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Un article dans le Figaro d'aujourd'hui nous explique les "inquiètudes" du clergé français (28/8/2008)

La revue de presse d'Europe 1, ce matin, a cité l'article de Jean-Marie Guénois, en des termes qui m'ont fait bondir.
En réalité, après le titre qui annonçait sans surprise et plutôt sur le ton du ricanement que Benoît XVI était moins populaire que Jean Paul II (il va falloir s'habituer à se blinder, lors des jours qui vont suivre!), le seul passage, très rapidement évoqué, était celui où il est question de "la crainte d'un flop populaire dans les rues de Paris. Le diocèse savait en effet que le risque n'était pas nul" - ce qui en dit long sur la volonté délibérée de brouiller le message, à deux semaines de l'évènement.

A la lecture attentive, c'est un article plutôt favorable, et d'une certaine façon très élogieux pour le Saint-Père.
Quant au "cabinet de marketing spécialisé pour tester l'image de Benoît XVI et adapter sa communication"... bof!
A mon avis, il y a une confusion entre le pape (qui n'a pas de communication) et le clergé français (qui a des raisons d'avoir peur, mais ce ne sont pas forcément celles qu'indique l'article).
Car au final, le texte donne l'impression d'une identité parfaite de vues entre le Saint-Siège et le clergé français, et ceux qui lisent ces pages savent que c'est loin d'être le cas.

Pour le reste, à nous de faire en sorte que les oiseaux de mauvaise augure se trompent, et que la visite se solde par un grand succès, comme cela a été le cas pour tous les voyages apostoliques.
Et de prier pour qu'il fasse un vrai temps de Pape. C'est-à-dire un soleil radieux.

Je me permet de rappeler mes impressions personnelles sur l'état des préparatifs tels qu'ils me sont apparus au début de juillet: Promenade entre les Invalides et Notre-Dame
Mais évidemment, il ne s'agissait que d'impressions partielles, mes craintes étaient peut-être infondées.
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Article ici: http://www.lefigaro.fr/...
Au moment où je l'ai téléchargé, il y avit un unique commentaire, très plaisant, que je reproduis ici:
"Mobilisation
La venue du pape à Paris est un évenement des plus importants. En effet,que l'on soit catholique ou pas cet homme symbolise l'unité et une certaine cohérence. A notre époque de tels représensants se faisant rare , je trouve qu'il est de notre devoir de tous se rassembler afin d'écouter pour une fois un message de paix et d'amour."

Neuf mois de préparatifs pour le défi français de Benoît XVI
Jean-Marie Guénois
27/08/2008

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Moins populaire que Jean-Paul II, le Pape devrait cependant réunir près de 500 000 personnes en deux étapes, à Paris et Lourdes, à la mi-septembre.

Dans le silence feutré de son bureau de Castel Gandolfo, sa résidence d'été, Benoît XVI met la dernière main aux onze discours qu'il prononcera dans deux semaines, du 12 au 15 septembre, à Paris et à Lourdes. Les textes sont traduits en italien, mais c'est sur la version française que ce francophone et francophile travaille. Il aime et manie notre langue avec aisance. Il approche aujourd'hui de la version finale, dont il a écrit l'essentiel au cœur de l'été, lors de ses vacances à Bressanone, dans le Trentin Haut-Adige (nord-est de l'Italie). Entre prière, promenades et piano sans oublier l'écriture de la suite de son livre Jésus de Nazareth le Pape a donc rédigé en montagne la première version de ses messages à la France, revue ensuite comme il est d'usage par la secrétairerie d'État, l'administration centrale du Saint-Siège. Sur la base de ces suggestions, le Pape, en homme de lettres exigeant, affine et cisèle ses formules.

On affirme, dans son entourage, que Benoît XVI attache une importance très particulière à sa première visite en France en tant que successeur de Pierre. Membre associé de l'Académie des sciences morales et politiques depuis 1992, il connaît très bien et comme peu à Rome notre pays et sa culture. Ce qui laisse penser au cercle rapproché que son discours au collège des Bernardins, en plein Quartier latin, le 12 septembre, devant 700 représentants du monde de la culture, sera de bonne tenue. De même, note-t-on de part et d'autre des Alpes, que l'adresse au président de la République, quelques heures plus tôt, lors de la visite à l'Élysée, pourrait être la première réponse de l'Église catholique au fameux discours du Latran prononcé par Nicolas Sarkozy, le 20 décembre 2007 qui réveilla la polémique endormie sur la laïcité. Ce qui sera aussi, dit-on en France, une occasion pour le président, de mettre les choses au point. Mais, insiste-t-on au plus haut niveau à Rome, c'est bien Lourdes et le 150e anniversaire des apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous qui reste le motif principal de la «visite pastorale» du Pape.

Sans Lourdes, en effet, le voyage n'aurait pas eu lieu. Pour le Pape, la décision de principe remonte aux premiers mois de son pontificat, en juillet 2005. Et seul l'évêque de Tarbes et Lourdes, Mgr Jacques Perrier, savait. Il avait écrit au Pape pour lui présenter le projet de jubilé des apparitions de la Vierge (en cours jusqu'au 8 décembre 2008). Benoît XVI lui avait rapidement répondu en lui confiant qu'il avait «bon espoir de se rendre personnellement présent». Le secret, bien gardé, conduira à plusieurs réunions de travail, dont l'une décisive en janvier dernier, à Rome, entre le Pape et les représentants de la conférence épiscopale, conduite par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris.

Les curés d'Ile-de-France battent le rappel
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Restait à définir le programme. Si tout le monde s'accordait sur la conclusion du voyage à Lourdes, la première étape restait floue. Strasbourg, avec le Parlement européen, fut envisagé mais repoussé. De même le Mont-Saint-Michel, Angers et même Évry. Mais Paris, assure-t-on en haut lieu, restait «incontournable» pour une première visite. Notamment après celle du président français à Rome dont on assure qu'il avait alors «vivement souhaité» que le Pape commence par la capitale.

Ce serait donc Paris et Lourdes et l'on vit fleurir à la mi-juin, sur les murs des paroisses de larges bannières annonçant l'événement et une avalanche de dépliants, jaune et blanc, aux couleurs du Vatican (note personnelle: j'étais à Paris début juillet, et je n'ai personnellement pratiquement rien vu!). Le tout assorti de rappels des curés, en chaire, pour bien répéter, avant leurs vacances, aux catholiques d'Ile-de-France que leur premier devoir de rentrée serait d'assister en masse à la messe du Pape sur l'esplanade des Invalides, le samedi 13 septembre matin, et à la veillée devant Notre-Dame de Paris le vendredi soir. Comme jamais l'Église catholique se mobilisait très en amont. Trahissant peut-être, mais sans l'avouer, la crainte d'un flop populaire dans les rues de Paris. Le diocèse savait en effet que le risque n'était pas nul.

Comment ? Les organisateurs avaient tout simplement utilisé un cabinet de marketing spécialisé pour tester l'image de Benoît XVI et adapter sa communication. Deux panels représentatifs, catholiques pratiquants, citoyens indifférents, furent sondés et il ressortit un véritable «déficit de connaissance» de ce Pape en France, même chez les fidèles… D'où une certaine angoisse, du moins au début, pour la mobilisation des troupes.

À voir aujourd'hui le sourire serein de Mgr Jean-Yves Nahmias, 51 ans, l'évêque auxiliaire de Paris (le cardinal Vingt-Trois dispose de cinq évêques auxiliaires pour le seconder) chargé de coordonner le volet ecclésial parisien de la visite, il n'y a plus de doute. Impression confirmée par la vision d'ensemble du père Antoine Hérouard, secrétaire général de la conférence des évêques de France : «Nous sommes confiants. Les diocèses se sentent concernés par cette visite et ils se mobilisent dans toute la France.»

L'option du Stade de France un temps envisagée
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Chacun sait, dans l'équipe centrale des trente bénévoles parisiens (??? là encore, je me suis rendue à la permanence, rue des Saint-Pères, et les préparatifs m'ont paru... très modestes) qui ont sacrifié leurs vacances pour préparer l'événement autour de Mgr Nahmias, que la partie n'est pas pour autant gagnée. Elle chapote (sic!) 250 autres responsables bénévoles qui encadreront les 10 000 volontaires déjà recrutés.
L'adversaire n'est plus tant l'image «marketing» du Pape que le ciel… Entendez la météo ! La visite, très courte à Paris, puisqu'elle ne dure qu'un peu plus de vingt-quatre heures, repose pour ce qui est des prestations grand public du Pape, sur deux moments clés et en plein air : l'arrivée du Pape en papamobile sur l'esplanade de Notre-Dame de Paris le vendredi après-midi (le périmètre prévu peut accueillir 40 000 personnes) et la messe sur l'esplanade des Invalides, le samedi matin, qui peut accueillir 200 000 personnes. Même problème à Lourdes, sur quarante-huit heures, où 200 000 personnes sont aussi attendues. Une pluie torrentielle pourrait tout gâcher et les monastères qui prient actuellement pour le succès de cette visite invoquent la clémence des éléments.

D'autant que la philosophie de l'open-space où aucun carton ni billet de réservation ne sera demandé pour accéder aux sites ne donne aucune indication sur le nombre de participants (qui a décidé?). Les gens pourraient venir avec le soleil, ou tout aussi bien renoncer au dernier moment. À Lourdes, un système de navettes permettra à quiconque d'accéder facilement au site. Et, à Paris, tout est pensé pour qu'un maximum de monde puisse «voir» le Pape. Le vendredi après-midi, tout le bas du Quartier latin, autour du collège des Bernardins et de Notre-Dame de Paris, sera pourvu d'écrans géants et sonorisé pour que tous puissent suivre le discours du Pape au monde de la culture, les vêpres avec les prêtres et religieux dans la cathédrale, le salut aux jeunes sur le parvis. Avec, en prime, le passage de la papamobile. Le lendemain matin, même logique pour le site des Invalides qui est celui qui peut accueillir le plus de monde dans la capitale tout en assurant une visibilité optimale.

L'hypothèse, sérieusement étudiée, d'une messe du Pape au Stade de France, à Saint-Denis, a donc été repoussée. Le lieu, pourtant spectaculaire, a été jugé trop petit (80 000 places, mais moins avec un podium, qui le réduit à 65 000 places) et trop fermé pour l'option d'une «visite en ville ouverte». D'autant que le prix de sa seule location et du matériel de sonorisation aurait coûté quasiment les 1,5 million d'euros prévu par l'Église catholique pour l'étape parisienne, et sensiblement la somme équivalente pour la partie lourdaise. Chiffre qui peut paraître impressionnant rapporté à un budget de quête paroissiale où les petites pièces s'entrechoquent plus que le froissement sec des billets, mais dont la moitié passera dans les coûteux écrans géants et leur sonorisation.

Un chapitre financier qui ne perturbe pas, pour l'heure, l'enthousiasme des responsables. Tant à Paris qu'à Lourdes, la confiance règne. Lourdes où l'année jubilaire des 150 ans des apparitions draine 40 % de pèlerins supplémentaires et où ce budget sera intégré dans la comptabilité de cette année événement. Paris, où les responsables ont mis en place une équipe pour le mécénat qui a déjà drainé 350 000 euros, soit la moitié de l'objectif de 700 000 euros. Le reste, donc l'autre moitié du budget, devrait être couvert encore le marketing par une innovation : un numéro de téléphone spécial, non encore connu, façon Téléthon, sera mis en place en septembre et permettra un don sécurisé par carte bancaire. Ce sera, à cette échelle et pour l'Église catholique, la première quête électronique !