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"LE PAPE A SOURI"
 

Giuseppe de Carli est le vaticaniste de RAI UNO. Pour le situer, il commente les évènements pontificaux (en particulier les messes solennelles) pour la télévision italienne. Il est aussi l'auteur du très beau documentaire présenté sur la RAI à l'occasion du 80ème anniversaire du Saint-Père , "Benedetto, il papa dell'amicizia con Dio".
Il faisait partie des 60 journalistes qui voyageaient dans 'l'avion du Pape' vers le Brésil.
Toujours sur RAI UNO, il a commenté en direct la rencontre de Benoît XVI avec les jeunes, au stade municipal de Sao Polo. Ce qu'il en disait (les images et le son d'ambience le confirmaient absolument) était à l'opposé des compte-rendus que j'ai pu lire par la suite: il était enthousiasmé!

Voici un article qu'il a écrit pour le quotidien italien "Il Tempo". Bien sûr, il donne corps à la légende de l'intellectuel que le contact chaleureux de la foule brésilienne aurait enfin réussi à faire fondre. Je sais que cette légende est en grande partie fausse, et j'espère avoir un peu réussi à en convaincre les visiteurs de ce site..
Ii a le mérite de contredire les rapports d'agence qui prétendaient toutes que la presse locale était très réservée vis à vis du Pape. Etait-ce si vrai que cela?
Il souligne finalement le plus important, au-delà des messages très forts du Saint-Père: le miracle d'un intellectuel de premier plan, tellement disponible pour les gens, alors qu'il aurait tant d'autres choses à faire, à l'image de son maître spirituel Saint-Augustin... Et le sourire. C'est vrai qu'à la fin de la messe d'Aparecida, on l'a vu sourire, d'un sourire vraiment particulier... ( Messe à Aparecida )
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Ma traduction article original en italien, reproduit sur Le Papa Ratzinger Forum):


 

Le Pape a répété la condamnation du marxisme et du capitalisme, et puis il s'est laissé allé à sourire.
Giuseppe de Carli
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"Le Pape s'est mis à rire" titre en très grands caractères un grand quotidien de Sao Polo.
"Le Pape est comme ça", s'exclame l'hebdomadaire le plus diffusé, dans une édition spéciale.
"La surprise Bento", où Bento est mis pour Benedetto.
Les photos des accolades, des baisers, des larmes et des caresses à la "Ferme de l'Espérance", à 15 km d'Aparecida, ont touché l'opinion publique brésilienne. On attendait un allemand froid et raisonneur, et on a trouvé un pasteur souriant. On craignait un "normalisateur" venu de Rome pour parler d'ordre et de discipline, et on a découvert un homme qui ne suit pas le protocole, s'immerge dans la foule, recherche le contact physique. C'est un autre Pape Ratzinger que l'on voit ici, au Brésil. La chaleur des gens, l'enthousiasme qui l'a emporté, l'ont profondément changé.
Il n'est peut-être pas hasardeux de l'affirmer: après l'Amérique latine, c'est un autre pape que nous avons en face de nous. Il est devenu un "Pape du peuple", comme c'était arrivé à Jean-Paul II. Le processus, pour Papa Wojtyla avait été plus rapide, à cause de l'âge. C'était dans ses cordes de montagnard, habitué à vivre au milieu des gens. Pour Benoît XVI, la transformation est advenue avec une intelligence qui a guidé l'instinct: il s'est "lâché", et les résultats, en termes d'impact médiatique, dans un pays qui vit et se nourrit de télévision, a été énorme, irrésistible.

Ce n'est pas pour rien qu'à la séance d'inauguration de la Vème conférence du CELAM, il a élevé un hymne à la riche et profonde religiosité populaire. Là, Dieu est perçu comme proche des pauvres, de ceux qui souffrent. Et puis, il y a la dévotion mariale. A la Vierge de Guadalupe, et à celle d'Aparecida.; la dévotion aux Saints, les fêtes patronales, et surtout, l'adhésion totale à la figure du Pape.
"Tout ceci - dit Benoît XVI - forme la grande mosaïque de la religiosité populaire, qui est le précieux trésor de l'Eglise catholique latino-américaine.".
Il n'y a là aucune allusion à une histoire qui fut marquée par les "conquistadors" espagnols et portugais. De l'eau a coulé, depuis. "Ceux qui, aujourd'hui, voudraient retourner aux religions précolombiennes, les séparant du Christ et de l'Eglise universelle, ferait un pas en arrière, irait vers une régression".
Plus que donner des directives, Papa Benedetto indique des pistes de réflexion, énumère les problèmes auxquels doit faire face une Eglise fatiguée, mais pas domptée. La faillite des systèmes contre Dieu. Une nette condamnation du marxisme, "qui a non seulement laissé un triste héritage de faillite économique et écologique, mais aussi une douleureuse destruction des esprits".
Comme le marxisme, le capitalisme a aussi échoué à construire une morale individuelle coupée de tout horizon absolu.
Là où Dieu est absent, ce qui prévaut, c'est soit l'idéologie totalitaire, soit la loi du plus fort.
Benoît XVI cite à plusieurs reprises Paul VI, cette encyclique «Populorum progressio» qui jeta l'Eglise dans la mêlée, et cette notion de "péché structurel" dénoncé avec véhémence et un esprit prophétique par Jean-Paul II.
"L'Eglise ne fait pas de politique, elle respecte une saine laïcité, y compris la pluralité des positions politiques".
Le Pape avertit: « Si l'Eglise se transformait en un sujet directement politique, elle ferait moins, et non pas davantage, pour les pauvres et pour la justice »
Ratzinger veut une Eglise au-dessus des partis, qui éduque les consciences, et demande aux catholiques engagés dans la vie publique "d'être présents dans la formation des consensus nécessaires, et dans l'opposition contre les injustices".
"Bento, Bento, Bento", scande la foule devant le sanctuaire marial d'Aparecida, comme pour les stars du football.
Benoît sourit, et ne se soustrait pas à cette étreinte de joie et d'amour qui l'enveloppe. Il sourit comme il n'avait jamais souri. Ce sont les miracles de ce pontificat. Transformer un théologien érudit en père de tous.
En un Pape "moins romain", et plus latino-américain.


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