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L'AUTEUR DU THRILLER TURC "CONTRE LE PAPE" PARLE
 

J'ai déjà parlé du thriller écrit par un turc: Qui veut tuer le Pape à Istambul? (voir aussi: Un thriller contre le pape )
Il répond ici aux questions du quotidien italien "Il Giornale" (propriété de Silvio Berlusconi), à propos de son best-seller mais aussi de son sentiment sur la venue prochaine de Benoît XVI en Turquie, et sur l'entrée de son pays dans l'UE.

A la lecture de ses réponses, je ressens un double malaise.
D'abord parce que l'antipathie de cet homme est palpable (contre le pape, contre l'occident, et il ne s'en cache pas), et ensuite parce qu'il ment.
Il ment lorsqu'il dit "... en août dernier, un prêtre catholique en a parlé avec un journaliste français, et la rumeur s'est amplifiée. Aussitôt après les français, ce sont les quotidiens italiens qui en ont parlé...". Il veut expliquer le fait incroyable (même selon lui) que son pavé -médiocre et hyper-convenu, quand on en a lu le résumé - soit brusquement sorti de l'anonymat, et il n'est pas convaincant: au mois d'août, aucun media français n'a à ma connaissance titré sur ce non-évènement, cela ne s'est donc pas passé comme cela. S'il y a eu "caisse de résonnance", elle a fort bien pu être provoquée. D'autres que lui pourraient avoir eu l'idée d'utiliser son livre d'une certaine façon (?), et ont choisi le bon moment pour en parler.

Il ment encore ici: "...mon livre est sorti en janvier. Avant que la presse n'en parle, et alors que Benoît XVI n'avait pas encore accepté l'invitation des autorités turques. Quand il l'a fait, le roman était déjà en librairie". L'acceptation de Benoît XVI n'avait peut-être pas encore été rendue officielle, mais la visite n'en était pas moins prévue depuis longtemps, cela fait plus d'un an qu'on en parle.

D'ailleurs, quand il dit "je vais vous répondre avec une grande franchise", on voit bien qu'il a recours à la figure de réthorique classique de ceux qui alignent les mensonges. Mais c'est sans doute en effet le seul moment où il dit à peu près la vérité...

Il ne ment pas non plus, mais il est carrément sinistre lorsqu'il dit que sa plus grande crainte est que ".. d'autres puissent attenter à la vie du pape, en en faisant retomber la faute sur la Turquie".

Bref, après cette lecture, l'inquiètude pour le Saint-Père est plus que jamais à l'ordre du jour.


A nous, Benoît XVI ne plaît pas

J'ai peur pour Ratzinger.
....A nous, Benoît XVI ne plaît pas

Marta Ottaviani, "Il Giornale" 12 octobre 2006
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Il a écrit un livre au titre dramatique «Papa'ya Suikast» , "Attentat contre le Pape". Et un sous-titre inquiétant: "Qui va tuer le Pape à Istanbul".
Yücel Kaya, auteur de thrillers et de livres de science-fiction, a bondi à l'improviste à la une de l'actualité, et en tête du hit-parade des ventes. Dans son livre, il parle d'un journaliste, Oriano Ciroella, lié à l'Opus Dei, qui se transformera en meurtrier de Benoît XVI. Derrière lui, un obscur cardinal membre de la loge P2, qui veut tuer le souverain pontife pour prendre sa place. De l'autre côté, on trouve le MIT , les services secrets turcs, historiquement liés aux milieux de la droite islamique, qui voit dans la visite du pape en Turquie une dangereuse opportunité pour la réunion des églises catholiques et orthodoxes. Il Giornale, qui, le premier en Italie, a parlé du livre, a interrogé l'auteur, à un peu plus d'un mois de la visite du Pape en Turquie, pour chercher à comprendre quelle peut être la frontière entre la fiction et la réalité, et si, pour l'écrivain turc, le Pape est en danger comme dans son roman.
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Monsieur Kaya, votre livre «Papa'ya Suikast» fait parler de lui dans toute l'Italie. Vous attendiez-vous à attirer l'attention à ce point?
"Je ne m'y attendais pas du tout. Mon livre était déjà sorti en janvier, obtenant un succès que l'on pourrait qualifier de moyen. Puis, en août dernier, un prêtre catholique en a parlé avec un journaliste français, et la rumeur s'est amplifiée. Aussitôt après les français, ce sont les quotidiens italiens qui en ont parlé. En l'espace de deux semaines, tout le monde s'est mis à parler de mon roman, et beaucoup de journalistes m'ont réclamé des interviews. C'est une vraie surprise"

Cela me paraît exagéré. Après tout, vous avez écrit un livre au sujet explosif. Mais comment vous est venue l'idée d'un roman où vous imaginez un attentat contre le pape?
"Ce n'est pas si extraordinaire. En 1981, j'ai suivi avec un grand intérêt l'attentat contre le pape Jean-Paul II, de la main d'Ali Agça. En Turquie, il a couru beaucoup de légendes et de rumeurs sur qui avait pu armer la main d'Agça. J'ai eu l'idée d'écrire un roman transposant cet épisode de nos jours, en actualisant les protagonistes. Qui, dans la réalité, clairement, n'ont rien à voir ensemble."

N'avez-vous pas jugé inopportun d'écrire un livre de ce genre, juste au moment où le pape s'apprête à venir en Turquie.?
"Comme je l'ai déjà dit, mon livre est sorti en janvier. Avant que la presse n'en parle, et alors que Benoît XVI n'avait pas encore accepté l'invitation des autorités turques. Quand il l'a fait, le roman était déjà en librairie."

Aujourd'hui a été condamné l'assassin de Don Andrea Santoro, tué de la main d'un fanatique. N'avez-vous pas peur qu'un roman comme le vôtre puisse agiter les esprits?
"Les fictions littéraires sont une chose, et les actions de la vie réelle en sont une autre. Un homme ne peut décider de tuer quelqu'un après avoir lu un livre. Et puis, ces jours-là, la sécurité du Saint-Père sera la première préoccupation de l'état turc. Ma crainte est d'un autre ordre".

Quelle est-elle?
"Que d'autres puissent attenter à la vie du pape, en faisant retomber la faute sur la Turquie."

C'est un hypothèse digne d'un roman de science-fiction. Mais pensez-vous réellement qu'il pourrait arriver quelque chose au souverain Pontife?
"Je ne sais pas, Mais je ne suis pas si certain qu'il n'y aura aucun accroc. Parce qu'il peut arriver tellement de choses, même sans penser forcément à une tragédie"

En Turquie, nous avons entendu des avis contrastés sur la visite du pape, souvent pas vraiment positifs. Ne pensez-vous pas au contraire que cela puisse être une occasion pour les chrétiens et les musulmans, de raviver le dialogue inter-religieux?
"Je vais vous répondre avec une grande franchise, mais aussi avec un grand respect. Les turcs n'aiment pas le Pape Ratzinger. Ce n'est pas à cause des évènements du mois écoulé. Nous nous souvenons de ses jugements expéditifs sur la Turquie, quand il était cardinal. Nous avons beaucoup aimé le Pape Roncalli, et Jean-Paul II. Peut-être l'ignorez-vous, mais en Turquie, dans beaucoup de villes, il y a une rue qui porte le nom de Jean-Paul II.

Etes-vous favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne?
"J'ai des réserves. Mais je ne nie pas que ce serait pour mon pys une très grande opportunité".

Qelle sorte de réserves?
"Parfois, j'ai l'impression qu'on nous regarde de manière différente, parce que nous y serions l'unique état musulman"

Pensez-vous que la Turquie soit prête à rentrer dans l'UE?
"Je préfère ne pas répondre à cette question. Je ne partage aucun des standards que l'Europe veut imposer à mon pays".


 

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