Vous vous trouvez ici: Medias Décembre 2006  
 MEDIAS
Eté 2006
Septembre 2006
Octobre 2006
Novembre 2006
Décembre 2006

"LA MAIN TENDUE DE BENOÎT XVI" (AUX MUSULMANS)
 

Le site Agora Vox le media citoyen m'apparaît pour le moment, et faute d'information supplémentaire, comme un O.B.N.I. (objet bloggoshérique non identifié, pardon du mauvais jeu de mots, il m'a échappé).
Malgré la rubrique "qui sommes-nous" incontournable sur un site qui souhaite avoir de l'audience, j'ignore toujours qui est derrière, mais ce n'est pas un défaut.
Akram Belkaïd, présenté comme journaliste au Service Economie Internationale du quotidien français LA TRIBUNE, signe un article très intéressant sur la visite du Saint-Père en Turquie.
Quoiqu'on pense de son analyse, et il est clair que ce n'est pas un ami du pape, on ne peut que constater le succès de l'opération tentée par le Saint-Père dans le dialogue avec la communauté musulmane. Eux ont compris le message à leur façon, nous à la nôtre, (qui peut connaître les intentions du Saint-Père, sinon lui?) et ce n'est pas un problème pour moi.
Même si je me sens plus proche de l'interprétation du Libre Journal... ( Retour sur les fanfaronnades d'Erdogan ), qui était la mienne dès le premier jour ( Visite à la mosquée bleue ), le plus important, ce ne sont peut-être pas les choses telles qu'elles sont, mais l'idée qu'on s'en fait. Benoît XVI considère comme essentiel que le dialogue ne soit pas rompu, et la réussite, de ce point de vue, est totale.
L'essentiel de cette réflexion est peut-être la conclusion: En tous les cas, cette main tendue du pape m’a fait du bien.

Les commentaires, pas toujours indulgents, eux aussi, ne sont d'ailleurs pas moins intéressants que l'article auxquel ils répondent.
J'ai souligné ce qui a suscité mon intérêt, ou ma perplexité, ou même ma satisfaction, c'est-à-dire tout sentiment opposé à l'indifférence.


La main tendue de Benoît XVI

La chronique du blédard.
Retour sur la visite de Benoît XVI en Turquie
http://www.agoravox.fr
-------------------------

Dieu merci, c’est terminé. Finalement, les choses se sont bien passées. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la perspective du déplacement du pape en Turquie m’inquiétait depuis plusieurs semaines. Cette visite, je l’avais non seulement inscrite dans la rubrique « à suivre de près » mais je me la représentais comme un nuage supplémentaire susceptible d’alourdir une atmosphère mondiale déjà trop électrique. Comprenez-moi bien, je n’ai rien contre le fait que le chef de l’Eglise catholique se rende en terre musulmane. Bien au contraire : le dialogue interreligieux est plus que jamais nécessaire et, à l’inverse de nos habituels allumés du cerveau, je n’ai vu, dans ce voyage, aucune trace d’une « campagne de croisés contre l’islam et les musulmans »...

Mais, et cela n’étonnera personne, comment pouvais-je être serein dans la conjoncture actuelle ?
« Et s’il se passait quelque chose de grave ? » a été la question qui me taraudait, d’abord par amitié pour le peuple turc mais aussi par intérêt en tant que musulman. Je sais, on va me dire que personne n’est responsable des actes d’autrui surtout s’il s’agit d’extrémistes. Pure rhétorique. Nous savons tous à quel point la responsabilité collective s’applique aujourd’hui aux musulmans comme elle s’est appliquée aux Arabes dans les années 1970. Qu’un acte de violence aveugle ait lieu quelque part, qu’une foule d’hommes aux yeux exorbités se déchaîne, et l’on se sentira, qu’on le veuille ou non, concerné pour ne pas dire tenu coupable de silence complice et consentant. De fait, depuis bien avant les attentats du 11 septembre, nous sommes sur la défensive, tenus de nous justifier pour tout et n’importe quoi. Et c’est épuisant.
...
Bien sûr, un pape est toujours bien protégé mais allez savoir ce qui peut arriver par les temps qui courent. C’est pourquoi j’ai trouvé, dès la confirmation du voyage et malgré toutes les réserves que m’inspirait l’homme, que Benoît XVI avait du cran. Il aurait pu reporter ce déplacement, attendre que les feux qu’il a allumés avec son fameux discours prononcé à l’université de Ratisbonne s’éteignent définitivement. Cela aurait sûrement soulagé les autorités turques et nous avec. Peut-être même, avec la plus parfaite des mauvaises fois, vous aurai-je infligé une chronique dénonçant ce report ou cette annulation...
.....................

Au lieu de cela, le pape a fait face, et il est heureux que ce voyage ait pu avoir lieu. Allez, avouons-le, personne ne s’attendait à pareille tournure. Ayant lu le maximum de choses publiées en amont de cette visite, je n’ai rien trouvé qui annonça les deux grandes surprises du séjour papal. Commençons par la première.
Contrairement au cardinal Ratzinger, le pape Benoît XVI ne semble pas opposé à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne (UE). Certes, il n’y a pas eu de déclaration officielle - c’est le premier ministre turc qui l’a révélé - et le Vatican n’a pas vraiment confirmé. Mais il n’a pas démenti non plus et, en langage diplomatique, cela s’appelle une confirmation implicite, laquelle n’a d’ailleurs pas échappé aux médias.

Je fais partie de ceux qui pensent que l’une des meilleures choses qui puisse arriver au monde musulman est l’entrée de la Turquie dans l’UE. Evidemment, les choses sont mal parties (notamment à cause de Chypre qui, a défaut d’être une puissance, m’a dit un jour un confrère de Nicosie, a fait le choix d’être une nuisance...). Mais rien n’est encore perdu, et c’est pourquoi je suis ravi de cette prise de position du pape qui a le mérite de reléguer à l’arrière-plan le débat stérile sur l’Europe « club chrétien ».

Mais ce n’est pas le plus important. Ce qui restera dans les annales, c’est ce moment de prière de Benoît XVI sous les voûtes de la mosquée bleue. Ce fut un geste fort, un pont jeté vers une communauté qui, à travers le reste du monde, fait figure d’agresseur et qui se sent elle-même agressée. On va me dire que cet homme est incohérent, qu’il rudoie un jour les musulmans pour les flatter le lendemain. On va me reprocher de baisser ma garde et d’oublier le discours de Ratisbonne ainsi que la « leçon » faite aux musulmans à Cologne durant l’été 2005. On n’aura peut-être pas tort.
Il reste que je suis étonné et déçu de voir que ce moment de partage, cette communion spirituelle inédite entre un mufti et un pape dans un lieu saint n’a guère ému les foules musulmanes. Quelques images de télévision, quelques rares commentaires et éditoriaux et puis c’est tout. Sommes nous capable d’émotion que lorsque nous nous sentons insultés ? Où sont les grandes tirades ? Les opinions étalées sur deux pages ? Mais que l’on se rende compte : le pape a prié dans une mosquée !

Et si nous réfléchissions à notre tour ? Et si, par exemple, les dignitaires d’Al-Azhar ou de l’Organisation de la Conférence islamique se fendaient d’un communiqué annonçant, en signe de bonne volonté, que le sort des minorités chrétiennes en terre d’islam est de la responsabilité de tous les musulmans et que doivent être bannies les menaces et les persécutions qui les font fuir, peu à peu, de la terre de leurs ancêtres ? Voilà une réponse qui serait à la hauteur de ce qui c’est passé à Istanbul. Mais, je rêve peut-être.

En tous les cas, cette main tendue du pape m’a fait du bien. A sa manière, elle signifie qu’il faut que nous cessions d’avoir peur les uns des autres. Je ne suis pas naïf. Il y aura d’autres moments difficiles, d’autres épreuves mais rien ne pourra effacer cette « prière de la mosquée bleue ». Surtout, j’ose espérer que cette démarche papale ne sera pas mal interprétée par nos excités du djihad. En se rendant à Istanbul, en priant dans une mosquée, Benoît XVI a mis notre religion sur le même plan d’égalité que la sienne. Ce serait lui faire insulte que d’affirmer ou d’oser penser qu’il s’agit d’un acte de contrition ou d’allégeance. Ne confondons pas main tendue et révérence.


Commentaires, en vrac...

Mais non ! Le pape n’a pas "prié", il a médité, c’est lui-même qui l’a dit et puis un pape ne mettrait jamais aucune autre religion au même niveau que la sienne, pour lui la vérité est dans le catholicisme, même si il reconnaitra l’orthoxie. Quant au protestantisme, c’est déjà une autre affaire. Cependant ce pape a beaucoup d’estime pour les croyants musulman, ça ne l’empèche pas de ne pas adhérer du tout à l’islam.
On a pas bien cerné le voyage du pape. Il venait rencontrer le patriarche de Constantinople, pour la St-André. Ceci dit c’est vrai qu’il a été couillu, et je suis très heureux que son voyage se soit bien passé. Il y aurait un journal musulman "extrémiste", en tous cas très conservateur, qui a titré en allemand "bienvenue frêre Benoit XVI". Il a su plaire et a même dit une prière (chrétienne) en langue turque dans la maison de Marie.
Effectivement Benoit XVI en a étonné plus d’un quant à son attitude lors de sa visite en Turquie. J’espere que cette visite permettra à certains de relire la conférence de Ratisbonne dans son integralité et notamment les passages controversé, le texte est assez difficile à comprendre car hautement philosophique, mais permettra de constater que les medias ont fait un travail hallucinant de désinformation et ont une fois de plus, entretenu une haine qui n’a absolument pas lieu d’exister. Pour ce qui est du pape dans la mosquée bleue, c’est un grand signe, il a montré à la face du monde que les êtres humains sont capables de se receuillir ensemble dans un même endroit et ce même si leur religion est différente. Il ne faut pas oublier que les Chrétiens, les Musulmans, les Juifs, même s’ils ne prient pas le même Dieu, ont un unique but: le rejoindre. Les moeurs sont différents, les principes semblables, parfois il y a des déviances, mais ce n’est pas la religion qu’il faut critiquer, ce sont les déviants. Parfois certains déviants viennent à exprimer leur déviances un peu trop fort, il convient de corriger leur erreur en dialoguant intelligemment, et si ce n’est pas possible, en les "ex-communiants". Bref, il est temps que les hommes acceptent leur différence et commencent à faire ce long travail qu’on appelle le respect, ou la charité, bref, ce grand principe qui consiste à s’aimer, à dialoguer, à comprendre, bref à devenir des Hommes.
"Il reste que je suis étonné et déçu de voir que ce moment de partage, cette communion spirituelle inédite entre un mufti et un pape dans un lieu saint n’a guère ému les foules musulmanes. Quelques images de télévision, quelques rares commentaires et éditoriaux, et puis c’est tout. Ne sommes-nous capables d’émotion que lorsque nous nous sentons insultés ?".
Bel et lucide aveu. La tolérance est toujours (et pour combien de temps ?) à sens unique. L’islam crispé sur son identité défaillante et archaïque ne tolère pas grand chose, à part l’Islam crispé sur son identité défaillante et archaïque. ...
Et merci à Bill pour sa précision: effectivement, le mitré catho a bien précisé qu’il avait "médité" et non "prié". Pas folle la guêpe. A mon avis, il ne devait pas "méditer" sur un quelconque œcuménisme des monothéismes abrahamiques ! Peut-être sur son pieux mensonge à propos de l’entrée de la Turquie dans l’U.E. ?
Chez les chrétiens quand on parle à Dieu ... On prie... et le pape, représentant de tous les chrétiens, montre qu’il s’adresse à Dieu comme tous les musulmans. Priez Dieu sans intercession dans une mosquée démontre au monde que nous sommes de la même famille.
Le dialogue approfondi entre les musulmans et les non-musulmans passent par 4 décisions de la part des autorités musulmanes:1) que les non-musulmans dans les pays dits musulmans soient condédérés comme ayant les mêmes droits que les non-musulmans. 2) que les musulmans de tradition acquièrent le droit de ne plus être musulmans, voire d’être athées sans aucun risque de sanction. (abolition du délit d’apostasie) . 3) que les droits des hommes et des femmes soient égaux. 4) que les mariages forcés soient condamnés par les autorités musulmanes.
Bravo pour cet article !Ce n’est pas aux occidentaux de donner des leçons de paix et d’égalité homme-femme, nous avons eu des périodes très noires nous aussi. Mais le geste du pape est vraiment beau, et va au-delà du symbole ! Puissent de nombreux chrétiens et de nombreux musulmans comprendre la portée de cette démarche qui refuse les caricatures et les tensions religieuses.



Sandro Magister: un portrait du Pape | Sandro Magister en français