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Un article de John Allen, traduit par Catherine (15/9/2008)


Je n'ai pas eu la possibilité de le faire, et je le regrette -- car les billets journaliers de John Allen qui suivait Benoît XVI en France semblent offrir des analyses particulièrement pertinentes -- mais Catherine a eu la gentillesse de traduire pour nous cet article paru sur le site de NCR http://ncrcafe.org/node/2100 , sous le titre: Pope in France: Averting a secular Iron Curtain.

Elle joint à son travail ce commentaire plein d'humour et d'espoir:


On y voit que les catholiques français avaient mardi une opinion favorable à 65% du pape. J'attends que nos compatriotes atteignent les 85% américains. Il ne reste plus qu'à espérer.

J'ajouterai "et à prier", mais j'y crois ferme, malgré les efforts de l'arrière-garde des medias...


Eviter un Rideau de Fer laïciste
Posted on Sep 12, 2008 04:26am CST.

By JOHN L. ALLEN JR.
Paris

Bizarrement, il y a un endroit qui est en mesure de saisir l’importance de la visite du pape Benoît XVI en France, du moins selon le point de vue du Vatican, et il se situe bien en dehors de l’espace aérien français, dans l’ancien rival de la France, l’Angleterre.

Durant les deux années qui se sont écoulées, les groupes religieux en Angleterre, et en premier lieu l’Eglise Catholique, a perdu la bataille contre une nouvelle loi qui rend illégale la discrimination envers les couples homosexuels pour les agences d’adoption qui reçoivent des subventions publiques. A ce jour, les dirigeants de l’Eglise ont vu échouer leurs efforts pour obtenir une exception, et les agences catholiques ont soit coupé les ponts avec l’Eglise soit fermé la porte.

D’une certaine façon, les britanniques ont adopté cette loi pour se conformer au Traité d’Amsterdam, la plus récente révision des règles de l’Union Européenne, qui interdit la discrimination sur la base de l’orientation sexuelle. Bien que le quartier général de l’Union Européenne soit à Bruxelles, l’inspiration pour l’essentiel de cette loi, y compris sa conception des relations Eglise/Etat, vient de France.

C’est là que réside la plus grande peur du Vatican : que le modèle français de laïcité (en français dans le texte), qui considère presque toutes les concessions légales ou politiques aux sensibilités religieuses comme tabous, déferle lentement dans toute l’Europe – peut-être pas tant à travers les débats démocratiques, que par les décisions de cours de justice et les adaptations bureaucratiques des états nationaux aux normes européennes.

Des représentants de l’Eglise parlent d’un nouveau ‘rideau de fer’ qui tombe sur l’Europe, qui ne vient pas de la compétition des systèmes politiques mais plutôt d’un sécularisme agressif qui soit muselle les groupes religieux soit demande qu’ils s’assimilent comme étant le prix à payer pour leur admission dans la vie publique.

Dans cet éclairage, les efforts du pape Benoît XVI aujourd’hui à Paris pour promouvoir ce qu’il nomme une laïcité éclairée, signifiant une laïcité qui reconnaisse la légitime autonomie de l’état mais qui accorde de la valeur à la prise de parole publique des croyants, revient à mener la bataille là où il croit qu’elle doit être menée – dans la nation où la laïcité (en français dans le texte) a été inventée, et d’où elle se répand dans tout le continent et au-delà.

Le pape a commencé à aborder ce point avant même d’arriver à Paris, en réponse à une question à bord de l’avion pontifical.

« Il me semble évident que la laïcité, n’est pas en contradiction avec la foi, » a dit le pape Benoît en réponse à la question de savoir si la France était en danger de perdre son identité chrétienne. Cependant, la politique et la religion devraient collaborer plutôt que de demeurer imperméable l’une envers l’autre ».

« La possibilité d’être croyant est importante pour la société d’aujourd’hui », a-t-il dit.

Jusqu’à quel point le pape Benoît sera capable de convaincre les français de regarder la laïcité autrement, cela reste à voir. Il pourrait au moins, cependant, avoir le bénéfice du doute. Un sondage publié dans le ‘Parisien’ mardi a trouvé que 53% des français avaient une opinion ‘très positive’ ou ‘positive’ du pape, alors que 25% avait une opinion ‘négative’ ou ‘très négative’. Le taux de satisfaction monte à 65% chez les catholiques français.



Sur un thème voisin, voir aussi cet article d'Andrea Tornielli, datant de juin dernier: Colonialisme juridique (http://benoit-et-moi.fr/2008-II/... )