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BENOÎT XVI ET LE CAPITALISME
 

Complément à l'analyse du discours d'ouverture du CELAM: Ouverture du CELAM: synthèse de John Allen
C'est un peu ce que nos journalistes appellent "tordre le cou aux idées reçues".
Ce Pape prétendument réactionnaire n'a en fait aucune leçon de 'progressisme social' à recevoir de quiconque. Mais à la différence de nos nouveaux moralistes, il n'a jamais renié aucune de ses convictions, dont il a dû faire l'expérience en des temps plus difficiles que les nôtres.

On apprendra avec intérêt des détails sur l'histoire peu connue de son grand-oncle Georg Ratzinger, élu au parlement bavarois, et initiateur de lois révolutionnaires pour son époque.

Article original ici: Benedict's critique of capitalism no surprise

Ma traduction
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La critique du capitalisme par Benoît n'est pas une surprise
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La critique acerbe du marxisme et du capitalisme par Benoît XVI cet après-midi (ndr: ouverture du CELAM, 13 mai) peut avoir pris au dépourvu ceux qui le considèrent comme un conservateur convaincu, mais elle ne devrait pas étonner ceux qui connaissent l'histoire de Joseph Ratzinger.

« Le capitalisme et le marxisme ont fait la promesse d'indiquer le chemin pour créer des structures justes, et ils ont déclaré qu'une fois établies, celles-ci fonctionneraient de façon autonome; ils ont assuré que, non seulement ils n'auraient besoin d'aucune règle morale individuelle antérieure, mais qu'ils favoriseraient une morale commune »... « Et cette promesse idéologique s'est révélée fausse. Les faits l'ont clairement démontré. » a dit le pape dit cet après-midi à l'ouverture de la cinquième conférence générale des évêques de l'Amérique latine et des Caraïbes.

Cette déclaration se base sur une vie de réflexion.

En 1988, Joseph, alors Cardinal Ratzinger a publié une série de réflexions sous le titre "Eglise, Oecumenisme et Politique". Il y développait l'argument que le capitalisme est à peine meilleur que le national-socialisme ou le communisme, du fait que chacun des trois propose de fausses idoles (respectivement la prospérité -le Volk- et l'état).
Ratzinger disait que pour établir une civilisation humaniste, l'Occident doit redécouvrir deux éléments de son passé : son héritage grec classique et son identité chrétienne commune.

Selon Ratzinger, l'ère classique devait permettre de redécouvrir les valeurs objectives et éternelles qui dominent la politique, en imposant des limites au pouvoir. Ratzinger a employé le mot grec <eunomia> pour décrire cette conception du bien. En ce sens, on pourrait dire que Ratzinger a proposé un modèle de culture occidentale 'eunomiste" plutôt que capitaliste.

Au cours des années, Ratzinger s'est rapproché de l'école de pensée de la théologie catholique 'Communio', qui souligne la nécessité pour les cultures de prendre leur source à l'Evangile chrétien plutôt que dans les idéologies sécularistes. Ses fondateurs ont à plusieurs reprises critiqué le capitalisme, qui favorise un éthos de l'individualisme .. en désaccord avec l'enseignement social catholique.

Depuis qu'il est devenu Pape, Benoît a souvent critiqué ce qu'il considère comme les injustices d'un système néo-libéral croissant de globalisation économique.

Le 23 avril, par exemple, Benoît a écrit à Angela Merkel, présidente en exercice du G-8, exigeant «l'annulation rapide, totale et sans conditions » de la dette exterieure des pays pauvres, la décrivant comme « responsabilité morale grave et sans conditions, fondée sur l'unité de la race humaine, et sur la dignité commune et le destin partagé des riches et des pauvres. »
Dans un message récent à l'académie pontificale pour les sciences sociales, Benoît a mis l'accent sur trois défis essentiels:
1) L'environnement et le développement durable
2) Le respect pour les droits et la dignité des personnes
3) le risque de perte des valeurs spirituelles dans un monde technique.

On doit également noter que, dans une certaine mesure, le scepticisme au sujet du capitalisme est inscrit dans les gènes de Ratzinger.
Son grand oncle du côté paternel, Georg Ratzinger, était l'une des figures bavaroises marquantes du dix-neuvième siècle, un 'monsignore' catholique avec une expérience forte de l'engagement politique et social au nom des pauvres.

Le livre le plus connu de Georg Ratzinger était 'Die Volkswirthschaft in Ihren Sittlichen Grundlagen' («l'économie dans ses bases morales »), édité en 1881, qui proposait une critique de capitalisme reflétant une prise de conscience du catholicisme social qui devait culminer avec l'encyclique de Léon XIII, 'Rerum novarum'.

George Ratzinger a été par deux fois élu au parlement Bavarois, et à la chambre fédérale, et il a contribué à fonder un parti politique, le 'Bauerbund', qui représentait les intérêts des fermiers pauvres contre les entreprises industrielles du grand capital. Le Bauerbund constituait un mélange de protectionnisme populiste et de mesures sociales progressistes telles que des lois sur le travail des enfants et les salaires minimum. Le but principal du Bauerbund était un système protection sociale qui protègerait les fermiers pauvres et les petits commerçants des cycles de haut-et -bas .

Benoît XVI a parlé parlé en termes chaleureux du legs politique de son grand-oncle. En 1996, il a dit : « En tant que représentant de l'état et des assemblées nationales, il était vraiment un champion des droits des paysans et des personnes simples en général. Il a lutté - je l'ai lu dans les compte rendu du parlement d'état - contre le travail des enfants, ce qui à cette époque était encore considéré comme une attitude scandaleuse. C'était évidemment un homme rude. Son engagement, et ses prises de position, le rendent digne de notre fierté

Les durs commentaires de Benoît XVI au sujet des échecs du capitalisme à l'ouverture de la conférence générale de CELAM représentent ainsi quelque chose comme un legs de famille.


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