Der bayerische Papst (1)

J O S E P H   E T   M A R I E ,   D E   L A   B E R G S T R A S S E   À   P E N T L I N G 

Les prénoms de Joseph et de Marie apparaissent dans tous les cantiques de Noël des pays alpins, jusqu'en Sicile.
Joseph Ratzinger et sa soeur Marie n'étaient pas les seuls habitants de Regensburg à porter les mêmes prénoms que la Sainte Famille, mais dans la petite ville de banlieue de Pentling, cela ne passait pas inaperçu.
Pentling est un vieux village situé au sud de la ville, non loin de l'Université, et de ce fait lieu de résidence de nombreux professeurs et étudiants. Il y a aujourd'hui 2639 habitants.
Au début, ils n'habitaient pas dans la discrète maison de la Bergstrasse, mais au centre du village, rue Höllkoenig, mais c'est cette maison de la rue de la montagne qui devait se transformer plus tard, après le conclave, en lieu de pélerinage pour les cameramen, les touristes et les fans du pape.
Wolfang Beinert, lui aussi habitant de Pentling depuis de nombreuses années, se souvient avec quel zèle les assistants et les doctorants de Joseph Ratzinger ont participé au déménagement en transférant les livres lorsque plus tard la maison de la Bergstrasse fut achevée.

Joseph Ratzinger pensait en faire sa résidence pour sa retraite, mais "l'homme pense, et Dieu décide".
Après le déménagement, il ne pouvait pas indiquer d'adresse, la rue où se trouvait la maison n'ayant pas encore de nom. Renhard Richardi, professeur de droit résident lui aussi à Pentling, dans la Lärchenstrasse se souvient que Joseph Ratzinger alla trouver le maire, et lui demanda quel était le nom de la rue. Ce dernier lui répondit qu'on en déciderait au prochain conseil municipal. Et Richardi de poursuivre: "Après que ce conseil municipal se fût tenu, Joseph Ratzinger posa à nouveau la question au maire. Le maire, qui avait complètement oublié de mettre la question à l'ordre du jour se trouva gêné et inventa un nom: ce fut la Bergstrasse, alors que l'endroit ne comportait que quelques douces collines".

Toujours est-il que le professeur, le cardinal Joseph Ratzinger, et depuis le 19 avril 2005 le Pape Benoît XVI, est domicilié depuis 1970 au 6 Bergstrasse, 93080 Pentling.
Il s'agit d'une habitation à un étage, très simple et très commune, construite dans le style des années 70, sans aucun luxe ni particularité architecturale avant-gardiste.
Le biographe de Joseph Ratzinger, Peter Seewald, journaliste au Spiegel et au Stern, fut étonné lorsqu'il pénétra pour la première fois, à la Toussaint, dans la maison. L'installation était monacale, d'une extrême simplicité, à tel point qu'on avait envie de faire appel à des dons de meubles.
Le seul élément artistique qui attirait l'attention du visiteur était une statue de bronze dans le jardin, une représentation moderne de la Sainte-Vierge Marie protectrice, au manteau ouvert, ayant été réalisée par Christian Stadler, un sculpteur de Haute-Bavière.

C'est à Pentling que Joseph Ratzinger se sentait chez lui comme professeur de l'Université de Regensburg toute proche, et, plus tard, comme cardinal de la Curie, lorsque durant les vacances il rendait visite à son frère.
Celui-ci occupait en ville, chez les Domspatzen, un grand appartement de fonction, ou plutôt une maison confortable située à côté de la synagogue, mise à sa disposition après son départ en retraite.
"A Regensburg, je suis vraiment chez moi", disait-il, "c'est très important pour moi d'avoir en plus de ma résidence romaine un chez-moi en Allemagne. Ainsi, lorsque je retourne en Bavière, je n'ai pas à descendre dans n'importe quel hôtel, mais je suis vraiment chez moi, et je peux retrouver mes affaires, tout ce dont j'ai besoin".
Joseph Ratzinger prenait parfois ses repas dans le restaurant de Altes Tor (ainsi nommé, car il y subsiste un fragment de l'enceinte d'un couvent), et souvent, lorqu'il était professeur d'université, il demandait à sa soeur Maria d'aller lui acheter un croissant sucré dans la petite épicerie-boulangerie.

Son amour modéré des sucreries est le seul soupçon de gourmandise que le prêtre, qui mène en général une vie d'ascète, se permette. Le chausson aux pommes, la galette sucrée, le petit pain au lait étaient le maximum admis chaque année pour le soir de la Saint-Sylvestre quand il allait rendre visite à l'évêque de Regensburg, Manfred Muller, après l'office de fin d'année dans la cathédrale. Et chaque année, il goûtait et appréciait les gâteaux de Noël confectionnés par Regintrud, soeur cuisinière de Mallersdorf. Il y en avait une vingtaine de sortes différentes, depuis les gâteaux à la vanille jusqu'aux macarrons à la noix de coco, l'évêque Mandfred affirmant que Joseph Ratzinger préférait les petits gâteaux au citron.

Comme préfet de la CDF à Rome, il préférait manger seul, rapidement, à l'opposé de Jean-Paul II son "patron" qui lui aimait s'entourer d'activité et discutait même des affaires de l'Eglise en prenant un café ou une vodka en guise de digestif.

Losque sa nomination en tant qu'archevêque de Munich fut rendue officielle, et que la meute des journalistes envahit la Bergstrasse à Pentling, il régnait dans la maison l'odeur sucrée d'un soufflé au chocolat additionné de crème à la vanille. Auparavant, il y avait eu au menu une soupe de semoule, puis du pain braisé accompagné de fromage. C'est ce type de nourriture que son frère préfère, avait révélé Maria, sa soeur et gouvernante, quelques années plus tard, alors qu'il bénissait une exposition consacrée à l'art sacré à Regensburg. Il avait fait honneur au buffet campagnard, qui proposait du pâté de foie de la charcuterie Weishaüpl, de la moutarde aigre-douce de la marque Handlmeier et des petits pains de la boulangerie Schwartzer.
En été, lors des excursions, le cardinal privilégiait les tartines de pain beurré, et le lait.
Lors de ses repas, il ne boit presque pas d'alcool, il préfère l'eau minérale et la citronnade. A une présentation de livres, au couvent d'Andech, un journaliste peu délicat présenta une photo assez inepte montrant le cardinal, avec un sourire crispé, entourant respectueusement de sa main une chope de bière blonde, comme s'il s'agissait d'un calice précieux d'époque carolingienne.


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