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PETER SEEWALD DANS "VANITY FAIR" (III)
 

Le Pape Benoît XVI: Notre don du ciel
Du Pape de transition au super-Pape (III)
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Peter Seewald, Vanity Fair, 11 avril 2007
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Après l'affluence et même parfois, la frénésie des premiers mois du Pontificat, le plus célèbre "appartamento" du monde a pris son rythme de croisière.
Le Pape se lève à 6 heures. Il célèbre la messe dans sa chapelle privée, prend son petit déjeuner, puis il travaille dans son bureau avec son secrétaire privé, Mgr Georg Gänswein. Le mercredi, il y a l'audience générale. Et les dimanches, il est ponctuellement à la fenêtre de son bureau à midi, pour prier l'Angelus, et pour donner sa bénédiction à la foule.
A l'inverse de son prédécesseur, Benoît XVI a rarement des hôtes à sa table, et il se couche plus tôt. Ses appartements ont été rénovés, il a un salon privé, ainsi qu'une bicyclette d'intérieur.
Depuis que le contenu de ses caisses de livres a été remis en place, en même temps que son piano, il se sent beaucoup plus chez lui. Il a bouleversé la tradition en imposant son propre tailleur au lieu du tailleur 'institutionnel du Vatican (ndr: Gamarelli: mais ces rumeurs sont-elles vraies? elles contredisent le reportage de la RAI 'il papa dell'amicizia con Dio'). Il dit aussi qu'il a eu du mal à s'habituer à ce que les gens l'appellent "Saint-Père" ou "Sainteté".
Depuis le second étage du palais Apostolique, où sont situés les salles d'audience et les bureaux de la diplomatie vaticane, Benoît termine une journée de travail ordinaire en montant à l'étage supérieur et en regagnant ses appartements, avec une heure au moins de conférence avec son 'numéro-deux', le Cardinal Bertone.
Il ne redevient une personne privée qu'à partir de 20h45, quand son valet Paolo finit son service.
Dans les coulisses, quatre "memores domini", des soeurs laïques, tiennent son intérieur. Ses deux secrétaires personnels, le jeune Mgr Miecyslaw Mocryzyski, avec qui il a appris le polonnais, et Mgr Gänswein, sont déjà dans leurs chambres, au dessus de l'appartement du Pape, répondant à des mails jusque tard dand la nuit.

Au début, l'enfermement forcé fut sa plus grande 'torture'. Et aussi, la pensée de ne plus pouvoir retouner à Ratisbonne quand il en avait envie. De ne plus pouvoir jouer avec les chats du Borgo Pio, comme il avait l'habitude de le faire lors de ses promenades quotidiennes dans les environs, sa passion.
Mais à plusieurs reprises, vêtu d'une soutane noire, il s'est rendu dans son ancien appartement, tout proche. Et il lui arrive de s'arranger pour retrouver des amis.
Il continue de rencontrer une fois par an ses anciens étudiants, se réjouissant de jouer encore une fois le rôle du professeur. Il s'assied au milieu d'eux, -beaucoup sont à présent évêques, ou, au moins, de vénérables prêtres- ses lunnettes sur le nez, et discute avec eux comme avant.

Ratzinger est très consciencieux, mais ce n'est pas un bureaucrate. Il est familier d'écarts malicieux par rapport au protocole. Tout comme l'ironie bienveillante dont il fait preuve.
Par exemple, lors de son voyage en Bavière, il dit aux prêtres et séminaristes de Freising qu'il avait préparé un "grand discours". Bien sûr, il n'aurait jamais parlé ainsi d'un de ses propres textes. Mais personne ne savait que parmi les discours prévus pour le voyage en Bavière, celui-ci était le seul qui ne fût pas de sa main (finalement, il ne l'utilisa pas, et il improvisa son discours).

C'est un homme de parole, mais il dit beaucoup de choses à travers des gestes et des signes. Par exemple, sa décision d'arborer le désormais fameux camauro comme couvre-chef d'hiver, bien qu'il n'ait pas été utilisé depuis Jean XXIII, n'était pas uniquement dûe à son souci de se protéger du froid, mais un symbole qu'il voulait porter de certaines traditions de l'Eglise, dont il pensait qu'elles devaient être mises en avant.
Simultanément, le nouveau style de la papauté s'impose de façon claire. D'abord, il a mis au rebut la pratique du "baise-main", qui était une réminiscence de pratiques courtisanes, bien que des des gens puissent encore (et continuent) de baiser l'anneau papal. Il a remplacé la tiare, sur les armoiries pontificales, par la mitre de l'évêque.
Wojtyla utilisait le pronom personnel 'JE' en parlant, mais Ratzinger a choisi d'utiliser le 'NOUS' papal, de façon à projeter non pas sa personne, mais l'appareil tout entier, et les évêques.
Le personnel du Vatican note que les choses sont plus disciplinées, , efficaces, transparentes. Benoît a raccourci le premier synode des évêques, le ramenant de 4 à 3 semaines, et le rendant plus collégial, introduisant une heure quotidienne de discussion libre.
"Sa force est incroyable", dit quelqu'un qui travaille avec lui. "Il ne semble pas ressentir le fardeau du travail". La façon dont il assume tout ce travail de routine quotidienne les laisse perplexes, et ils se demandent comment il trouve encore le temps d'écrire.
Au début, ce qui a aidé Benoît à assumer l'héritage de son prédécesseur fut une meilleure répartition des tâches, et la discipline de travail à laquelle il s'était astreint depuis sa jeunesse. Mais il a également réduit le nombre des audiences et des manifestations publiques d'environ 50%.
L'appareil du Vatican, très capable d'empêcher le Pape de mener effectivement l'Eglise, en remplissant son agenda avec des manifestations sélectionnées, a dû céder devant Benoît. Il a choisi d'intensifier les rencontres avec les évêques et les prêtres, de manière à être plus proche des problèmes de l'Eglise. Ratzinger étudie au préalable intensément les dossiers, avant chacune de ces rencontres.

En général, Benoît travaille vite, mais il attend que les sujets demandant des clarifications arrivent à maturation avant de prendre une décision.
Des critiques notent qu'il est aussi très lent à régler les problèmes internes importants, lorsqu'ils se posent. Mais les affaires personnelles ne sont pas son fort. Même dans son entourage proche , il est est très probable qu'il laisse traîner les problèmes sans solution, ou qu'ils les ignore complètement.

Qu'il ne soit pas génial ('brillant') en permanence, cela s'est manifesté de manière évidente dans ses interviews télévisées (commentaire de la traductrice Teresa, qui a vu, comme moi, le direct: je ne suis pas d'accord, bien sûr! Quelqu'un qui dit que les anges volent parce qu'ils ne se prennent pas trop au sérieux, comme il l'a dit à la télévision allemande, est suffisamment original pour mon goût!). Ses réponses sont souvent compliquées, rarement originales, trop 'standards'.
"Dieu merci, c'est fini", l'a-t'on entendu dire hors micro à la fin de son intervention à la télévision allemande, avant sa visite en Bavière.

A suivre...

Partie I: Peter Seewald dans "Vanity Fair"
Partie II: Peter Seewald dans "Vanity Fair" (II)




Mai 2007 | Un livre pour les enfants écrit par Georg Gänswein