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NOUVEAU PRIMAT DE POLOGNE

Quand le Monde prend ses désirs...

... pour des réalités.

Lors du voyage apostolique en Pologne, le chroniqueur religieux du "quotidien français de référence" s'était fendu d'un article tendancieux, où il détournait les intentions du Saint-Père pour les rendre conformes à ses idées: "Benoît XVI rappelle à l'ordre les intégristes catholiques" (ce n'était nullement évident qu'il fallait interpréter de cette manière l' adresse au clergé polonais ). J'avais trouvé à l'époque qu'il en faisait beaucoup dans la déformation militante: Voir ici

La nomination du nouveau primat de Pologne (défenseur, selon Tincq, de la station de radio réputée antisémite et xénophobe Maryja) lui apporte une contradiction au moins apparente: n'en témoignerait-il pas de l'aigreur?
Sa biographie du primat "sortant" Mgr Glemp est en tous cas un chef-d'oeuvre de malveillance hypocrite et politiquement correcte.
Témoin, cet article:


 

Benoît XVI nomme un primat de Pologne proche des traditionnalistes
LE MONDE | 08.12.06 | 14h27

Le pape Benoît XVI a nommé, mercredi 6 décembre, un nouvel archevêque de Varsovie, Mgr Stanislaw Wielgus, 67 ans. Evêque de Plock depuis 1999, il succède au cardinal Josef Glemp, 78 ans, qui était en fonction depuis un quart de siècle. Une lettre adressée par le pape autorise le cardinal Glemp à garder son titre de primat de Pologne jusqu'à ses 80 ans.

Né le 23 avril 1939 à Wierzchowiska, près de Sandomierz (au centre du pays), le nouvel homme fort de l'épiscopat polonais fut recteur de l'Université catholique de Lublin, avant de siéger à la commission conjointe Eglise-gouvernement, ce qui lui a permis de s'introduire auprès du gouvernement et des partis conservateurs à la tête du pays depuis 2005.

Selon Gazeta Wyborcza, une "tâche difficile" attend le nouvel archevêque d'une capitale largement laïcisée : "Nombreux sont ceux qui n'acceptent pas du tout le discours de la foi religieuse, encore moins celui de Radio Maryja." Or Mgr Wielgus passe pour un défenseur de la station extrémiste du père Tadeusz Rydzyk.

HOSTILE À LA LAÏCISATION

Dans un entretien à l'agence de presse catholique KAI, il vient d'exprimer son soutien à Radio Maryja pour son rôle dans l'"évangélisation" du pays et de défendre son existence au nom du pluralisme de l'Eglise.
Réputé pour fuir les médias, le futur primat de Pologne appartient au courant majoritaire de l'épiscopat, hostile à la laïcisation qui touche le pays et l'Europe.
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Avec le départ du cardinal Glemp, une page se tourne dans l'histoire de l'Eglise polonaise. Ancien secrétaire particulier du cardinal-primat Stefan Wyszynski, il en était devenu le successeur à sa mort en 1981. Jean Paul II n'avait pu s'opposer au choix de cette personnalité terne, soutenue par la prestigieuse figure de la résistance au communisme qu'était le primat Wyszynski. Mais ce n'est un mystère pour personne, en Pologne et à Rome, que le courant n'est jamais passé entre le pape polonais et le primat de Pologne.

Evêque de terrain, plus apprécié des milieux populaires que des intellectuels catholiques, Mgr Glemp avait été écarté de la préparation et de la signature des accords de Genève, entre personnalités catholiques et juives, ordonnant en 1987 le déménagement de carmélites polonaises qui s'étaient installées dans les limites du camp d'Auschwitz.

La pression internationale exercée sur elles avait réveillé en Pologne des démons antisémites. Le 25 août 1989, au sanctuaire de Czestochowa, Mgr Glemp avait fait scandale en dénonçant l'"air hautain" des juifs et des "mass media à leur disposition". Jean Paul II avait attendu cinq ans avant de désavouer le primat et d'imposer la solution du déménagement.

Après les années 1980, où il avait tenté de dialoguer avec le pouvoir militaire du général Wojciech Jaruzelski, le cardinal Glemp fut l'un des instigateurs de la table ronde qui réunit, en 1990, les représentants de toutes les forces politiques et du syndicat libre Solidarnosc afin d'organiser la transition démocratique. A la chute du communisme, le primat devint le porte-parole du camp hostile aux réformes libérales, dénonçant le droit à l'avortement, traitant les homosexuels de "déviants".

Le 21 mai 2000, il avait exprimé le repentir de l'Eglise polonaise pour ses manifestations passées d'antisémitisme et pour la collaboration de prêtres avec le régime communiste. Il s'était opposé au projet de Constitution européenne parce que la place de Dieu n'y était pas assez marquée. Fin 2005, toujours sous la pression du Vatican, il avait dénoncé l'activité de Radio Maryja, accusée de conduire à la "désintégration" de l'Eglise polonaise.

Celia Chauffour et Henri Tincq


 

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