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UN MOTU PROPRIO QUI SE FAIT BIEN ATTENDRE...
 

Sous le titre "Le motu proprio qui se faisait attendre", un excellent article assez rosse du site Pro Liturgia, remet justement les pendules à l'heure: et cette heure est celle de l'Eglise, pas celle des media ni celles des lobbies... (5/6/2007).

Je ne me risquerais pas au jeu des pronostics (dangereux, pour qui s'y livre avec honnêteté!), mais il me paraît certain que ce motu proprio "ne paraîtra - s'il doit paraître un jour - que lorsque seront réunies les bonnes conditions pastorales et spirituelles pour sa réception, ce qui ne semble pas être pour demain".
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Comme John Allen récemment ( John Allen sur le Motu proprio (2) ), mais avec un ton nettement plus impliqué (donc plus polémique), et non dénué d'humour, l'article cité renvoie lui aussi dos à dos ceux qui prétendent écarteler l'Eglise entre deux tendances antagonistes, alors que le Saint-Père a le souci et le devoir de garder uni tout le troupeau, s'opposant pour cela, dans l'interprétation de Vatican II, à une herméneutique de la discontinuité [qui] risque de conduire à une rupture entre l'Eglise pré-concilaire et l'Eglise post-conciliaire.
Il faut se référer au discours prononcé lors des voeux à la Curie Romaine, en décembre 2005 :
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"La question suivante apparaît: pourquoi l'accueil du Concile, dans de grandes parties de l'Eglise, s'est-il jusqu'à présent déroulé de manière aussi difficile?
Eh bien, tout dépend de la juste interprétation du Concile ou - comme nous le dirions aujourd'hui - de sa juste herméneutique, de la juste clef de lecture et d'application. Les problèmes de la réception sont nés du fait que deux herméneutiques contraires se sont trouvées confrontées et sont entrées en conflit. L'une a causé de la confusion, l'autre, silencieusement mais de manière toujours plus visible, a porté et porte des fruits. D'un côté, il existe une interprétation que je voudrais appeler "herméneutique de la discontinuité et de la rupture"; celle-ci a souvent pu compter sur la sympathie des mass media, et également d'une partie de la théologie moderne. D'autre part, il y a l'"herméneutique de la réforme", du renouveau dans la continuité de l'unique sujet-Eglise, que le Seigneur nous a donné; c'est un sujet qui grandit dans le temps et qui se développe, restant cependant toujours le même, l'unique sujet du Peuple de Dieu en marche. L'herméneutique de la discontinuité risque de finir par une rupture entre Eglise préconciliaire et Eglise post-conciliaire."
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LE MOTU PROPRIO QUI SE FAISAIT ATTENDRE

Site ProLiturgia
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Les évêques de France jubilent: le Motu proprio devant libéraliser la forme anté-conciliaire du rite romain n'est pas paru. Mieux encore: on n'en parle plus. Tous les prêtres, mitrés ou non, peuvent donc en toute impunité continuer à célébrer la messe en dépit du bon sens, peuvent donc continuer à trahir Vatican II - ce qui se fait depuis plus de 40 ans! -, et Mgr Le Gall, Archevêque de Toulouse, peut continuer à berner les fidèles en prétendant qu'il n'y a plus de problème liturgique en France, un bon équilibre (sic) ayant été trouvé. Equilibre dans la médiocrité?
Quant aux fidèles traditionalistes, ils ont de quoi être déçus: toujours pas de Motu proprio à l'horizon...
Si le texte que devait signer le pape Benoît XVI n'a pas été publié, c'est peut moins à cause des cris d'orfraie poussés par quelques clercs qui se sont pris soudain pour les gardien de Vatican II alors qu'ils ont toujours refusé d'en appliquer les principes, qu'à cause des agitations prématurées de quelques associations traditionalistes qui ont naïvement cru que le pape allait enfin leur donner raison contre le Concile et contre les évêques.
Pour l'heure, le Motu proprio est comme le monstre du Loch Ness: beaucoup en parlent, personne ne l'a vu... Et l'on se sait toujours pas ce qu'il contiendra exactement.
Il est probable qu'il ne paraîtra - s'il doit paraître un jour - que lorsque seront réunies les bonnes conditions pastorales et spirituelles pour sa réception, ce qui ne semble pas être pour demain. Et ce n'est sûrement pas en citant les paroles ou les sous-entendus de tel abbé "bien informé" ou de tel prélat "qui connaît quelqu'un qui..." qu'on favorisera beaucoup les conditions de sa bonne réception.
[..]
Si le Saint Père publie ce fameux Motu Proprio, on peut légitimement penser qu'il ne contredira ni le Motu proprio "Ecclesia Dei adflicta" de Jean-Paul II, ni le discours inaugural de l'actuel pontificat prononcé par Benoît XVI lui-même. Résumons: tous les fidèles catholiques doivent réfléchir sincèrement sur leur propre fidélité à la Tradition de l'Eglise, authentiquement interprétée par le Magistère ecclésiastique, ordinaire et extraordinaire, spécialement dans les Conciles oecuméniques, depuis Nicée jusqu'à Vatican II. Une herméneutique de la discontinuité risque de conduire à une rupture entre l'Eglise pré-concilaire et l'Eglise post-conciliaire qui s'opposerait à la réforme telle que l'a présentée Jean XXIII en disant que le Concile "entend transmettre la doctrine pure et intégrale, sans atténuation ni déformation".
L'annonce de la publication d'un Motu proprio, en automne dernier, a permis de constater que la réflexion constructive souhaitée par les papes a été remplacée par une dérive de plus en plus forte dans certains milieux ecclésiaux de tous bords: celle de la systématisation des pratiques de lobbying. On avait déjà vu le "sondage" sur "la messe traditionnelle" (sondage sans valeur dans la mesure où peu de personnes savaient ce qu'il fallait entendre par "messe traditionnelle") orchestré par l'Association "Paix liturgique". On voit maintenant, outre des groupes de prêtres - et d'évêques! - qui prétendent que Benoît XVI serait un semeur de division dans l'Eglise, le journal "Présent" (*) et le site internet "Forum Catholique" faire du battage et des extrapolations à partir des conclusions d'une commission cardinalice de 1986.
Qu'est ce que tout cela veut dire? Le catholique français - clerc ou laïc, de quelque bord qu'il soit - serait-il à ce point englué dans son gallicanisme d'un autre siècle, qu'il serait devenu incapable de voir, d'imaginer, de comprendre, que pour résoudre la question liturgique, l'assistance de l'Esprit Saint et l'obéissance au Saint Père sont plus efficaces que les opinions de tel ou tel plumitif?


(*)

La liberté de la messe tradi est un fait bien établi (J. Madiran)


Propos de Mgr Bertone: "décryptage" | Encore Mgr Léonard