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LES MAUVAIS AVOCATS

Récupération

Décidément, la défense du discours du Saint-Père au nom de la liberté d'expression commence à sentir la récupération idéologique et politicienne
Ce discours est devenu un fourre-tout, une auberge espagnole, ce qui en est à présent extrait n'est plus le fameux passage qui avait déclenché l'ire des musulmans, mais c'est tout aussi éloigné de son véritable message (qui n'a à mon avis pas encore vraiment émergé, comme je l'avais pressenti en l'écoutant en direct).
Ses pires ennemis cherchent à s'approprier ses propos en les détournant totalement de leur sens initial.

Il est en effet évident que Benoît XVI est en opposition absolue avec leur argument qui consiste à dire: on a le droit de parler de tout, de moquer de façon irresponsable les convictions les plus profondes et les plus respectables, c'est très important pour notre avenir, et notre capacité à vivre ensemble.
Eh bien non, c'est simpliste et même faux. Curieusement(?), ceux qui défendent cette idée avec le plus d'acharnement sont précisément ceux qui, ayant SEULS accès aux medias, ont confisqué à leur profit le soi-disant débat démocratique dont ils sont, et pour cause, les zélateurs frénétiques, les mêmes qui limitent de façon drastique y compris par le canal législatif la liberté d'expression (cf loi Gayssot). Les autres en sont définitivement empêchés, car les premiers ne leur donnent jamais la parole dont eux-mêmes disposent librement.


 


D'ailleurs, au moment de l'affaire des caricatures de Mahomet, le Vatican avait publié, par le biais de l'Osservatore Romano du 4 février 2006, un communiqué qui ne laisse aucun doute sur sa position :
"Le droit à la liberté d'expression ne peut pas impliquer le droit d'offenser le sentiment religieux des croyants...
La coexistence humaine exige une atmosphère de respect mutuel pour favoriser la paix entre les hommes et les nations. En outre, certaines formes de critique exaspérée ou de dérision des autres dénotent un manque de sensibilité humaine et peuvent constituer dans certains cas une provocation inadmissible."


Attitude cohérente, car il est clair que cette mise au point pleine de bon sens concerne aussi les innombrables épisodes où les convictions des catholiques sont tournées en dérision sans que personne ne s'en émeuve!


 
 

On conviendra que le discours de Ratisbonne, loin d'une provocation, était un appel courtois et bienveillant à la raison des interlocuteurs, éventuellement musulmans.
On n'en dira pas autant de l'article exacerbé de Robert Redeker, inutilement explicite sur la violence de l'Islam, ou de la mise en scène par un vandale culturel de l'opéra de Mozart Idoménée, depuis lors déprogrammé. Ce qui incite à la méfiance dans l'empressement de ces mauvais avocats, c'est qu'ils se croient obligés à trois affirmations en forme de sésame, comme pour se dédouaner par avance. En substance, et dans un ordre quelconque:
1. Je ne suis pas d'accord avec les propos du Pape, qui témoignent entre autres d'une mauvaise [!!!] connaissance de l'Islam, mais il a le droit de dire ce qu'il veut comme n'importe quel citoyen.[!!!]
2. L'Eglise catholique ferait bien de balayer devant sa porte (lu partout, sous différentes formes). [Et de nous ressortir en vrac les Croisades, les bûchers de l'inquisition, les dragonnades l'affaire Galilée, et même...Jésus, qui selon le "spécialiste" Ellkabach, n'est pas un maître d'amour!!!]
3. Pas d'amalgame entre islam et islamisme.

On écoutera à ce sujet les interviews de Robert Redeker, et de BHL (égal à lui-même, cad cuistre et pontifiant, un clone de Jack Lang légèrement plus frais physiquement), au micro d'Ellkabach et de son remplaçant, sur Europe 1, respectivement les 29 septembre et 2 octobre derniers (à 8h20, voir sur le site:http://www.europe1.fr/antenne/reecoutez.jsp). Là, leur parole, plus spontanée que les écrits qu'ils ont pu commettre par ailleurs, montre les limites de leur dextérité intellectuelle (eh oui, tout le monde n'est pas capable d'improviser comme notre Pape) et met bien en relief leur soumission absolue au politiquement correct.

Il n'y a donc rien à attendre de ces gens-là, et je ne comprends pas pourquoi beaucoup parmi ceux qui sont loyaux envers le Pape, et lui vouent sincèrement un sentiment de vénération et de "filiale affection", se croient obligés de recueillir pieusement leurs paroles, comme s'ils préparaient une liste de "justes" au cas où...
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BHL s'en mêle

Annexe: Lire aussi le bloc-notes de BHL, dans le Point, reproduit sur le site ESM:
http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=0210061_levy

"On pouvait objecter à l'empereur byzantin, ou à Benoît XVI, que le phénomène de la conversion forcée n'est pas une spécialité de l'islam : voir l'Inquisition.
...
On rêvait, on rêve, de théologiens musulmans rappelant à un professeur Ratzinger peut-être aveuglé, après tout, par sa dispute avec la chrétienté byzantine... que l'islam d'Averroès et d'Avicenne, l'islam des libres-penseurs mutazilites du VIIIe siècle, l'islam qui fut, pendant des siècles, le vecteur de la pénétration des textes grecs en terre judéo-chrétienne, n'est pas fermé, tant s'en faut, aux enseignements de la raison :
cf. Grenade, Cordoue, le Siècle d'or espagnol, etc.
...
Tant il est vrai qu'il n'y aura pas d'autre façon de séparer, dans cette région du monde et de l'esprit, les deux partis :
les islamo- fascistes, d'un côté, dont chaque appel au meurtre ou au suicide, chaque prêche djihadiste, est comme un formidable crachat à la face du Prophète, et, de l'autre, les héritiers d'Averroès et Avicenne, tenants obstinés et parfois héroïques de la douceur, de la rationalité, des Lumières de l'islam."

[Les prétendus héritiers d'Averroès ont été très discrets, ces derniers temps, serait-ce uniquement dû à un phénomène de censure, comme celui évoqué plus haut, dans les médias occidentaux? ]
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A propos de la liberté d'expression revendiquée par les faux-amis, lire ici: Tiède défense du pape et liberté d'expression et aussi L'affaire Redeker



 

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