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RIEN NE PEUT FAIRE PEUR À RATZINGER... |
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C'est dans la presse italenne qu'il faut chercher les meilleures réflexions. Ici, l'éditorial du quotidien IL TEMPO (jeudi 23 novembre) qui rend hommage au courage de Benoît XVI, et laisse, dans une vision pessimiste, la "vieille Europe" face à ses lâchetés.
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Ma nessuno puņ mettere paura a Ratzinger
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Personne ne peut faire peur à Ratzinger Andrea Pamparana, IL TEMPO, 23 novembre 2006
Il est tout de blanc vêtu, parfois, le vent fait s'envoler sa calotte et ébouriffe ses cheveux neigeux. Ils tournent en dérision cet accent allemand qui est le sien, ils l'insultent pour sa foi, ils le critiquent pour ses idées. Ils le considèrent comme un ennemi car ils ne l'ont pas lu, pas étudié, et surtout pas compris. Parce que, pour aimer Benoît XVI, il faut avant tout le lire, l'étudier, et donc comprendre toute l'extraordinaire force morale et intellectuelle de ce pape. Un pape qui écrit un livre sur Jésus, et avertit le lecteur, avec l'humilité du simple ouvrier dans la vigne du Seigneur: "Frères et soeurs, ma leçon n'est pas une leçon magistrale, mais une recherche personnelle". Et il demande expressément: "critiquez moi, s'il le faut". Un homme, donc, de paix, de dialogue réciproque, un homme qui nous parle de ces pierres millénaires qui chantent à nos oreilles, et qui cherche à dépasser le fracas métallique des armes, qu'elles soient réelles ou verbales, fruits à la fois de la haine et du mal que chaque homme porte en lui, de ces forces obscures qui enlaidissent notre quotidien. Du reste, il ne pensait ni à l'Iran ni à la Syrie, le Pape, dans son douloureux appel après l'assassinat de Pierre Gemayel à Beyrouth. Voilà un homme sur le point d'affronter un voyage important, historique, dans la vieille et grande Turquie, depuis des siècles la porte entre l'Islam et le monde occidental, terre de minorités opprimées et de génocides occultés jusque dans la mémoire, comme celui des chrétiens arméniens au début du siècle passé. Benoît XVI veut ce voyage, il le désire avec tout son coeur. Ce n'est pas la Croix, symbole de guerre idéologique et religieuse, qu'il veut porter en Turquie, mais la vraie Croix, depuis des siècles signe tangible d'une vraie et possible paix. Il veut toucher avec les mains, voir et être vu, et surtout écouter, en souvenir de celui dont il porte le nom, de ce Saint Benoît, père de nombreux peuples: "Ecoute, ô mon fils, les enseignements du Maître". Il n'a pas peur, le Pape, il ne peut avoir peur. Les Loups Gris et les Frères Musulmans les plus extrêmistes lui ont déjà adressé leur message de bienvenue avant-hier, avec l'occupation de l'ex-basilique Sainte-Sophie, une des plus anciennes et des plus extraordinaires basiliques chrétiennes, transformée en mosquée en 1453, puis devenue le musée Ayasofia en 1934, sur décision du premier président de la république turque Mustafa Kemal Ataturk. Le parti islamique de la félicité (SP) a exhorté les turcs à participer dimanche prochain à une grande manifestation contre le pape "qui ne s'est pas fait scrupule d'insulter le prophète Mahomet" . Soixante associations et syndicats proches des milieux islamiques ont soutenu la campagne contre le Pape ave des proclamations "contre l'alliance des croisés", et on a prévu plus de 2000 autocars pour amener à Istambul au moins un million de personnes. A l'inverse, nous, nous éprouvons tous de l'inquiètude pour ce voyage. Parce que nous avons l'impression, corroborée par des faits tangibles, que, dans ce voyage, il risque d'y avoir de la casse pour le Pape: dans ce panier chargé, où se mêlent des intérêts économiques et mercantiles, militaires et politiques, le danger de ce voyage a fait réagir jusqu'au premier ministre catholique Romano Prodi, coupable de cette phrase obscène: "c'est aux gardes suisses de le protéger". L'Europe se tait, et somnole, anesthésiée par son opulence qui érode lentement un patrimoine culturel millénaire. L'Europe aux mille lumières colorées mais aux rares enfants, dans l'ignorance d'elle-même, dans l'absence de fierté pour ce qu'elle a été et ce qu'elle doit être. Derrière le Pape, il n'y a personne. Sinon nos humbles prières. ----------------------------------
Voir aussi ici des images du 26 novembre: Et à la veille du voyage en Turquie...
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Le voyage en Turquie: un signe de courage | Turquie: Revue de presse du J1
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