de l'Angelus.
Le reste, on l'a vu à la télévision. Pour ce qui me concerne, j'ai eu le bonheur d'être bénie ce jour-là par lui pour la seconde fois lors de mon séjour à Rome.


Solennité de SS Pierre & Paul, 29 juin 2005