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LES VOEUX DES CARDINAUX POUR SES 80 ANS
 

A l'occasion du quatre-vingtième anniversaire du Saint-Père, la revue "30 Giorni" a consacré à l'évènement un numéro spécial, disponible sur le site: http://www.30giorni.it/fr/sommario
Il en a été question ici: Les mots justes
Les cardinaux -de la Curie, pour l'essentiel, c'est-à-dire ceux résidant à Rome- lui ont adressé leurs voeux par écrit.
Il ne s'agit pas que de compliments formels. Beaucoup ont eu des mots visiblement venus du coeur. Certains le connaissent depuis sa participation au Concile comme théologien expert. Leurs propos ne sont donc évidemment pas de pure convenance. Et un thème récurrent revient: la gentillesse, la modestie, la simplicité.
Il y a même quelques confidences sur le déroulement du conclave.


 
 

J' ai fait une sorte de "florilège, qui mérite d'être lu.

Et je fais entièrement miens les propos du Cardinal Agostino Vallini, dont j'ai pour unique regret de ne pas les avoir écrits moi-même:
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"Que le Seigneur lui garde longtemps son beau visage, intelligent et bon, couronné d’épais cheveux d’argent, son expression ferme et bienveillante, déterminée et douce, la tendre délicatesse avec laquelle il salue et remercie tout le monde, parle dans les audiences, s’approche des gens, spécialement des malades, et embrasse les enfants. Que le Seigneur lui garde l’agilité de ses pas lorsqu’il monte ou descend les marches de l’autel de la confession à Saint-Pierre et ceux de la salle des audiences".


Cardinal Tarcisio Bertone

secrétaire d’État, camerlingue de la Sainte Église Romaine
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L’amitié apprise à l’école de saint Augustin
Article

Il est écrit dans la Bible que le temps des années de la vie de l’homme «font soixante-dix, quatre-vingts si la vigueur y est» (Psaume 89, 10).
Oui, le Saint-Père Benoît XVI porte très bien ses quatre-vingts ans, mais il compte parmi les “plus vigoureux” pour bien d’autres raisons. Le Seigneur l’a en effet doté d’une “vigueur” intellectuelle et spirituelle vraiment exceptionnelle: il s’agit non seulement de sa vaste et profonde culture théologique, que tout le monde lui reconnaît, mais de son exquise gentillesse, qui n’a rien de formel et exprime une attention extraordinaire à chaque personne. Il est impressionnant de voir comment le pape Benoît XVI échange avec chacun de ceux qu’il rencontre, même dans les audiences où se pressent les plus grandes foules, quelques mots non de circonstance, mais personnalisés. Et encore: son sens de l’amitié qui, sincèrement, est pour lui sacrée. L’amitié avec Dieu, avant tout, et puis, ensuite, l’amitié humaine et fraternelle apprise à l’école de saint Augustin pour lequel l’amitié doit être cimentée «avec la charité de l’Esprit Saint, répandu dans nos cœurs» (Confessions IV, 4, 7).


Cardinal Jorge María Mejía

archiviste et bibliothécaire émérite de la Sainte Église Romaine
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Une ligne d’arrivée atteinte dans la plénitude de ses forces
Article

Aujourd’hui, nous avons bien conscience que l’espérance de vie (comme on l’appelle) a considérablement augmenté. Les octogénaires et les plus qu’octogénaires ne sont plus une exception, Les centenaires eux-mêmes ne sont plus un phénomène isolé. On peut même dire, et notre vénéré pape Benoît XVI en est la preuve, que la quatre-vingtième année de vie peut marquer, contrairement à l’affirmation pessimiste du Psaume 90 (89), une maturité et une intégrité physique et mentale que pourraient envier beaucoup de personnes plus jeunes.
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En face du quatre-vingtième anniversaire de Benoît XVI, trois choses me semblent [...] dignes de remarque.
- La première est évidemment la conscience claire que cette célébration, nous la devons uniquement à la bonté du Seigneur qui nous a ainsi accordé de remercier encore une fois sa mystérieuse Providence. Le pape Benoît parvient à cette ligne d’arrivée dans la plénitude de ses forces, exactement comme Moïse dans le texte du Deutéronome....
- En second lieu, nous devons être frappés par le fait qu’à une époque comme la nôtre où, comme nous le disent les démographes, le nombre des personnes âgées a fortement augmenté dans nos sociétés occidentales, ce soit un homme de plus de quatre-vingts ans qui dirige notre Église et qui accomplisse en elle et devant le monde une tâche si difficile et si nécessaire. Et cela aussi doit être vu et apprécié comme un don de la Providence Divine.
- En troisième lieu, nous devons être contents et extrêmement reconnaissants que notre octogénaire vénéré s’entende avec les jeunes et que les jeunes s’entendent avec lui – à la manière de Jean Paul II dans ses dernières années (mais en réalité toujours) – beaucoup plus que les jeunes ne s’entendent entre eux.
Tout cela doit nous permettre de décider selon d’autres critères s’il est opportun ou non de maintenir de rigides limites d’âge pour certains services sociaux, comme les chaires universitaires, pour ne pas parler des charges ecclésiales, soumises aujourd’hui, en matière d’âge, à des limitations précises toujours moins décisives.
Dans ce domaine aussi l’Écriture Sainte nous offre un enseignement permanent. Au fond, le nombre des années compte peu. Ce qui compte et ce qui a de la valeur, c’est la «sagesse du cœur». ... Le reste est assez secondaire.


Cardinal Francis Arinze

préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements
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Cinq prières pour le Pape
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Une semaine après Pâques, et plus précisément le 16 avril 2007, notre Saint-Père le pape Benoît XVI célèbrera son quatre-vingtième anniversaire, trois jours avant le début de sa troisième année de pontificat....
Le pape Benoît XVI exerce le ministère pétrinien avec profondeur, avec clarté et avec un amour extraordinaire. Il suffit de penser aux audiences générales du mercredi ou à l’Angélus dominical. Les gens y participent en nombre toujours croissant. Les rencontres de Cologne (août 2005), de Pologne (mai 2006), de Valence (juillet 2006) et de Bavière (septembre 2006) ont été caractérisées par la présence de véritables foules de fidèles réunies autour de leur Pasteur. Lorsqu’ils participent aux rencontres avec le Saint-Père, les gens savent qu’ils reçoivent la parole de vie: ils écoutent, ils sont heureux et ils sentent le besoin de revenir.
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Une.. raison d’apprécier le Pape, c’est son amabilité, sa disponibilité à l’écoute et en même temps, sa capacité à exprimer ses idées avec clarté. Dans l’homélie de la messe solennelle d’inauguration de son ministère, le 24 avril 2005, il a dit: «Mon véritable programme de gouvernement est de ne pas faire ma volonté, de ne pas poursuivre mes idées, mais, avec toute l’Église, de me mettre à l’écoute de la parole et de la volonté du Seigneur, et de me laisser guider par lui, de manière que ce soit lui-même qui guide l’Église en cette heure de notre histoire» (L’Osservatore Romano, lundi 25 avril 2005, p. 4).
Une [autre] raison d’estime qu’il m’est agréable d’exprimer au Saint-Père, c’est la façon magnifique dont il préside les célébrations liturgiques et spécialement le sacrifice eucharistique, c’est son ars celebrandi, c’est son esprit de prière et le recueillement qui caractérise ses mouvements, ce sont ses homélies profondes. Tout cela nourrit la foi et aide à édifier l’Église.
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Je souhaite au Saint-Père, à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire et de son deuxième anniversaire comme successeur de saint Pierre, la joie et la paix, et je prie pour que le Seigneur le bénisse et continue à bénir son ministère pétrinien, à le défendre et à le protéger.


Cardinal Alexandre do Nascimento

archevêque émérite de Luanda
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Pierre, nous sommes avec toi
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Je me souviens du jour où, me voyant un peu à l’écart à l’aéroport de Portela (Lisbonne), le secrétaire du cardinal Ratzinger avertit Son Éminence de ma présence, geste qui me réconforta. Le cardinal me sembla s’apprêter à venir à me trouver. Confus, je me hâtai de m’approcher moi-même de lui, et après que nous nous fûmes salués, j’eus un bref échange de vues avec lui. Je dois dire, en toute sincérité, que je ne fus pas étonné de cette attitude d’une simplicité hors du commun: une attitude dont on pourrait dire au premier abord qu’elle est de la réserve, mais qui suscite immédiatement la sympathie. Il existe en effet des personnes douées, qui ressemblent aux belles fontaines de Rome: elles font jaillir en murmurant une eau fraiche, bonne, capable de nous désaltérer. Mais il faut que le passant s’en approche.
Combien de fois ai-je vu le cardinal préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi traverser la place Saint-Pierre! Son passage ne dérangeait personne et n’éveillait pas particulièrement l’attention: les enfants couraient derrière les pigeons, sous le regard de leurs mères et de leurs grands-mères.
Oui, cette douceur et cette discrétion étaient déjà remarquables en cette lointaine année 1965, pendant le Concile: le jeune théologien qui accompagnait le cardinal Frings faisait déjà partie des experts les plus en vue. Yves Congar n’a pas caché l’apport positif que constituait l’attitude constructive de Ratzinger au milieu des tensions qui ne manquent jamais partout où il y a des hommes... C’est alors que le père Congar a écrit ces mots significatifs: «Heureusement, il y a Ratzinger. Lui, il est raisonnable, modeste, désintéressé; en fait, c’est quelqu’un de serviable...» (Mon journal du Concile, I, Éditions du Cerf, Paris 2002, p.


Cardinal Jozef Tomko

préfet émérite de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples
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Benoît XVI: l’esprit et le cœur
Article
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts du Tibre depuis 1969, l’année où j’ai rencontré le jeune professeur Joseph Ratzinger à la première réunion de la Commission théologique internationale, dont j’avais dû assurer l’organisation technique. Parmi ses trente membres, figuraient des noms prestigieux: l’évêque Carlo Colombo, le vif père Yves Congar, l’humble père Henri de Lubac, le bruyant père Karl Rahner (à cause d’une légère surdité!), le taciturne Hans Urs von Balthasar, pour n’en citer que quelques-uns. Joseph Ratzinger était l’un des plus jeunes, et on le voyait souvent en compagnie du célèbre exégète Rudolf Schnackenburg. Le climat postconciliaire était encore assez chaud, mais les discussions au sein de la Commission se déroulaient dans une atmosphère de respect, même si elles étaient parfois vives. Ratzinger n’intervenait pas souvent et on percevait clairement son tempérament discret, sa sobre gentillesse et sa cordialité mesurée mais sincère. Quoiqu’il en soit, son prestige théologique et humain allait grandissant.
En 1977, Paul VI le nomma archevêque de la capitale bavaroise et cardinal; en 1980, Jean Paul II le désigna comme rapporteur général de l’importante assemblée synodale sur le mariage et la famille. On peut dire qu’il s’agit là de sa première apparition sous les yeux de pasteurs venant du monde entier, qui purent l’observer pendant un mois entier de coopération collégiale. La profondeur de sa doctrine et son respect des opinions d’autrui, associés à la clarté de ses positions et à sa sensibilité pastorale, lui valurent la grande estime d’un bon nombre d’évêques du monde entier; et lorsqu’il succéda au cardinal Franjo Seper comme préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 1981, sa nomination surprit moins l’épiscopat que l’intéressé lui-même.
C’est alors que commença à se métamorphoser non pas le cardinal Ratzinger, mais son image dans les médias.
Il se vit attribuer par une certaine presse les catégories et les clichés qu’elle appliquait à l’ancien Saint Office; les médias firent de lui un “grand inquisiteur” sans cœur, rigide et dur, avec des qualificatifs dont les journaux aujourd’hui auraient honte. Son image a été faussée à dessein par certains milieux, qu’il s’agisse de sa doctrine ou de son humanité. Ceux qui le connaissaient de près ne pouvaient qu’être surpris par tant d’animosité et qu’admirer sa force d’âme et sa sérénité. Je me souviens des profondes réflexions qu’il fit inopinément au cours d’un colloque sur la force d’âme. C’était sa réponse, digne et silencieuse, aux attaques injustes et viles dont il était l’objet. Que ce soit dans nos contacts personnels ou au cours de nos réunions au sein de la Congrégation dont la méthode de travail reste toujours collégiale – ce n’est pas un hasard –, nous, nous avons connu un autre Ratzinger. Les suggestions, qu’il notait avec soin dans son cahier et à partir desquelles il approfondissait le sujet dont nous devions discuter, étaient une école non seulement de haute théologie, mais aussi de modération raisonnable. Lorsqu’il s’agissait d’aborder les opinions d’un auteur, le préfet était toujours prêt à proposer le dialogue avec le théologien concerné. On voyait se manifester son humanité et sa cordialité dans son attitude à l’égard du personnel et même des gens qu’il rencontrait place Saint-Pierre, quand il rentrait de son bureau, simplement coiffé d’un béret basque, son cartable à la main.
Cœur sensible et cœur de pasteur. Ceux qui ont écouté ses différents discours spirituels et son homélie pour le vingt-cinquième anniversaire de son épiscopat, dans l’église Sainte-Marie-au-Transtévère, en présence de ses concitoyens vêtus de leur costume bavarois, ont pu entrevoir la profondeur de la spiritualité sacerdotale du cardinal. Les grandes masses, elles, l’ont surtout découverte à l’occasion des obsèques de l’inoubliable Jean Paul II. D’ailleurs, le tact et la sagesse avec lesquels il a dirigé les réunions du Collège cardinalice, réuni en son entier pendant les novendialia, l’ont fait connaître de près et apprécier même par les cardinaux venus de loin.
Au cours de ces événements mémorables, on a vu changer – et devenir plus conforme à la réalité – l’image publique du cardinal Ratzinger. C’est lui qui est apparu le soir de son élection sur le balcon de Saint-Pierre, c’est lui qui a ouvert les bras, avec toute son humanité et toute sa foi, à la foule qui était accourue. Et c’est encore lui, seulement lui, que j’ai pu écouter le lendemain matin dans le discours prononcé en un latin élégant, dans la Chapelle Sixtine désormais ouverte.
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Les deux années de son pontificat fécond sont désormais sous les yeux de tout le monde: le voyage en Pologne, la Journée mondiale de la Jeunesse, les discours en Bavière, y compris celui de Ratisbonne, la Turquie comme voyage de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux, le grand discours à l’Église italienne à Vérone, pour ne citer que quelques épisodes. Les gens accourent pour voir Benoît XVI parce que chacune de ses homélies, chacun de ses discours sont une nourriture pour l’esprit et pour l’intelligence. Même cette brève réflexion dominicale de l’Angélus, prononcée de la fenêtre du Palais apostolique, qui s’est désormais transformée en chaire, réunit une foule nombreuse de fidèles italiens et étrangers. Voici, en effet, ce que m’a dit un jeune: «J’aime bien l’écouter parce qu’il parle profondément et que je le comprends quand même». Le monde a déjà redécouvert chez Benoît XVI non seulement l’esprit sage et lucide du professeur et du théologien, mais aussi et surtout son cœur de pasteur, ... avec son sourire délicat et ses bras ouverts.


Cardinal Salvatore De Giorgi

archevêque émérite de Palerme
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Les attentes du peuple chrétien n’ont pas été déçues
Article
J’ai eu la grâce de participer au conclave durant lequel le cardinal Joseph Ratzinger a été élu pape: une expérience inoubliable qui m’a confirmé dans la certitude que c’est l’Esprit Saint qui guide l’Église de Jésus selon les desseins du Père.
J’avais, en tant que prêtre, connu Ratzinger professeur à travers ses multiples et éclairantes publications de très éminent théologien.
En tant qu’évêque, je l’ai connu directement, car il a été mon hôte, un hôte désiré et agréable, à Foggia, en 1985, et à Palerme, en 2000 lorsqu’il était préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. L’enthousiasme des fidèles qui étaient venus en foule dans l’une et l’autre cathédrale était grand en raison de la capacité du célèbre cardinal à exprimer des idées élevées et profondes dans un langage accessible à tous. Ce qui frappa tout particulièrement, ce fut la simplicité évangélique du cardinal, signe évident de sa grandeur.
Que l’on me permette de rapporter un souvenir concernant ma mère. Elle vivait encore lorsque le cardinal Ratzinger vint à Foggia. Le soir, tandis que mes deux sœurs préparaient le repas, son Éminence préféra rester dans le couloir de l’épiscopat avec ma vieille mère à laquelle il dit: «Nous, nous récitons le rosaire».
Le souvenir de sa visite à Palerme a dû rester vif chez le cardinal car il y a fait souvent allusion dans nos rencontres suivantes. J’en ai eu confirmation jusque dans le conclave quand, au déjeuner du premier jour, je me suis trouvé à la même table que lui.
Les congrégations générales qui ont précédé le conclave avaient donné à tous les cardinaux l’occasion d’apprécier les exceptionnelles qualités de modérateur du doyen du Sacré Collège, sa piété transparente, sa très haute compétence doctrinale, sa disponibilité à l’égard du dialogue, la fine gentillesse de ses manières, son attention dans l’écoute, la cordialité de son amitié fraternelle, sa fermeté dans les décisions prises en commun et son humour d’intellectuel raffiné qui aimait à surprendre. Et cela suffit à expliquer la brièveté du conclave.
Dans la messe pour l’élection du Pontife romain, nous avions demandé au Père de donner à son Église un pasteur selon son cœur, apprécié de lui pour la sainteté de sa vie, prêt à éclairer son peuple par la vérité de l’Évangile et à l’édifier par le témoignage de sa vie.
... Avec le choix du cardinal Ratzinger nous avons été écoutés. Sa profonde piété, son amour infini pour le Christ sauveur, l’immensité de sa culture, théologique surtout, acquise au cours de son long service d’enseignement dans des universités prestigieuses, son expérience pastorale dans le lourd archidiocèse de Munich, le travail de collaboration accompli pendant plus de vingt-cinq ans auprès du serviteur de Dieu, le pape Jean Paul II, dans le dicastère le plus délicat et le plus important du Saint-Siège, et la tâche de «promouvoir la doctrine de la foi et les mœurs et de veiller sur eux dans tout le monde catholique» avec une force et une douceur évangéliques, sont les traits saillants du nouveau Pape qui entre chaque jour davantage dans le cœur des fidèles.
Les non-croyants sont eux aussi sensibles à la fascinante culture et au prestige moral de Benoît XVI, lequel, mû uniquement par sa double et indissociable fidélité à Dieu et à l’homme, ne se lasse pas de défendre et de proposer la vérité de l’Évangile dans toute sa rigueur et toute sa vigueur, surtout celle qui regarde la dignité de la personne, le caractère intangible de la vie humaine et l’authenticité de la famille fondée sur le mariage.
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Personnellement j’ai vécu la singulière expérience du conclave que nous pourrions appeler le “jour de naissance” d’un nouveau pape, dans le climat de mystère qui l’a caractérisé.
... Je ne pourrai jamais oublier l’émotion que j’ai éprouvée à l’entrée dans la chapelle Sixtine dominée par le Jugement dernier de Michel-Ange, au son des litanies des saints et de celui, plus suggestif, du Veni Creator, l’invocation à l’Esprit Saint auquel chacun des cardinaux se confiait, surtout quand, après le serment sur l’Évangile, il inscrivait le nom de l’élu sur le bulletin qu’il déposait dans l’urne en disant à haute voix: «Je prends à témoin le Christ Seigneur, qui me jugera, que je donne ma voix à celui que, selon Dieu, je juge devoir être élu». Et quand, au quatrième tour, celui qui devait être élu selon Dieu s’est révélé être le cardinal Ratzinger, sous le nouveau nom de Benoît, l’émotion a atteint une indescriptible intensité.
Devant lui, vêtu de blanc comme tous les autres cardinaux, je me suis agenouillé pour exprimer, en baisant l’anneau sacré, le respect et l’obéissance au nouveau Vicaire du Christ: j’allais de façon doublement spontanée lui dire dans la foi: «Béni [Benedetto signifie en italien béni et Benoît] soit celui qui vient au nom du Seigneur», mais il ne m’en laissa pas le temps et d’un geste de tendresse paternelle, il m’embrassa en disant: «Voici Palerme, voici la Sicile». La réponse que je lui devais, je la lui donnai rapidement car ce fut à moi qu’il revint, après le dîner, à l’invitation du cardinal camerlingue, d’entonner pour la première fois: «Oremus pro pontifice nostro Benedicto».


Cardinal Agostino Cacciavillan

président émérite de l’Administration du Patrimoine du Siège apostolique
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Dieu a rendu brève sa Parole
Article

Nous célébrons les quatre-vingts années de vie de notre cher pape Benoît XVI et nous lui en souhaitons beaucoup plus encore. Que le Seigneur lui garde longtemps son beau visage, intelligent et bon, couronné d’épais cheveux d’argent, son expression ferme et bienveillante, déterminée et douce, la tendre délicatesse avec laquelle il salue et remercie tout le monde, parle dans les audiences, s’approche des gens, spécialement des malades, et embrasse les enfants (sur l’Enfant Jésus et les enfants, que l’on se rappelle son homélie de la nuit de Noël de l’année dernière). Que le Seigneur lui garde l’agilité de ses pas lorsqu’il monte ou descend les marches de l’autel de la confession à Saint-Pierre et ceux de la salle des audiences.
Il est arrivé à quatre-vingts ans en possession d’un grande vigueur intellectuelle, d’une grande force de sentiments (y compris un fin sens de l’humour) et d’une grande aisance de mouvement, bien que le poids de l’ours de saint Corbinien soit devenu plus lourd qu’avant sur ses épaules .
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Benoît XVI a une responsabilité suprême et il l’exerce de manière admirable, avec beaucoup de science et de sagesse, parfois “de manière surprenante”, a-t-on dit aussi, et “avec une grande maîtrise de la parole et des gestes”. En raison de son grand et infatigable dévouement à la vérité et à l’amour, toute notre reconnaissance va au Pape théologien. En même temps, les références à son enseignement ... servent à nous faire croître dans ce “soutien et cette affection” envers sa personne, pour lesquels il exprime lui-même très humainement son remerciement avec une modeste simplicité qui n’a d’égale que sa grandeur spirituelle. Le poids supplémentaire de l’ours de saint Corbinien fait qu’il se sent plus près de Dieu.


Cardinal Agostino Vallini

préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique
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Un magistère nécessaire
Article
Quand j’étais enfant, le curé de mon village nous disait au cours de catéchisme que le pape, Dieu l’envoie en fonction des temps. Une vérité qui, théologiquement exacte pour plusieurs raisons, m’est revenue à l’esprit le 19 avril d’il y a deux ans, lorsque, de la loge de Saint-Pierre, le cardinal protodiacre a communiqué à l’Église et au monde, par son solennel habemus papam, que Dieu avait choisi le Pape qu’il fallait pour notre temps et que ce nouveau Pape, appelé à succéder à Jean Paul II, s’appelait Benoît XVI.
En vérité, pour moi, cela n’a pas été une surprise: la connaissance que j’avais déjà du cardinal Ratzinger, l’admiration pour ses manières aimables et délicates dans son rapport avec les gens, la lecture de certaines de ses œuvres théologiques, m’avaient prédisposé à considérer que c’était lui qui devait être le nouveau pape. M’est immédiatement revenu à l’esprit l’enseignement de mon vieux curé et j’ai remercié Dieu: s’il l’avait choisi, c’était celui qu’il fallait. Cette perception immédiate enracinée dans la foi s’est trouvée confirmée par les faits. ...
On a dit à juste titre que le magistère de Benoît XVI tourne souvent autour de trois thèmes: foi, raison, amour. ...
Les implications concrètes de ce trinôme sur le plan éthico-moral sont évidentes et le Saint-Père n’a pas manqué de les rappeler, de les motiver, de les répéter, de les défendre. La défense et la promotion de la vie humaine, du mariage, de la famille, de l’éducation des nouvelles générations, de la paix sont des thèmes récurrents de son enseignement. Enseignement qu’il a proposé et qu’il propose chaque jour par fidélité au Christ et à l’homme.
Et les gens l’apprécient. Il suffit de penser au rendez-vous spontané de l’Angélus, le dimanche. Un rendez-vous non organisé par aucun bureau du Vatican qui voit réunies sur la place des milliers et des milliers de personnes, attirées par sa parole brève, claire, incisive, qui fait penser et reste dans le cœur. Il y a quelques mois, via della Conciliazione, un homme d’âge moyen m’a arrêté. «Vous êtes prêtre», m’a-t-il dit, «permettez-moi de vous dire quelque chose d’important». «Dites donc», ai-je répondu avec un sourire encourageant. «Je me repens de m’être éloigné de l’Église; mais depuis quelque temps, le dimanche, à midi, je ne peux pas me passer de venir écouter le Pape, parce qu’il me dit la vérité».


Cardinal William Joseph Levada

préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
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Il communique avec simplicité et délicatesse la tradition de l’Église
Article

À l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de Sa Sainteté le pape Benoît XVI, je voudrais exprimer, du fond du cœur, ma gratitude et ma reconnaissance pour tout ce que fait notre Saint-Père et l’assurer de notre prière constante.
Ce qui m’a toujours frappé, depuis la première rencontre que j’ai eue avec le Saint-Père, au temps où, au début de 1982, il commençait son ministère romain comme préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et où j’étais encore officier de ce même dicastère, cela a été avant tout sa simplicité et sa délicatesse extraordinaires. Et c’est avec ces caractéristiques humaines que, d’abord comme théologien et préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et maintenant comme pape, successeur de Pierre, qu’il propose et communique le grand héritage du patrimoine spirituel et doctrinal de la tradition de l’Église, des Pères, de l’Écriture sainte, toujours lue à la lumière de la sagesse religieuse des saints et des docteurs de l’Église.


Simplicité, la marque de Joseph Ratzinger | Avec les jeunes, une syntonie immédiate