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LE MONDE FAIT LE GRAND ÉCART
 

... C'est du moins l'impression qu'il donne.
Quand on se prétend comme lui "éclairé", défendant les belles notions d'"humanisme", et surtout de liberté d'expression, il est difficile, malgré une hostilité latente, de condamner entièrement le Saint-Père. Mais on ne veut pas non plus trop fâcher les amis musulmans et leurs délicates oreilles...
On en est donc réduit à faire le grand'écart...
On préfère insister sur la "maladresse" de ce pape, qui ne serait pas un "politique", sur ses erreurs de communication, comme si le Chef de l'Eglise Catholique devait être avant tout un communiquant et un politique (il l'est, justement, n'en déplaise à Tincq et consort, car un esprit supérieur sait s'adapter, mais il ne l'est qu'incidemment). Une telle incompréhension est inimaginable... sauf dans le monde sans Dieu que le Saint-Père a justement déploré dans son discours de Ratisbonne.
Je renvoie ces gens, et leurs commentaires suffisants, à ce qu'a dit de lui le journaliste Vittorio Messori
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... "un homme entièrement immergé dans la dimension religieuse. Et c'est seulement en se mettant dans sa perspective qu'il est possible de vraiment comprendre le sens de ce qu'il dit. De ce point de vue, les formules conservateur- progressiste, droite - gauche, n'ont plus de sens ; car elles proviennent d'une réalité bien différente, celle des idéologies politiques, et ne sont donc pas applicables à la vision religieuse qui, pour reprendre les mots de Pascal, est d'un ordre qui dépasse, en profondeur et en hauteur, tous les autres.". (Entretiens sur la foi)
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Le Monde publie une dépêche AFP...

... et les propos de l'imam de la grande mosquée de Rome sont hallucinants. Il faut oser!!!
La référence au "retour en arrière de plusieurs années" , à la "religion respectueuse" et aux "gens de paix" feraient presque sourire si le contexte n'était si dramatique.


Pape: "retour en arrière de plusieurs années" (imam grande mosquée de Rome)
AFP 18.09.06 | 20h02

L'imam de la grande mosquée de Rome, Sami Salem, a estimé lundi que les paroles de Benoît XVI sur l'islam avaient engendré "une situation très difficile" et un "retour en arrière de plusieurs années", dans un entretien à l'agence italienne Ansa.
Mardi, Sami Salem doit rencontrer à Rome le cardinal français Paul Poupard et le grand rabbin de Rome Riccardo Di Segni à l'occasion du lancement d'une revue inter-religieuse.
Cette rencontre, prévue de longue date, intervient alors que les rapports du Vatican avec le monde musulman traversent une grave crise à la suite des propos du pape Benoît XVI sur l'islam.

"Avec les paroles du pape, nous sommes retournés en arrière de plusieurs années", a commenté Sami Salem.
"Nous sommes dans une situation très difficile. La parole est comme un enfant qui vient de naître: une fois qu'elle est prononcée, on ne peut pas revenir en arrière", a jugé l'imam.
"Les mots ne suffisent pas pour résoudre cette situation. Il faut démontrer qu'on est des gens de paix", a-t-il résumé.
"Je me suis employé à calmer la communauté: durant la prière de vendredi dernier, j'ai expliqué que notre religion est une religion riche et respectueuse. Il est nécessaire de travailler pour le dialogue, malgré les difficultés liées aux processus d'intégration".
...



Le faux pas de Benoît XVI (Henri Tincq)

Où le "vaticaniste" du Monde révèle son hostilité , d'habitude sournoise, mais cette fois à peine masquée. Il va jusqu'à l'exprimer dans un registre presque vulgaire ("balayer devant sa porte").
@ On notera la référence troublante à l'autre "bévue", celle d'Auschwitz, elle aussi montée de toutes pièces par les media occidentaux, au nombre desquels Le Monde figurait au premier rang. Quel rapport? Ou bien, est-ce un aveu implicite?
@ Comment peut-on même évoquer de l'inexpérience, à propos d'un homme qui a été pendant 25 ans le numéro 2 de L'Eglise, aux côtés de Jean-Paul II?
@ Comment Henri Tincq a-t-il eu accès aux confidents du Pape? Ceci sent décidément l'arnaque journalistique, c'est un procédé courant, au niveau de la lettre anonyme, indigne d'une information sérieuse, et qui autorise à faire dire n'importe quoi à n'importe qui. Je l'avais déjà remarqué dans
Paris-Match, sous la plume de Caroline Pigozzi, mais Paris-Match, ce n'est pas Le Monde... du moins en apparence.
@ Enième retour sur les "repentances" de Jean-Paul II, et les "crimes" de l'Eglise catholique, critique du choix de Tarcisio Bertone "recruté contrairement à tous les usages de la maison.. "
etc.

Evidemment, la fin de l'article est plus nuancée, pour les raisons de grand'écart que j'ai exposées
plus haut, mais mettre sur le même plan l'affaire des carricatures de Mahomet, l'affaire Salman Rushdie, et la honteuse manipulation d'aujourd'hui, cela relève de l'imposture.
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Islam : un faux pas de Benoît XVI ?, par Henri Tincq

LE MONDE | 19.09.06 | 14h10

Le nouveau pape a-t-il commis son premier faux pas ? Devant la déferlante de réactions qu'a soulevée dans le monde musulman son discours de Ratisbonne, mardi 12 septembre, lors de son voyage en Allemagne, on se demande encore pourquoi il est allé puiser dans l'histoire de l'islam des exemples de contradiction entre la foi et la raison, comme s'il n'en existait pas dans la longue série des querelles théologiques internes, et souvent cruelle, au christianisme.


Que n'a-t-il balayé devant sa propre porte plutôt que d'aller chercher des arguments dans la littérature des controverses : celle d'un Manuel Paléologue, empereur byzantin du XIVe siècle, polémiquant contre l'islam alors que la menace turque est aux portes de Constantinople ? Ou celle d'Ibn Hazm, cet auteur espagnol du XIe siècle qui condamnait toute spéculation théologique, mais n'a jamais fait école dans la pensée islamique ? Les musulmans s'indignent, à juste titre, que le pape soit allé trouver son argumentaire contre la violence religieuse dans des contextes historiques ainsi datés ou dans des courants marginaux de l'islam. On peine à comprendre pareille bévue dans un contexte de relations si orageuses entre l'Islam et l'Occident.

Benoît XVI, né Joseph Ratzinger, issu de la grande tradition théologique allemande (catholique et protestante), fut un universitaire accompli et brillant et, sous Jean Paul II, un gardien très orthodoxe de la doctrine romaine. Mais pouvait-on imaginer que son inexpérience politique soit si vite si éclatante après son élection d'avril 2005 sur le trône de Pierre ? Quelques semaines après son arrivée au sommet de l'Eglise, il avait énuméré les noms des Etats victimes du terrorisme, sans citer celui d'Israël, s'attirant de vifs reproches de Jérusalem. Le 28 mai, au cours de sa première visite de pape allemand à Auschwitz, il avait aussi mis la Shoah sur le compte d'un "groupe de criminels" nazis, sans évoquer la responsabilité du peuple allemand. Et il avait fait mémoire des six millions de victimes polonaises de la guerre, sans préciser que la moitié étaient des juifs. Devant l'émoi de la communauté juive, il avait rectifié ses propos.

Plus que d'inexpérience, c'est de méfiance qu'il faut parler à propos de ce pape. Son secrétaire d'Etat, numéro deux de la Curie, chargé de la diplomatie vaticane, a été volontairement recruté, contrairement à tous les usages de la maison, en dehors du sérail des diplomates de métier. Benoît XVI a préféré se rassurer en choisissant un autre proche théologien, le cardinal Tarcisio Bertone, qui fut son complice à la congrégation de la doctrine de la foi.

Récemment, Benoît XVI a expliqué à des confidents qu'il était effrayé par l'incompétence des nonces apostoliques. Celui de Washington ne lui avait jamais fait de rapport à Rome avant que n'éclate le scandale des prêtres pédophiles aux Etats-Unis ! Mais le pape ne peut continuer à se fier à son seul flair et à son goût de la confrontation intellectuelle. Un diplomate astucieux de son entourage aurait pu deviner l'exploitation qui serait faite dans les pays musulmans des malheureuses citations de sa "leçon" universitaire de Ratisbonne.

Benoît XVI a exprimé sa "tristesse", mais il n'a pas présenté d'excuses. Pour lui, il s'agit d'un regrettable malentendu. Mais - cycle infernal de la polémique -, les pays musulmans attendent qu'il se rétracte et se repente.
Jean Paul II avait bien manifesté sa "repentance" pour les crimes commis dans le passé par l'Eglise : l'antijudaïsme des origines chrétiennes, les Croisades, l'Inquisition, la guerre contre les protestants. Mais de telles excuses "à chaud" présentées à l'islam seraient sans précédent dans l'histoire de l'Eglise. On imagine le profit que des extrémistes de tout rang tireraient de ce mea culpa du pape à l'égard des musulmans. Et les risques d'incompréhension radicale chez les catholiques.

UN DIALOGUE FONDÉ SUR LA "RAISON"

Erreur sur la forme, sans doute. Mais y a-t-il erreur sur le fond ? Du point de vue du pape Ratzinger, certainement pas. Le discours de Ratisbonne n'est pas le fait du hasard. Il est le fruit d'un cheminement qui lui est propre quant au dialogue interreligieux et qui ne ressemble pas aux voies ouvertes par Jean Paul II. Benoît XVI ne renie pas les options prises dès le concile Vatican II (1962-1965) en faveur de la reconnaissance des autres religions non chrétiennes et de l'ouverture d'un dialogue avec elles. Mais il a toujours pris ses distances avec les rencontres des religions à Assise qu'avait convoquées Jean Paul II, y voyant un risque de syncrétisme et de dilution de l'identité catholique.

A peine élu pape, il a évincé le responsable des relations avec l'islam, un Père blanc, vieux routier d'un dialogue jugé trop convenu. Puis, au nom d'une conception plus culturelle que théologique du rapport avec l'islam, il a fusionné au Vatican les deux "ministères" de la culture et du dialogue interreligieux. Juste après l'affaire des caricatures de Mahomet, le meurtre de prêtres en Turquie et des émeutes antichrétiennes dans quelques pays musulmans, cette double décision avait eu valeur de signal. Le dialogue avec l'islam serait placé sous le signe d'une plus grande fermeté.

Qu'a donc voulu dire exactement le pape à Ratisbonne ? Que le dialogue devait être franc. Non plus le dialogue des bons sentiments, des accolades, des appels incantatoires, aussi répétitifs qu'inefficaces, à la paix des religions comme anticipatrice de la paix du monde. Ce que le nouveau pape réclame, c'est un dialogue fondé sur la "raison" : y a-t-il, oui ou non, des germes de violence dans les textes sacrés ? Y a-t-il, oui ou non, dans l'islam comme dans les autres confessions, des instances critiques permettant une herméneutique libre - un droit d'interprétation - des textes ? Y a-t-il, oui ou non, des autorités magistérielles capables et libres d'énoncer le droit, de dénoncer le débordement, de traquer le fondamentalisme ?

Sous prétexte d'islamophobie ambiante, ou de risque d'instrumentalisation par des groupes radicaux, faut-il se taire sur ces questions ? Bien des musulmans modérés, intellectuels ou non, se les posent chaque jour, de manière ouverte ou clandestine, par peur de représailles. Aussi faut-il que l'islam se sente bien fragile pour qu'à chaque interpellation extérieure, d'où qu'elle vienne - un écrivain comme Salman Rushdie, des caricaturistes danois, aujourd'hui le pape -, il n'ait d'autres ressources que celle de l'émotion transmise parl' "islam satellitaire" (les chaînes Al-Jazira ou Al-Arabiya), le plus influent aujourd'hui, d'autre riposte que de crier à l'insulte contre le prophète.

Henri Tincq



Le métier de pape

Tincq aurait-il été entendu?
Oui, si l'on en croit ce tissu d'inepties lues dans l'Express en ligne ce 21 septembre.
Voilà que ces "journalistes" prétendent apprendre son métier au Pape!!


Benoît XVI et son métier
par Bernard Guetta
Le Saint-Père n'a pas encore réalisé qu'il n'est plus professeur mais pape

Des excuses? Sans doute ne faut-il pas faire d'une gaffe une insulte, mais tout de même!
Lorsqu'on incarne, de fait, la chrétienté, que les chrétiens d'Orient sont dans un tel péril (ndr: ce n'est tout de même pas la faute aux catholiques ou aux boudhistes...) et que des djihadistes guettent toute occasion de pousser les feux du fanatisme, comment avoir l'inconscience d'aller déclarer que «Mahomet [n']a apporté [...] que des choses mauvaises et inhumaines comme le droit de défendre par l'épée la foi qu'il prêchait»? (ndr: encore une citation tronquée, et à présent, il ne peut même plus avoir l'excuse de ne pas avoir lu le texte)
«Il s'agissait d'une citation», a expliqué Benoît XVI en se disant «vivement attristé» par les réactions qu'elle avait suscitées. C'est vrai. Cette citation ne faisait même qu'ouvrir une belle et forte réflexion sur Dieu, le Verbe et la Raison, mais pourquoi avoir exhumé cette phrase d'un empereur byzantin qui fut vassalisé par l'islam si elle «n'exprimait en aucune manière, dit le pape, ma pensée personnelle»?
Trop de gens, pas seulement des fanatiques, penseront maintenant que, si, bien sûr, Benoît XVI avait trouvé là un écho à sa propre vision (ndr: surtout si on les y a aidés!!!)
Et que la violence islamiste lui fait oublier, même à lui, que le Coran dit tant de choses si diverses qu'on doit s'appuyer sur tout ce qu'il a d'universaliste et de généreux pour relativiser tout ce qui ne l'est pas dans ses pages.(ndr: j'avoue n'avoir pas lu le Coran, mais je soupçonne que BG non plus!). Spirituellement parlant, rien n'est plus urgent pour l'islam et le monde.

Il serait terrible que le pape ne le sache pas, ne comprenne pas au moins qu'il devrait être le dernier à compliquer la tâche des intellectuels musulmans qui prônent ce travail. Mais est-il possible qu'il ignore de telles évidences?(ndr: Les "intellectuels" musulmans sont très discrets, dans leurs appels au calme, on les a peu entendu dire des choses sensées ou apaisantes, ces temps-ci)

On peut en douter. Benoît XVI est trop intelligent pour cela, mais il souffre, en revanche, d'une grande faiblesse.
Contrairement à son prédécesseur, il n'a pas été formé par les batailles qu'imposait la vie sous le communisme. Il n'a jamais eu l'occasion de développer le sens politique d'un Jean-Paul II, d'acquérir une stature d'homme d'Etat, car le seul défi auquel il s'est heurté a été la contestation soixante-huitarde, dont le caractère iconoclaste le révulsait.

L'Eglise l'a choisi car elle voulait une pause. Entre le rappel identitaire aux rigueurs de la doctrine et le témoignage politique - contre le communisme puis contre la loi du profit, pour la dignité de l'homme toujours, les cardinaux ont choisi l'identité, le moins risqué des sillons creusés par le pape polonais.(ndr: le moins risqué, vraiment? ou le plus urgent?)

Ils ont élu un théologien conservateur(ndr: encore cet ajectif déplacé! sous la plume d'un journaliste, "théologien" + "conservateur" a tout d'un pléonasme), tout sauf un politique, un pur intellectuel qui n'est plus professeur mais pape - le pape d'une dangereuse époque.

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