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UN MINISTÈRE DE L'IDENTITÉ NATIONALE
 

Depuis une semaine -je ne me souviens plus exactement du point de départ, et c'est sans intérêt- il est question dans les media d'une "provocation" de Nicolas Sarkozy, qui a promis, s'il est élu, de restreindre le nombre de ministres (c'est ce qu'on entend à chaque remaniement, c'est dire si c'est original) MAIS simultanément de créer un grand ministère de l'immigration et de l'identité nationale.
Immédiates protestations indignées, hurlements de désespoir du choeur vertueux de la 'nouvelle bien-pensance'.

Dans le registre, François Bayrou s'est surpassé, mais il nous avait déjà fait le même numéro après le discours du Saint-Père à Ratisbonne (*).

La tyrannie insupportable du "moralement correct" (Jean Sévilla ) ne s'est jamais exprimée avec autant d'arrogance.
Nicolas Sarkozy aurait moins choqué s'il s'était livré à un 'strip-tease' lors d'un 'meeting' . On joue à se faire peur, on crie au fascisme. Le débat, que l'on feint d'appeler de ses voeux, est donc totalement verrouillé sur cette question. La liberté d'expression que l'on revendique hypocritement est allègrement foulée aux pieds. L'arsenal juridique est là au besoin pour rappeler les récalcitrants à la raison, les autres sont immunisés par leur ignorance. Il n'y a pas de droit de réponse. Le message est clair, et il faudra un grand courage à l'homme politique qui osera, dans l'avenir, briser vraiment le tabou.

Quoiqu'on pense de son idée, donc, le jeu, qu'on n'ose plus nommer "démocratique" est grossièrement truqué.

Le plus drôle, dans cette affaire, est que Nicolas Sarkozy, est suffisamment habile pour tromper tout le monde, et ceux qui crient le plus fort savent pertinemment que sa dernière sortie tient plus du plan de communication que de la profession de foi. Car je suis prête à parier que, s'il est élu, ce qui reste pour le moment une hypothèse d'école, le ministère sera créé, et il sera dirigé par ce qu'on a encore le droit (?) de nommer "une personne issue de l'immigration". Pied-de-nez à la fois à ses détracteurs, et à ses partisans...


Les invraisemblables bouillies de Bayrou

(*) Il me paraît intéressant de mettre en parallèle deux déclarations de François Bayrou, la première en réaction à la polémique suscitée par la conférence de Benoît XVI à Ratisbonne (il se prétend catholique pratiquant...), et la seconde à propos de l'initiative de Sarkozy. Elles sont extraordinairement semblables.
Pour un agrégé de lettres, ce n'est pas fort, au niveau de l'expression. Quant au contenu, nous en laissons juges les gens qui sont tentés de voter pour lui.
La "prudence" obsessionnelle -mais c'est une prudence qui ressemble beaucoup à une démission- lui tient lieu de programme, son slogan devrait être "Faire attention". C'est-à-dire ne rien faire.
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1." [...] il y a deux phrases dans son intervention (ndr: celle du Pape), l'une qui est, je comprends très bien, offensante pour les croyants musulmans (...) et une phrase qui est, me semble-t-il, juste sur le fond, qui est de dire que la violence ne doit pas être mise au service de la religion". "Il me semble que quelque chose s'est réveillé à la surface de la planète, de l'ordre" des guerres de religion ...
"Ceci doit nous imposer à tous les responsables religieux et politiques, et à tous les citoyens, un très grand souci et une très grande rigueur. La religion c'est de la nitroglycérine. Et le propre de la nitroglycérine c'est qu'elle explose quand on la secoue, donc c'est un devoir pour nous d'y faire attention".
(cité par le Salon Beige)
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2. "Dans une campagne électorale, il arrive qu'on ait des déclarations risquées mais il y a une chose qu'il ne faut pas faire, c'est que ces déclarations remettent en cause les principes républicains les plus élémentaires. L'Histoire de la France nous a appris qu'il ne faut pas mélanger les questions d'identité nationale avec d'autres questions qui tiennent à l'origine par exemple. Je suis persuadé qu'il faut faire très attention quand il s'agit de sujets comme ça, en se souvenant du passé. L'identité nationale de la France, elle a un nom, c'est la République. La Nation, c'est l'adhésion aux principes qui nous font vivre ensemble, fondée sur Liberté, Egalité, Fraternité, et pas fondée sur l'origine. Chaque fois (?) qu'on l'a transgressée, ça a donné de grands malheurs. On ne mélange pas dans le même ministère immigration et identité nationale. D'abord on ne fait pas un ministère de l'identité nationale. On ne fait pas un ministère de la France. On ne fait pas un ministère du peuple français et des valeurs républicaines. Et surtout on n'en fait pas le ministère de l'immigration."
(cité par Yves Daoudal qui qualifie à juste titre cette déclaration d'invraisemblable bouillie )


Conseil à François Bayrou: lire Joseph Ratzinger

Je doute que François Bayrou lise ces pages, et c'est dommage pour lui, car je viens de chercher - et trouver- dans le livre d'entretiens de Joseph Ratzinger "Le sel de la terre" (page 82) un passage qu'il pourrait méditer avec profit. Changer le mot "évêque" contre "responsable politique", et vous pourriez croire que ce texte a été écrit pour lui....
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"J'entendais résonner à mes oreilles les paroles de la Bible et des Pères de l'Église, qui condamnent avec la plus grande rigueur les bergers qui sont comme des chiens muets et, pour éviter des conflits, laissent le poison se répandre.
La tranquillité n'est pas le premier devoir du citoyen, et un évêque qui ne chercherait rien d'autre qu'à éviter les ennuis et à camoufler le plus possible tous les conflits est pour moi une vision repoussante.
[..]
Je suis heureux, aujourd'hui encore, de ne pas avoir évité les conflits à Munich, car le « laisser faire » est - je viens de le dire - la pire manière que je puisse imaginer de remplir sa fonction".

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Le "laisser-faire", n'est-ce pas exactement ce que François Bayrou a pratiqué, comme ministre de l'éducation?


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