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Le ton général est "les marchands du temple" à Lourdes, et les comparaisons habituelles ente Benoît XVI et Jean Paul II (17/8/2008)

Une mise au point préliminaire

... et rendue nécessaire par une réaction récente à mon site.

Ce qui suit est une revue de presse, et rien d'autre.
C'est la raison pour laquelle je cite les articles en entier, en évitant de les commenter.
Si la demande m'en est faite expressément, je suis évidemment disposée à "effacer" les articles sujets de litige.
Cela ne peut de toutes façons pas m'empêcher de constater que Le Monde "ouvre le feu" des hostilités, ou au moins des moqueries, en divulguant une information qu'il conviendrait de contrôler avant... et de vérifier après! ("selon plusieurs sources officieuses, Benoît XVI devrait se faire présenter la famille du président"). Ni de relever l'extrême conformisme de la presse généraliste, dont je suis presque convaincue que, sauf à se discréditer auprès d'un public qui aura vu les "directs" à la télévision, sera obligée de faire son mea culpa après! Voir ce qui s'est passé aux Etats-Unis et en Australie.

Echantillon:
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Même si Benoît XVI se révèle «moins populaire que Jean-Paul II », comme le constate Bruno Pène, un vendeur d'articles de piété, qui regrette que les objets à son effigie se vendent nettement moins que ceux sur lesquels figure le second, la venue du Saint-Père, du 13 au 15 septembre, devrait contribuer à doper un peu plus encore cette affluence que des professionnels du tourisme qualifient déjà de «record».

Mais dans les échoppes et dans les coeurs des fidèles, Jean-Paul II est toujours présent.
Moins charismatique, l'Allemand séduit moins. Ce qui n'empêche pas les commerçants de tirer profit de la prochaine visite.
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Même si l'idée que les porte clés et les T-Shirts à l'effigie de Benoît XVI se vendent mal ne m'inspire pas de tristesse particulière (qui, l'ayant vu, aurait l'idée d'acheter des objets aussi laids?), je suis quand même étonnée que le directeur des sanctuaires de Lourdes ait qualifié le pélerinage de Benoît XVI de "visite d'un chef d'état", par opposition à la visite "privée de Jean-Paul II??? De quel bord est-il?

Et, à l'intention des medias, si les gens ne connaissent pas Benoît XVI, à qui la faute?

Le Monde (I)

Lourdes et Paris accueilleront le pape dans un mois
LE MONDE| 15.08.08 |
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Dans la grisaille qui accable souvent les catholiques en France, la première visite de Benoît XVI à Paris et Lourdes, du vendredi 12 au lundi 15 septembre, s'annonce comme une éclaircie. La mobilisation bat déjà son plein, en particulier au sanctuaire marial de Lourdes (Hautes-Pyrénées) qui vit dans l'euphorie et reste un signe exceptionnel de santé pour l'Eglise. Près de 50 000 visiteurs et fidèles du "Pèlerinage national", organisé chaque année par les religieux assomptionnistes, étaient attendus, vendredi 15 août, pour la fête de l'Assomption.



Une affluence qui devrait être multipliée par cinq pour la venue du pape à Lourdes, du 13 au 15 septembre, à l'occasion du "Jubilé", célébrant le 150e anniversaire (en 1858) des apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous (1844-1879). Depuis le début de 2008, le flot des pèlerins est supérieur de 40 % à celui de l'année précédente. La cité pyrénéenne avait misé sur 6 millions de visiteurs en 2008. La prévision est rectifiée à la hausse : 8 millions.

Outre les réservoirs traditionnels des diocèses de France, d'Italie, d'Espagne ou de Pologne, Lourdes attire de plus en plus de pèlerins d'Europe de l'Est et des Balkans (Slovaquie, Hongrie, Slovénie, Croatie), d'Afrique, de pays hindous (où Marie passe pour une "déesse") et même musulmans. Jacques Perrier, évêque de Lourdes, reste modeste : "L'affluence dans les hauts lieux spirituels est un phénomène mondial, qui traverse toutes les religions", dit-il au Monde. " Les croyants, comme les non-croyants, recherchent des espaces de recueillement dans des sociétés stressantes."

Lourdes ne change pas (accueil des malades, des jeunes, dévotion populaire), mais se renouvelle toujours. En 2008, l'innovation est le "Chemin du jubilé", que le pèlerin doit faire à pied - et que fera le pape - sur les étapes de la vie de Bernadette : l'église où la "voyante" fut baptisée, le "cachot" où sa famille ruinée fut enfermée, la grotte des apparitions, l'hospice où la future sainte visita les malades. Cela permet de retrouver, selon Mgr Perrier, "l'intuition originelle" de Lourdes : la proximité avec les "exclus", la solidité de la " famille chrétienne". Des thèmes que le pape reprendra. Celui-ci s'adressera aux jeunes et aux malades et devrait aussi traiter d'un sujet international comme l'avait fait Jean Paul II plaidant, en 1983, pour les "chrétientés persécutées".

A Paris, Benoît XVI s'efforcera de renouer d'autres liens entre la société laïcisée et la tradition chrétienne de la France. Dès son arrivée, vendredi 12 septembre au collège des Bernardins restauré (dans le 5e arrondissement), il tiendra un discours très attendu sur les rapports entre la foi et la culture moderne. Un sujet explosif dans un pays où se confrontent depuis longtemps christianisme et rationalisme. Joseph Ratzinger connaît bien la culture française, mais elle lui semble désertée par la foi. Une liste de 700 invités - scientifiques, philosophes, artistes - a été établie par l'archevêché de Paris. M. Sarkozy a souhaité en être.

L'autre sujet sera la place de la religion dans la République laïque. Aux Etats-Unis, en avril, Benoît XVI s'était félicité du rôle joué par les Eglises dans l'espace public. En France, où la tradition de "séparation" est différente, il encouragera les catholiques, au nom d'une "laïcité positive", à être plus actifs dans les débats où des "valeurs humaines essentielles" sont engagées (immigration, respect de la vie, bioéthique, etc.). Nicolas Sarkozy recevra le pape, dès son arrivée, à l'Elysée. Son discours sur la laïcité sera "millimétré", tant son allocution de décembre 2007 à la basilique Saint-Jean de Latran à Rome, avait été contestée.

Le rendez-vous majeur sera la célébration sur l'esplanade des Invalides, samedi 13 septembre. 200 000 fidèles au moins sont attendus. Les architectes Jean-Marie Dutilleul et Benoît Ferré ont été sollicités pour concevoir un podium de 80 mètres de long, en harmonie avec l'esthétique des Invalides. En revanche, le dialogue interreligieux sera réduit à la portion congrue et les communautés reçues séparément par Benoît XVI : les juifs à la nonciature avant le shabbat, les musulmans à la rencontre des Bernardins, les protestants et les orthodoxes avant les Vêpres à Notre-Dame.

De ce premier voyage du pape en France, les promoteurs ne redoutent que la comparaison avec Jean Paul II qui suscitait l'adhésion populaire. " L'humilité et la finesse de Benoît XVI souffrent en France d'un déficit de connaissance", dit au Monde Mgr Jean-Yves Nahmias, évêque auxiliaire de Paris, qui mise donc sur une "découverte mutuelle".

Henri T.

Le Monde (II)

Les gages donnés par Nicolas Sarkozy aux catholiques pratiquants n'effacent pas le passé
LE MONDE | 15.08.08 |
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Nicolas Sarkozy a encore besoin de se faire pardonner auprès des catholiques. Si la frange pratiquante - que l'IFOP identifie dans son baromètre mensuel pour Le Journal du dimanche mais qui n'exploite pas systématiquement cette information - lui conserve sa confiance (56 % de popularité en moyenne sur les six derniers mois), elle n'a pas digéré les frasques du président. Sa cote de popularité auprès des catholiques pratiquants est tombée de 83 % en mai 2007 à 57 % en juillet 2008. Et c'est précisément , entre décembre 2007 et janvier 2008, que Nicolas Sarkozy a perdu 15 points auprès de cet électorat. "Le décrochage correspond à l'annonce de sa liaison avec Carla Bruni, et notamment les photos prises à Disneyland puis à Petra en Jordanie", estime Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinion de l'IFOP. Selon lui, ce facteur a davantage indisposé cet électorat que la présence du comique Jean-Marie Bigard au Vatican le 20 décembre ou la consultation par le président de ses SMS au cours de son audience avec le pape.

Paradoxe, le divorce du président avait été largement accepté par l'électorat catholique : 84 % des catholiques pratiquants estimaient que c'était une affaire privée qui ne regarde que le couple présidentiel (sondage IFOP pour Le Journal du dimanche, octobre 2007), contre 89 % des Français et, curieusement, 92 % des catholiques non pratiquants. Bref, un non-phénomène politique pour l'ensemble de l'électorat.

En revanche, la nouvelle liaison du président semble avoir choqué l'électorat catholique qui décroche de 15 % en janvier, quand sa popularité ne recule que de 5 % chez les Français dans leur ensemble. Symptomatique, la cote de François Fillon ne recule que de 3 points au même moment chez les catholiques pratiquants (soit 69 % en janvier), preuve que la politique menée n'est pas seule en cause.

Depuis, le président n'est pas parvenu à redresser la barre. Ni l'officialisation de sa liaison, avec un mariage, ni les signaux envoyés à cet électorat, avec le discours de Latran sur la "laïcité positive" n'ont permis de regagner le terrain perdu. "Les catholiques français, attachés au concept de laïcité, ne sont pas vraiment convaincus par le concept de rôle civilisateur des religions" manié par le président", décrypte Jérôme Fourquet. Il s'appuie sur un sondage IFOP pour La Croix de mars 2008 selon lequel 42 % des catholiques pratiquants et 51 % des catholiques non pratiquants estiment que Nicolas Sarkozy a eu tort de le souligner dans son discours. 44 % des catholiques non pratiquants contestent même la mention par le président des "racines chrétiennes de la France".

Autre enseignement fourni par les sondages sur le rapport du président aux religions : la percée de Nicolas Sarkozy auprès des protestants enregistrée lors de l'élection présidentielle se confirme. Au cours des six derniers mois, 46 % des protestants lui conservent leur confiance (contre 38 % des Français). En revanche, les musulmans ne sont que 21 % à lui accorder leur confiance. Faute d'un échantillon suffisant, l'évolution de l'électorat juif, qui avait voté en 2007 à 53 % pour le candidat Sarkozy dès le premier tour, n'a pu être mesurée.

Christophe J.

Le Monde (III)

Les indulgences françaises de Benoît XVI
LE MONDE | 15.08.08 |
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A défaut de rencontrer le dalaï-lama, Nicolas Sarkozy va recevoir un autre chef religieux à l'Elysée, en la personne de Benoît XVI. Du 12 au 15 septembre, le pape effectuera sa première visite en France. Un voyage religieux à l'occasion des 150 ans des apparitions de la Vierge à Lourdes. Sur le site officiel de l'Eglise de France, le programme se borne à indiquer, au détour d'une phrase, que Benoît XVI "est invité à se rendre à l'Elysée" pour "un échange constructif sur la place des religions en France". Une mention très sibylline.

Il en était allé différemment lors la première visite de Jean Paul II en France en 1980. Cinq ans après l'adoption de la loi Veil qui avait légalisé l'interruption volontaire de grossesse (IVG), contre laquelle l'Eglise catholique s'était insurgée, le pape polonais avait certes interpellé la "fille aînée de l'Eglise" sur ce qu'elle avait fait des "promesses de (son)baptême". Mais le 31 mai, à l'Elysée, Valéry Giscard d'Estaing lui avait présenté de nombreuses personnalités, dont François Mitterrand et Georges Marchais. Cette fois rien de tel. Benoît XVI s'arrêtera un moment à l'Elysée, sans doute entre son allocution au monde de la culture, au collège des Bernardins, et une messe à Notre-Dame, le 12 septembre. Sa rencontre avec Nicolas Sarkozy sera son seul geste politique.

En soi, le fait est banal. Le pape rencontre toujours le chef de l'Etat qu'il visite. Mais, ici, selon plusieurs sources officieuses, Benoît XVI devrait se faire présenter la famille du président. Une touche personnelle singulière. Il se trouve en effet que Nicolas Sarkozy est deux fois divorcé et deux fois remarié. La vie privée du président ne concerne que lui. Sauf que Benoît XVI est un gardien intransigeant de l'indissolubilité du mariage. Chez les catholiques, les divorcés remariés ne sont pas excommuniés, mais ils sont interdits de communion, soumis ainsi à une pénitence, voire une repentance, permanente. Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Joseph Ratzinger envisageait d'assouplir cette règle. Devenu pape, il y a renoncé. Mais pour ce grand pourfendeur du divorce, un divorcé remarié reste une sorte de polygame...

En fermant les yeux sur une vie privée aux antipodes des canons de l'Eglise romaine, Benoît XVI fait preuve d'une indulgence qui s'explique sans doute par le discours qu'avait prononcé Nicolas Sarkozy le 20 décembre 2007 à Saint-Jean de Latran. Entre son divorce avec Cécilia et son remariage avec Carla Bruni, le président de la République avait été fait chanoine d'honneur de cette basilique. Il était venu au Vatican, flanqué d'une délégation très hétéroclite dans laquelle figurait en bonne place le comique Jean-Marie Bigard, auteur du Lâcher de salopes, médaille d'or de l'humour beauf. Là aussi la faute de goût avait été vite pardonnée.

Nicolas Sarkozy avait tenu des propos qui avaient fait bondir en France les défenseurs de la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Le chanoine d'honneur de Latran avait amorcé une sorte de repentance en déclarant : "La laïcité n'a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n'aurait pas dû." Il avait évoqué les racines "essentiellement chrétiennes" de la France et les "souffrances" des catholiques lors de la loi de 1905. "La morale laïque, avait-il ajouté, risque toujours de s'épuiser quand elle n'est pas adossée à une espérance qui comble l'aspiration à l'infini." Et il avait appelé, comblant les voeux de Benoît XVI, à "l'avènement d'une laïcité positive". Un discours qui vaut aujourd'hui encore l'indulgence plénière du pape. Oubliées ses "fautes" politiques ou morales, la France officielle est revenue en odeur de sainteté.

Le Figaro

Ferveur à Lourdes, en attendant Benoît XVI
Guillaume Atchouel, notre envoyé spécial à Lourdes
15/08/2008 |
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Les fidèles sont venus par milliers au pèlerinage qui s'achève demain. Cette année, Lourdes célèbre le 150 e anniversaire des apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous. Crédits photo : AFP
Plus de six millions de fidèles ont visité le sanctuaire depuis le début de la saison et la fréquentation pour l'Assomptionest en hausse sensible par rapport à l'année dernière.

En ce 15 août à 9 heures, les rues de Lourdes qui conduisent aux sanctuaires sont déjà noires de monde. Maryline, 32 ans, descend la rue de la Grotte en poussant le fauteuil roulant dans lequel se trouve Yves Blaintard, 57 ans, un Lillois atteint de sclérose en plaques. Comme 30 000 autres pèlerins, ils rejoignent la Prairie pour prendre part à la messe internationale que célébrera dans une demi-heure Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la conférence des évêques de France. Onze évêques et cinq cardinaux, venus de France ou de l'étranger, sont là pour concélébrer lors de cette eucharistie.

Cette jeune Parisienne, mère de 2 enfants, prend part depuis neuf ans au pèlerinage national qui a débuté mardi et s'achève aujourd'hui. «Hospitalière», elle fait partie de l'Hospitalité Notre-Dame, cette organisation de bénévoles dont la mission est de venir en aide aux malades. «Je suis là pour leur permettre de vivre un moment fort de leur foi, pour partager un temps de joie avec eux. C'est fou ce que nous recevons d'eux humainement», s'enthousiasme-t-elle.

« Parmi les meurtris de la vie »
Louis-Marie Allais, 25 ans, employé dans un cabinet d'architecture de Nantes, est hospitalier lui aussi. C'est la troisième fois qu'il participe à ce pèlerinage. «Cette année, je suis à l'Accueil Saint-Frai, cet établissement qui reçoit des malades qui ont besoin d'une grande assistance médicale». Tout comme Vincent, 24 ans, cet ami qui l'accompagne, «ce troisième séjour dans la cité mariale, parmi les meurtris de la vie, est aussi riche en émotion que les deux premiers. Bien que la ferveur soit toujours la même, chaque moment partagé avec l'autre est unique. Lourdes est un perpétuel miracle au niveau de l'entraide.»
Mireille Levasseur, 68 ans, une ancienne employée de bureau de Béthune, aujourd'hui à la retraite, vit elle son premier pèlerinage. Tout en allumant un cierge devant la Grotte, elle s'émerveille de cette solidarité : «C'est extraordinaire à voir. Tous ces gens malades, ces handicapés physiques ou mentaux qui trouvent place sans problème au milieu de ceux que l'on dit normaux. Pour moi, Dieu c'est ça ; c'est accepter l'autre comme il est. Le miracle de Lourdes, ce n'est pas que des guérisons, c'est aussi cette réunion, cette communion tous ensemble à l'heure où nos sociétés nous contraignent trop souvent à l'isolement, à la solitude et l'indifférence.»
Dans la Prairie, au pied de l'autel où se trouve le cardinal André Vingt-Trois, Thérèse Acouba ne passe pas inaperçue. Il faut dire que cette grand-mère ivoirienne arbore une robe boubou jaune et bleue sur laquelle figure la Vierge de Lourdes et où l'on peut lire : «Je suis l'Immaculée Conception.» «Je me la suis faite moi-même. Ça plaît beaucoup aux gens. J'espère que la Sainte Vierge la trouve belle, elle aussi», confie cette habitante d'Abidjan qui a spécialement fait le voyage pour fêter ici l'Assomption de la Vierge.
Vendredi, à midi, pas moins de 50 000 croyants venus de la France entière mais également de plusieurs autres pays se trouvaient dans l'enceinte des sanctuaires. Une fréquentation en hausse sensible par rapport à l'an dernier. Il est vrai que Lourdes fête cette année le 150e anniversaire des apparitions de la Vierge à la petite bergère Bernadette Soubirous. Si d'habitude la cité mariale accueille près de 5 millions de pèlerins et de touristes par an, elle en a déjà accueilli plus de 6 millions depuis le début de la saison. Depuis jeudi et jusqu'à demain, il est d'ailleurs quasi impossible de trouver une chambre d'hôtel libre dans la ville qui d'ordinaire compte près de 15 000 habitants.
Même si Benoît XVI se révèle «moins populaire que Jean-Paul II », comme le constate Bruno Pène, un vendeur d'articles de piété, qui regrette que les objets à son effigie se vendent nettement moins que ceux sur lesquels figure le second, la venue du Saint-Père, du 13 au 15 septembre, devrait contribuer à doper un peu plus encore cette affluence que des professionnels du tourisme qualifient déjà de «record».

Le JDD

Benoît XVI dans l'ombre de Jean-Paul II
Le Journal du Dimanche

Dans un mois, Benoît XVI honorera Lourdes de sa présence pour le 150e anniversaire des apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous. La cité mariale se prépare à cet événement. Mais dans les échoppes et dans les coeurs des fidèles, Jean-Paul II est toujours présent. Moins charismatique, l'Allemand séduit moins. Ce qui n'empêche pas les commerçants de tirer profit de la prochaine visite.

Benoît XVI attire moins de foule que son prédécesseur Jean-Paul II.
"J -37". Le décompte est enclenché, mais pas de quoi affoler Francis Dehaine. "J -37", répétait jeudi le directeur général des Sanctuaires de Lourdes, chez qui l'on sent poindre l'impatience du "grand événement", l'arrivée de Benoît XVI dans la cité mariale, le 13 septembre. C'est que le bonhomme, qui en est à sa deuxième visite d'un pape à Lourdes, connaît l'exercice. Quatre ans après Jean-Paul II, voici Benoît XVI. "On prend les mêmes et on recommence? Non, corrige celui qui dirige près de 400 employés. Il ne s'agit pas de faire du copier-coller." C'est que Benoît XVI n'est pas Jean-Paul II, même s'il fut son théologien.
A chaque pape son style et sa façon d'aborder Lourdes. Pour feu Jean-Paul II, ce fut le voyage d'un homme malade désireux de se recueillir en toute humilité dans la grotte de Massabielle, là même où Bernadette Soubirous dit avoir vu la Vierge dix-huit fois au cours de l'année 1858. "C'était une visite d'ordre privée, rappelle Francis Dehaine. Cette fois-ci, il s'agit de la visite d'un chef d'Etat."

Benoît XVI a choisi de sortir du sanctuaire pour suivre le "chemin du jubilé", parcours qu'empruntent en cette année anniversaire, 150 ans après les apparitions, des milliers de pèlerins: l'église paroissiale du Sacré-Coeur où Bernadette a été baptisée le 9 janvier 1844, le cachot où la famille Soubirous fut retenue au temps des apparitions, l'oratoire de l'hôpital, ancien hospice où Bernadette vécut huit ans avant de partir pour Nevers...

Un effet Benoît XVI
Un pape arpentant les rues de "la ville haute", c'est une première à Lourdes. De quoi ravir les commerçants de cette partie de la cité mariale, en retrait de l'ébullition quotidienne qui règne aux abords des sanctuaires. Philippe Bianco, président de l'Union des commerces en souvenirs de Lourdes, rappelle que la venue de Jean-Paul II avait eu des retombées économiques pendant deux ans: "Nous avions enregistré une hausse de 20 à 30% de notre chiffre d'affaires."
Reste à savoir si "l'effet Benoît XVI" rivalisera avec "l'effet Jean-Paul II". Pas sûr... Les porte-clés, autocollants, casquettes, T-shirts, assiettes et autres articles à l'effigie du pape ne font pour l'instant guère recette. Au père de Foucauld, boutique de souvenirs tenue par Philippe Bianco, l'image de Jean-Paul II est encore partout. "Quand on propose du Benoît, les clients réclament du Jean-Paul", souligne le vendeur de bondieuseries. Sur les présentoirs de cartes postales, les portraits de Benoît XVI peinent à trouver preneurs. "L'image de Benoît seul ne fonctionne pas, les articles qui le mettent en scène avec la grotte derrière ou la basilique de l'Immaculée-Conception un peu plus."

Jean-Paul II toujours présent
Dans certaines échoppes de la rue de la Grotte, on a parfois l'impression que la pendule s'est arrêtée il y a quatre ans: une commerçante n'a toujours pas décollé de sa devanture un poster aux couleurs délavées annonçant le pèlerinage de 2004. Chez elle, on a beau chercher, point de Benoît XVI. Dans la basilique, un couple d'Espagnols vient d'allumer un cierge. Fernanda, la femme, a la langue qui fourche: "J'ai fait une prière pour que la visite du pape Jean-Paul II se passe bien..." Trois ans après son élection, Benoît XVI n'a pas encore remplacé son prédécesseur dans le coeur des croyants. "Moins charismatique", "plus austère", "trop élitiste", autant de qualificatifs utilisés par les pèlerins dans les étroites rues de Lourdes.
Au presbytère, humble bâtiment situé en face de l'église du Sacré-Coeur, Ginette, secrétaire de la paroisse, n'en finit pas de tourner les pages d'un beau livre intitulé Jean-Paul II et Lourdes et de confier la vive émotion ressentie quand, ce 15 août-là, elle vit la papamobile s'arrêter juste en dessous de sa fenêtre. "Je me demande si la venue de Benoît XVI va en provoquer autant." Mgr Perrier, évêque de Tarbes et de Lourdes, n'en doute pas: "Il n'a pas la geste de Jean-Paul II mais a beaucoup d'humanité, de simplicité." Dans le salon du chalet épiscopal, celui qui a su persuader le Saint-Père de suivre le chemin du jubilé assure que "l'image de Benoît XVI se modifie". Et l'évêque de rappeler que Jean-Paul II n'a pas toujours suscité l'unanimité: "En 1980, lors de son premier voyage en France, on entendait "mais qu'est-ce que c'est que ce Polonais...""