Der bayerische Papst (2)

" B O N J O U R   M .   L E   C O M M A N D A N T " 

.... ou les relations d'un préfet du Vatican avec un chef de sapeurs pompiers

Joseph Ratzinger se lève tôt comme tous les purs catholiques. Cela est dû à la messe du matin (à 6h) qui est appréciée par tous les retraités pieux, mais aussi par certains actifs qui y puisent la force nécessaire à une journée de labeur.
Au cours de ces années, on pouvait voir le professeur Ratzinger, vêtu d'un manteau sombre et le béret basque sur la tête, descendre la Bergstrasse en direction de l'église de Ziegsdorf pour y célébrer la messe des jours ouvrables.
Plus tard, devenu cardinal de la Curie, lorsqu'il était en vacances, il assurait la messe dans l'église de Pentling. D'ailleurs, en 1977, alors qu'il était déjà archevêque, il fit don d'une nouvelle cloche pour la petite église.
L'habitude de se coucher régulièrement à 22h doit par contre être rangée au rayon des légendes, car quand on connaît le flot journalier des lettres qui arrivent à la CDF, et l'avalanche de publications théologiques nouvelles qu'il lui fallait lire, en plus du travail de direction comme adjoint du Pape, on doit supposer qu'il ne pouvait commencer à dormir que lorsque la lune était déjà montée bien haut dans le ciel de Rome.
A la question typique de reporter qui lui demandait quelles étaient ses lectures préférées, il répondait avec un petit sourire, Thomas Mann, Hesse, Kafka, Adorno et Block....
Plus que par la lecture, le cardinal Joseph Ratzinger se distrait en jouant du piano, il interprète Mozart, Beethoven, Haendl, mais il n'aime pas beaucoup qu'on l'observe à ce moment-là, bien que, comme l'affirme son frère en connaisseur intransigeant, il joue bien.
"C'est bien le premier Pape à avoir dans sa chambre un piano", dit en souriant son ancien assistant le Pr W. Beinert, lorsqu'un journal a rapporté que les déménageurs ont dû transporter depuis l'appartement du cardinal situé piazza Città Leonina jusque dans les appartements du Pape, en plus des nombreux cartons de livres, un grand piano à queue.

"J'ai rencontré peu d'hommes aussi modestes", constate le curé de Ziegsdorf, Karl Wohlgüt (actuellement curé de la paroisse Sant-Anton de Ratisbonne): "Le 25 mars 1977, lorsque la nouvelle de la nomination de Joseph Ratzinger comme archevêque de Munich, commença à se répandre, et que la maison du n°6, Bergstrasse fut assaillie par les journalistes et les curieux, le nouvel archevêque me prit à part et me dit 'Monsieur le curé, vous avez prévu la journée paroissiale des familles, bien entendu vous pouvez compter sur moi, je viendrai'. Sans la moindre arrogance, il l'avait promis aux habitants de Ziegsdorf, et il tiendrait sa promesse". On ne s'étonnera donc pas que Joseph Ratzinger ait conquis le coeur des anciens habitants du village.
Tout particulièrement celui des pompiers. Grâce au Pape Benoît, les pompiers de Pentling sont connus au Canada, au Japon, à Sidney et à Caracas!
Car les images du cardinal de la Curie Joseph Ratzinger bénissant leur nouveau véhicule, firent le tour du globe. Cela devrait convaincre ceux qui n'ont pas confiance en cet intellectuel, cet administrateur du Vatican, de sa proximité avec le peuple et ses liens avec sa patrie.
Dans cet acte, Joseph Ratzinger n'a voulu qu'exprimer son respect pour les soldats du feu, qui mettent leur vie en jeu sans attendre davantage de récompense qu'une éventuelle métaille en fer-blanc.
Peut-être aussi s'est-il senti au fond de lui-même une parenté avec ces pompiers: n'était-il pas lui-même un commandant des pompiers pour l'Eglise, devant lui aussi éteindre l'incendie qui couvait et risquait de se propager?
Deux mois après son élection, le Pape Benoît XVI recevant une délégation de pompiers italiens sur la place Saint-Pierre, essayait un tout nouveau type de casque de pompiers. Ce modèle futuriste avec beaucoup de plexiglas lui donnait l'aspect d'un pilote de course de motos. Sans hésiter, le Pape mit le casque et posa pour ls photographes.
Et à présent, donc, le commandant des pompiers de Pentling, Hans Hoffensberger qui connaît le Saint-Père depuis 1974; étant jeune, il avait servi de nombreuses fois la messe dite par Joseph Ratzinger et chaque fois que le cardinal le rencontrait, il le saluait d'un bref "Bonjour M. le commandant". Une fois seulement, il l'a grondé "Hans, tu ne devrais pas jurer comme cela!".
Pour le jubilé de la fonction de sacristain qu'occupait son père, le cardinal de Curie vint spécialement de Rome, et bien sûr, il était là aussi pour célébrer le 125ème anniversaire du corps des sapeurs pompiers.
"Maintenant, tout cela est fini, comme pape, il est perdu pour nous", disent les Hofbauer, ses voisins de la Bergstrasse qui entretiennent son jardin et surveillent sa maison.
Peut-être que le professeur d'université, par esprit d'autocritique, et afin de ne pas perdre la perception du terrain, ressentait-il le besoin de se consacrer davantage à sa charge de pasteur des âmes, qu'il n'avait pratiquée qu'une seule année, dans la cure de Munich-Bogenhausen.

Son ancien assistant W. Beinert, lui-même prédicateur passionné dans les églises des villages et dans les assemblées paroissiales, se souvient qu'à Tubingen, quelqu'un s'était permis de lui rapporter à son sujet "méfiez-vous, M. le Dr Ratzinger, vous avez là un étudiant qui va tous les dimanches prêcher dans les paroisses". Et Ratzinger avait pris sa défense avec fermeté.
Beinert, qui suivit le professeur comme doctorant en dogmatique à Regensburg, et plus tard, en tant que professeur émérite, contribua à organiser l'enseignement à la faculté de théologie catholique de l'Université Martin Luther de Halle-Wittenbrg, connaît le cardinal Ratzinger mieux que quiconque.
Quand Ratzinger n'utilisait pas le taxi ou les transports en commun, c'est lui qui lui servait de chauffeur à Tubingen et à Regensburg, car ce dernier n'était pas titulaire du permis de conduire. C'est lui aussi qui promenait les Ratzinger en Souabe et en Bavière afin de visiter les églises des couvents, et les basiliques baroques - Ratzinger était passionné d'architecture sacrée, et d'histoire de l'art sacré.
Beinert connaît donc très, très bien la famille Ratzinger.


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