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JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX
 

Journée mondiale de la paix 2007: « La personne humaine, cœur de la paix »
Présentation du message de Benoît XVI

Le cardinal Martino, président du conseil pontifical Justice et paix, et Mgr Crepaldi, secrétaire, ont en effet présenté mardi matin à la presse le message de Benoît XVI pour la prochaine Journée mondiale de la paix, le 1er janvier 2007. Son thème : « La personne humaine, cœur de la paix ». (source Zenit)
Le texte complet figure sur le site du Vatican:
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J'ai prélevé des passages particulièrement riches d'enseignements.
Face au grave problème de la paix, dont on comprend qu'il a des ramifications dans presque tous les domaines, le Saint-Père se préoccupe, et tente d'apporter des réponses à tous les grands questionnements de l'humanité, il nous montre qu'ils sont étroitement et profondément inter-dépendants: droit à la vie et dignité de la personne humaine, égalité de tous les hommes et condition des femmes, écologie juste, "humaine" (dont on sent bien qu'elle s'oppose à l'écologie politique et idéologique représentée par les Verts, qu'on nous présente comme unique alternative au désastre prévisible), redéfinition de la notion tellement galvaudée de droits de l'homme... (on retrouve sa hantise du relativisme).
Devant la menace nouvelle du terrorisme, qui bat en brêche toutes les théories sur les conflits et les menaces contre la sûreté des états, il rappelle aussi à leur responsabilités les gouvernants, c'est ainsi que je comprends cette injonction solennelle:
les États ne peuvent pas ne pas éprouver la nécessité de se doter de règles plus claires, capables de s'opposer efficacement à la dérive dramatique à laquelle nous assistons.

Les sous-titres sont de la main du Saint-Père.



Personne humaine, coeur de la paix

AU DÉBUT DE LA NOUVELLE ANNÉE, je voudrais adresser aux Gouvernants des Nations, ainsi qu'à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté, mes vœux de paix. Je les adresse en particulier à ceux qui sont dans la douleur et dans la souffrance, à ceux qui vivent menacés par la violence et par la force des armes ou encore à ceux qui, bafoués dans leur dignité, attendent leur réintégration humaine et sociale. Je les adresse aussi aux enfants, qui, par leur innocence, enrichissent l'humanité de bonté et d'espérance et qui, par leurs souffrances, nous incitent tous à être des artisans de justice et de paix.
Pensant précisément aux enfants, spécialement à ceux dont l'avenir est compromis par l'exploitation et par la méchanceté d'adultes sans scrupules,
j'ai voulu, à l'occasion de la Journée mondiale de la Paix, que l'attention commune se focalise sur le thème: Personne humaine, cœur de la paix. Je suis en effet convaincu qu'en respectant la personne on promeut la paix et qu'en bâtissant la paix on jette les bases d'un authentique humanisme intégral. C'est ainsi que se prépare un avenir serein pour les nouvelles générations.


Le droit à la vie et à la liberté religieuse

Le devoir de respecter la dignité de tout être humain, dont la nature reflète l'image du Créateur, comporte comme conséquence que l'on ne peut pas disposer de la personne selon son bon plaisir. La personne qui jouit d'un plus grand pouvoir politique, technologique, économique, ne peut pas s'en prévaloir pour violer les droits des personnes moins chanceuses. C'est en effet sur le respect des droits de tous que se fonde la paix.
Consciente de cela, l'Église s'emploie à défendre les droits fondamentaux de toute personne. Elle revendique en particulier le respect de la vie et de la liberté religieuse de chacun.
Le respect du droit à la vie à toutes ses étapes constitue un point fort d'une importance décisive: la vie est un don; le sujet n'en a pas la pleine disponibilité.

De la même façon, l'affirmation du droit à la liberté religieuse met l'être humain en relation avec un Principe transcendant qui le soustrait à l'arbitraire de l'homme.
Le droit à la vie et à la libre expression de la foi en Dieu ne relève pas du pouvoir de l'homme. La paix a besoin que s'établisse une frontière claire entre ce qui est disponible et ce qui ne l'est pas: on évitera ainsi d'introduire des éléments inacceptables dans le patrimoine de valeurs qui est propre à l'homme en tant que tel.

En ce qui concerne le droit à la vie, on doit dénoncer toutes les terribles violations qui lui sont faites dans notre société: outre les victimes des conflits armés, du terrorisme et des multiples formes de violence, il y a les morts silencieuses provoquées par la faim, par l'avortement, par l'expérimentation sur les embryons et par l'euthanasie. Comment ne pas voir en tout cela un attentat à la paix?
L'avortement et l'expérimentation sur les embryons constituent la négation directe de l'attitude d'accueil envers l'autre, qui est indispensable pour instaurer des relations de paix durables.
Pour ce qui concerne la libre expression de la foi, un autre symptôme préoccupant du manque de paix dans le monde est constitué par les difficultés que rencontrent souvent aussi bien les chrétiens que les croyants d'autres religions à professer publiquement et librement leurs convictions religieuses. En parlant particulièrement des chrétiens, je dois relever avec souffrance que, parfois, ils ne sont pas seulement empêchés; dans certains États, ils sont même persécutés, et récemment encore on a pu enregistrer de tragiques épisodes de violence abominable. Il y a des régimes qui imposent à tous une religion unique, tandis que des régimes indifférents nourrissent non pas une persécution violente, mais une dérision culturelle systématique des croyances religieuses. Dans tous les cas, un droit humain fondamental n'est pas respecté, avec des répercussions graves sur la convivialité pacifique. Cela ne peut que promouvoir une mentalité et une culture négatives pour la paix.


L'égalité de nature de toutes les personnes

À l'origine des nombreuses tensions qui menacent la paix, il y a assurément les innombrables et injustes inégalités qui sont encore tragiquement présentes dans le monde. Parmi elles, de manière particulièrement insidieuse, on trouve, d'une part, les inégalités dans l'accès aux biens essentiels, comme la nourriture, l'eau, un toit, la santé; d'autre part, les inégalités persistantes entre homme et femme dans l'exercice des droits humains fondamentaux.

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. Le fait que la condition féminine soit insuffisamment prise en considération introduit aussi des facteurs d'instabilité dans l'ordre social. Je pense à l'exploitation de femmes traitées comme des objets et aux nombreuses formes de manque de respect pour leur dignité; je pense également — dans un contexte différent — aux perspectives anthropologiques persistantes dans certaines cultures, qui réservent aux femmes une place encore fortement soumise à l'arbitraire de l'homme, avec des conséquences qui portent atteinte à leur dignité de personne et à l'exercice des libertés fondamentales elles-mêmes. On ne peut se faire illusion: la paix ne sera pas assurée tant que ces formes de discrimination, qui lèsent la dignité personnelle, inscrite par le Créateur en tout être humain, ne seront pas abolies.



« L'écologie de la paix »

Dans l'encyclique Centesimus annus, Jean-Paul II écrit: « Non seulement la terre a été donnée par Dieu à l'homme qui doit en faire usage dans le respect de l'intention primitive, bonne, dans laquelle elle a été donnée, mais l'homme, lui aussi, est donné par Dieu à lui-même et il doit donc respecter la structure naturelle et morale dont il a été doté ».
C'est en répondant à cette consigne, qui lui a été adressée par le Créateur, que l'homme, avec ses semblables, peut donner vie à un monde de paix. En plus de l'écologie de la nature, il y a donc une « écologie » que nous pourrions appeler « humaine », qui requiert parfois une « écologie sociale ». Et cela implique pour l'humanité, si la paix lui tient à cœur, d'avoir toujours plus présents à l'esprit les liens qui existent entre l'écologie naturelle, à savoir le respect de la nature, et l'écologie humaine. L'expérience montre que toute attitude irrespectueuse envers l'environnement porte préjudice à la convivialité humaine, et inversement. Un lien indissoluble apparaît toujours plus clairement entre la paix avec la création et la paix entre les hommes. L'une et l'autre présupposent la paix avec Dieu. La poésie-prière de saint François, connue aussi comme « le Cantique de Frère Soleil », constitue un exemple admirable — toujours actuel — de cette écologie multiforme de la paix.

Le problème, chaque jour plus grave, des approvisionnements énergétiques nous aide à comprendre combien est étroit le lien entre ces deux écologies. Au cours des dernières années, de nouvelles Nations se sont engagées avec dynamisme dans la production industrielle, faisant croître les besoins en énergie. Cela est en train de provoquer une course aux ressources disponibles sans précédent. En même temps, dans certaines régions de la planète, il existe encore des situations de grand retard, où le développement est pratiquement bloqué, notamment en raison de la hausse des prix de l'énergie. Que deviendront les populations de ces régions? Quelle sorte de développement ou de non-développement leur sera imposée par la raréfaction des approvisionnements énergétiques? Quelles injustices et quelles oppositions provoquera la course aux sources d'énergie? Et comment réagiront les exclus de cette course? Ce sont des questions qui mettent en évidence que le respect de la nature est étroitement lié à la nécessité de tisser entre les hommes et entre les Nations des relations dans lesquelles on porte attention à la dignité des personnes et qui puissent satisfaire leurs besoins authentiques. La destruction de l'environnement, son usage impropre ou égoïste et la mainmise violente sur les ressources de la terre engendrent des déchirures, des conflits et des guerres, justement parce qu'ils sont le fruit d'une conception inhumaine du développement.
En effet, un développement qui se limiterait à l'aspect technique et économique, négligeant la dimension morale et religieuse, ne serait pas un développement humain intégral et finirait, parce qu'il est unilatéral, par encourager la capacité destructrice de l'homme.


Droits humains...

Une paix véritable et stable présuppose le respect des droits de l'homme.
Si ces droits se fondent cependant sur une conception faible de la personne, comment n'en sortiraient-ils pas eux-mêmes affaiblis? On voit ici de manière évidente l'insuffisance profonde d'une conception relativiste de la personne, lorsqu'il s'agit d'en justifier et d'en défendre les droits. L'aporie est ici manifeste: les droits sont proposés comme absolus, mais le fondement qu'on invoque pour eux est seulement relatif. Faut-il donc s'étonner si, face aux exigences « dérangeantes » de tel ou tel droit, quelqu'un puisse se présenter pour le contester ou pour décider de le mettre de côté? Les droits qui sont attribués à l'homme peuvent être affirmés sans crainte d'être démentis seulement s'ils sont enracinés dans les exigences objectives de la nature, données à l'homme par le Créateur.
Par ailleurs, il va de soi que les droits de l'homme impliquent pour ce dernier des devoirs. À ce sujet, le mahatma Gandhi déclarait à juste titre: « Le Gange des droits descend de l'Himalaya des devoirs ». C'est seulement en faisant la clarté sur ces présupposés de fond que les droits humains, aujourd'hui soumis à des attaques continuelles, peuvent être défendus de manière appropriée. Sans une telle clarté, on finit par utiliser la même expression « droits humains », sous-entendant alors des sujets très différents entre eux: pour certains, la personne humaine marquée par une dignité permanente et des droits toujours valables, partout et pour quiconque; pour d'autres, une personne à la dignité changeante et avec des droits négociables dans leur contenu, dans le temps et dans l'espace.


Droit international et droit interne aux Etats

...le fléau du terrorisme nécessite une réflexion approfondie sur les limites éthiques qui sont inhérentes à l'utilisation des instruments actuels de maintien de la sécurité nationale. De plus en plus, en effet, les conflits ne se déclarent pas, surtout lorsqu'ils sont déclenchés par des groupes terroristes décidés à atteindre leurs buts par tous les moyens. Devant les scénarios bouleversants de ces dernières années, les États ne peuvent pas ne pas éprouver la nécessité de se doter de règles plus claires, capables de s'opposer efficacement à la dérive dramatique à laquelle nous assistons. La guerre représente toujours un échec pour la communauté internationale et une grave perte d'humanité. Quand, malgré tout, on en arrive à ce point, il convient au moins de sauvegarder les principes essentiels et les valeurs qui fondent toute convivialité civile, en établissant des normes de comportement qui en limitent le plus possible les dommages et qui tentent d'atténuer les souffrances des civils et de toutes les victimes des conflits


Non-prolifération de l'arme nucléaire.

Un autre élément qui suscite une vive inquiétude est la volonté manifestée récemment par certains États de se doter d'armes nucléaires.
Face à une possible catastrophe atomique, un climat diffus d'incertitude et de peur s'est ensuite développé. Cela fait revenir en arrière, aux peurs et aux angoisses de la période dite de « la guerre froide ». On espérait alors que le péril atomique serait définitivement conjuré et que l'humanité pourrait finalement pousser un soupir de soulagement durable. Comme il apparaît actuel, à ce sujet, l'avertissement du Concile œcuménique Vatican II: « Tout acte de guerre qui tend indistinctement à la destruction de villes entières ou de vastes régions avec leurs habitants est un crime contre Dieu et contre l'homme lui-même, qui doit être condamné fermement et sans hésitation ». Malheureusement, des ombres menaçantes continuent à s'amonceler à l'horizon de l'humanité. La voie qui peut assurer un avenir de paix pour tous passe non seulement par des accords internationaux en vue de la non-prolifération des armes nucléaires, mais aussi par l'engagement à poursuivre avec détermination leur diminution et leur démantèlement définitif. Que rien ne soit laissé de côté pour parvenir, par la négociation, à la réalisation de tels objectifs! C'est le destin de la famille humaine tout entière qui est en jeu!


 

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