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DERNIÈRES NOUVELLES DU MOTU PROPRIO
 

Cette fois, c'est sûr, sa publication est imminente.
Le bulletin du Saint-Siège du 28 juin (VIS) nous annonce en effet très officiellement:
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"Hier après-midi le Cardinal Secrétaire d'Etat a présidé une réunion destinée à présenter aux représentants des conférences épiscopales l'esprit et le contenu du Motu Proprio relatif à l'usage du missel de 1962. Ensuite le Saint-Père est venu s'entretenir de manière approfondie pendant près d'une heure avec les participants".

"La publication du document est prévue dans quelques jours, après qu'il ait été adressé à l'ensemble des évêques avec la date de son entrée en vigueur. Il sera accompagné d'une lettre détaillée du Saint-Père".

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Les médias et les autres, qui s'agitent pratiquement depuis le début de ce pontificat, vont avoir enfin quelque chose de concret à se mettre sous la dent.
J'ai relevé les dernières réactions (à défaut d'y voir des réflexions) dans la presse française. La tonalité générale est l'inquiètude des évêques, dont l'attitude, au moins pour ceux qui s'expriment, est rien moins que charitable. Très ouverts à L'Autre, mais pas Aux Autres! Et cette inquiètude est largement relayée par les medias bien-pensants, qui se focalisent sur "la concession majeure aux traditionalistes" (lire: à l'extrême-droite!!)
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Rappel:
Sur ce thème archi-récurrent, la meilleure analyse, sans doute parce qu'il n'est pas directement concerné et qu'il connaît -et comprend- à fond le Saint-Père, est pour moi celle de John Allen:
John Allen sur le Motu proprio (2)


Le Monde

Sous la plume de l'inévitable Henri Tincq, Le Monde titre "Le pape prépare une concession majeure aux catholiques traditionalistes".
Le point de vue adopté est clairement réticent, voire malveillant, comme on en a l'habitude de ce journal. Manifestement, ce qui, dans la foi catholique, préoccupe Henri Tincq, c'est tout ce qui s'écarte de sa spécificité:

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" ...nombre d'évêques (en France, aux Etats-Unis) sont inquiets par les risques de division que cette mesure du pape risque d'entraîner. Un bi-ritualisme de fait va s'instaurer dans l'Eglise catholique en Occident .... Nombre de prêtres ont déjà exprimé leur crainte des méthodes musclées de groupes traditionalistes qui, demain, s'abritant derrière la décision du pape, viendront exiger d'eux la célébration de la messe en latin.

Cette concession aux traditionalistes inquiète aussi la grande majorité des catholiques acquis à Vatican II, pour qui la banalisation de la messe en latin - prétexte à des désaccords de fond - risque de menacer des options plus récentes de l'Eglise comme la reconnaissance de la liberté de religion, l'oecuménisme, le dialogue avec le judaïsme ou l'islam. "


Le Figaro

Le Figaro, avec Sophie de Ravinel, met lui aussi l'accent sur les "fortes tensions" au sein de l'épiscopat français:
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" Alors que Benoît XVI doit rendre public cette semaine le motu proprio libéralisant le rite de saint Pie V, les évêques de France prennent acte de la volonté du Pape, mais restent circonspects.
« NOUS ne souhaitions pas ce document [...] Mais nous accepterons ce que le Pape demande et ferons de notre mieux pour aller dans le sens qu'il demande. » Tenus sur les ondes de Radio Vatican par l'archevêque de Toulouse et président de la commission liturgique, Mgr Robert Le Gall, ces propos illustrent la position des évêques français. Après avoir clairement manifesté leur réticence face à la libéralisation de l'ancien rite en latin ces derniers mois, ils sont désormais placés au pied du mur.

... Le climat, pourtant, est tendu. Et l'on s'attend à une levée de boucliers, au moins de la part de cette partie du clergé et des laïcs qui ont « fait » l'Église dans les années 1970. « Je regretterais que l'Église apparaisse comme un espace de vaines polémiques, anticipe avec prudence Mgr Benoît Rivière, évêque d'Autun. Loin d'un esprit de querelle, il nous faut comprendre la volonté de Benoît XVI qui souhaite tendre la main aux catholiques en rupture ou au bord de la rupture. » Inutile donc de se battre « sur des questions de ritualisme», ajoute le prélat. Mais pas question non plus de transiger à l'avenir « sur la communion nécessaire avec l'Église et son magistère ». Et donc avec les enseignements du concile Vatican II, dont une partie est mise en cause par les traditionalistes et les lefebvristes, qu'il s'agisse de la liberté religieuse, de l'œcuménisme ou de la collégialité.

« Je n'ai pas l'habitude de crier avant d'avoir mal ! » affirme pour sa part Mgr Michel Dubost qui, comme son homologue d'Autun, préfère pour le moment mettre en avant la volonté romaine de réconciliation et d'unité, tout en restant « très attentif» à ce que le texte va contenir. L'approche de l'évêque d'Évry se veut a priori bienveillante. Il comprend - même si le latin n'est pas vraiment sa tasse de thé - que « dans une société mondialisée, certaines personnes puissent avoir besoin de rites pour marquer leur identité » et que « l'Église est appelée à réfléchir sur cette dimension rituelle».
Mgr Dubost, lui aussi, va s'efforcer de recevoir le texte « du mieux possible », mais refuse pour l'instant de s'exprimer sur le point susceptible de créer des remous chez les évêques s'il était confirmé. ... "


Lettre aux évêques de Michel de Jaeghere

Face à ce déferlement, je recense deux réactions qui me plaisent,, celle de Michel de Jaeghere, sur le ton de l'ironie mordante, et celle de Patrice de Plunkett, sur son blog, mais elles risquent malheureusement d'avoir un impact limité, faute d'une large diffusion hors des milieux catholiques très concernés:
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Lettre à un évêque inquiet, par Michel De Jaeghere (à propos de M. De Jaeghere, voir ici: Contre l'Eglise )

" On me dit, Monseigneur, que vous êtes inquiet. Que vous multipliez depuis un an les voyages à Rome pour faire connaître au Saint-Père votre préoccupation. Que vous avez exprimé votre angoisse dans des communiqués. Que vous vous y êtes fait le relais des protestations qui montent, dans vos paroisses, des questions que se posent les chaisières, les conseillers synodaux et les diacres mariés.
....
Vous avez perdu en vingt ans près du tiers de votre troupeau. En 2000, pour la première fois, moins de la moitié des enfants nés en France ont été baptisés...
La foi de ces catholiques a au surplus de quoi surprendre. 8 % d’entre eux ont en effet déclaré aller à la messe tous les dimanches, 9 % une ou deux fois par mois, 31 % pour les grandes fêtes ; 46 % seulement pour les événements familiaux. 6 % des catholiques n’assistent jamais au moindre office religieux ; 29 % ne prient “jamais”. 12 % ne connaissent pas par cœur le Notre Père, 19 % le Je vous salue Marie. 17 % ne croient pas à l’existence de Dieu (dont 6 % de ceux qui vont deux fois par mois à la messe) ; 30 % n’ont « pas d’opinion ».
Vous êtes inquiet, Monseigneur, comme un syndic de faillite pourrait l’être. Car vous manquez cruellement de prêtres pour apporter la Bonne Nouvelle à ce peuple désabusé. Au lendemain de Vatican II, les prêtres ont abandonné le sacerdoce par milliers. ...

Vous êtes inquiet et vous n’êtes pas seul à l’être. Le Saint-Père multiplie les discours pour dénoncer « l’apostasie silencieuse » (le mot est de Jean-Paul II) des pays de vieille chrétienté, la « dictature du relativisme » (celui-là est de Benoît XVI) qui, mieux que le communisme, est sur le point d’éradiquer le christianisme d’Europe occidentale, l’« hédonisme triomphant » qui a fait inscrire dans nos législations tant de lois contraires aux préceptes de la morale naturelle.
...
Ce dont vous êtes inquiet, j’ai du mal à le croire, c’est de la publication prochaine d’un décret qui devrait reconnaître droit de cité à la messe grégorienne (celle de saint Pie V). Vous êtes inquiet parce qu’il sera bientôt loisible aux prêtres qui le souhaitent de la célébrer comme vous l’avez célébrée vous-même, quand vous fûtes ordonné. ....Vous êtes inquiet parce que ce geste pourrait déboucher (premier succès jamais enregistré par l’œcuménisme !) sur la réconciliation avec les fidèles entrés en dissidence après le concile parce qu’ils avaient le sentiment que l’héritage des siècles n’était plus défendu, dans l’Église, comme il le méritait. Je vous avais mal jugé, Monseigneur : je vous avais pris pour un père. "


Patrice de Plunkett

Le Blog de Patrice de Plunkett:

" Beaucoup de bruit a été fabriqué par les médias autour de ce Motu proprio, afin de persuader l’opinion que « le retour à la messe en latin » prouverait l’esprit rétrograde de Benoît XVI. Cet argument ne tient pas debout si l’on se place dans la perspective exacte du Motu proprio, qui est celle de la liturgie catholique. ...
Le pape estime que le libre accès aux richesses de la messe tridentine va aider à l’éclosion d’un nouveau mouvement liturgique, qui bénéficiera à toute l’Eglise. On peut penser qu’il sait de quoi il parle. Et ... le Motu proprio va pouvoir "indirectement favoriser un réel renouvellement de la pensée catholique, en la libérant, peut-être dans la douleur - mais pour quel bénéfice ! - de certains carcans anciens, et en ouvrant des collaborations et des horizons féconds, jusque là inattendus."

Rendez-vous en juillet 2008 : et l’on verra que la campagne de presse contre le Motu proprio était un pauvre feu de paille humide, avec trop de fumée.








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