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L'EMPREINTE DE LA BAVIÈRE
 

... entre travail et dévotion

L'hommage de Peter Seewald, lui-même bavarois, dans le Hors-série de L'Avvenire
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En découvrant son milieu familial (on devrait dire son extraordinaire famille, dont on ne peut se faire une idée qu'en visitant les villages de son enfance, voir ici La Bavière du Pape), on comprend qu'IL NE PEUT PAS ETRE l'intellectuel éthéré ou le réactionnaire sectaire dont les media avaient dressé le portrait avant même de le connaître!!

Article original en italien (HS L'Avvenire, page 88 et suivantes), ma traduction


 

La piété religieuse locale jointe à ses qualités intellectuelles ont aidé Ratzinger à rester le "théologien du peuple"
Un caractère puisé aussi auprès de l'exemple de sa mère et de son père pour qui l'accueil, le respect et la foi ont été les pierres sur lesquelles ils ont construit leur existence et leur vie de famille
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Ce ne sont pas seulement les circonstances de sa naissance qui ont communiqué à Joseph Ratzinger une empreinte toute particulière, pour ainsi dire dès son premier souffle. Il y a, c'est vrai, les origines d'une famille toute simple et inspirée de forts sentiments religieux. Il y a les expériences des morts vécues dans la première enfance. Mais il y a aussi l'attirance particulière pour la vérité de la doctrine et la solennité de la liturgie. En dernière analyse, c'est le lien entre la piété religieuse locale et ses qualités intellectuelles propres qui l'a vraiment prédestiné à l'oeuvre passionnante de mettre côte à côte tradition et progrès, religion et raison.

Joseph Ratzinger, par ses origines, a un faible pour la solidité de la foi, et la confiance en Dieu, des croyants simples. Il leur fait plus confiance qu'à l'intelligence des professeurs. La capacité de ces gens à établir - avec leur mystique de la confiance dans le Seigneur - un authentique rapport avec Dieu, fait partie des expériences fondamentales de sa vie.
"Le catholicisme de la Bavière, ma patrie - ce sont ses mots - a compris qu'il doit donner un espace à tout ce qui est humain : à la prière mais aussi à la fête, à la pénitence mais aussi à la gaîté ". Ratzinger n'a jamais été un type "jovial", mais il est devenu quand même le théologien du peuple ('della gente'). Contrairement à beaucoup de ses collègues qui se sont mis au service de la mode d'un nouveau christianisme du bien-être, il a toujours joui du soutien du peuple croyant.

L'autre expérience décisive de sa jeunesse a eu l'effet d'une sorte de coup de tonnerre qui l'a comme marqué au fer rouge. Alors qu'il est encore plongé dans le cocon protecteur du mode de vie bavarois, pieux et libéral, déferle une domination qui, sans transition, se transforme en un scenario de haine, de soif de pouvoir et de terreur, dans un monde sans Dieu.
"Dans la foi de mes parents j'ai trouvé la confirmation que le catholicisme est un bastion de la vérité et de la justice contre ce règne de l'athéisme et du mensonge que représentait le national-socialisme" : ce fut comme la prise de conscience peut-être la plus significative de l'homme qui un jour allait devenir Pape.

La mère, Maria était une femme pleine de chaleur. Les fils la voyaient "cordiale et très forte intérieurement". Dans la vie quotidienne, c'est elle qui assumait les tâches matérielles, de ses mains émergeaient "avec une grande fantaisie et beaucoup d'aptitude pratique", comme venus de nulle part, d'excellents plats et des objets d'usage quotidien faits maison.

En bon bavarois le père était pieux et libéral. Vivre la spiritualité ne signifiait pas, pour lui, enlever un espace à la raison. Pour cela, "la fermeté méditée de sa foi" faisait grande impression sur son fils. Le père "la pensait d'une façon différente de ce qui avait cours à l'époque, et faisait cela avec une convaincante et totale maîtrise de soi".

L'"ora et labora" bénédictin réglait la vie de la famille Ratzinger. Au petit-matin, le père sortait son Goffiné (Leonard Goffiné fut un classique de la spiritualité des 17 et 18ème siècle, auteur d'un livre de commentaires à l'Évangile dominicale très populaire ; ndr) et il le lisait à tous. Il allait à la Messe quotidiennement, et le dimanche il y allait plusieurs fois. Et si, à quelques cousins qui venaient en visite, la conduite religieuse de la famille pouvait apparaître un peu rigide, ceux qui fréquentaient la maison découvraient une ambiance qui n'était ni bigote ni refermée.

La musique, que jouaient Georg (au piano), Joseph junior (au violon) et Joseph senior (à la cithare) contribuait à une atmosphère caractérisée par la joie. Franz Niegel, un ami de jeunesse de Ratzinger, décrit la maison comme "toujours accueillante, tout était très simple et modeste".

Le père lui-même n'hésitait pas à se mettre aux fourneaux en absence de sa femme. Les habitués de la maison Ratzinger ont bien en mémoire l'image d'un homme qui se tenait souvent devant la porte d'entrée avec un tablier pour astiquer régulièrement toutes les chaussures.
Que la vilaine habitude de dire du mal des gens ne fût pas tolérée fait partie du style des Ratzinger au même titre que l'accueil attentionné des hôtes.

Plus tard, lorsque les deux fils commencèrent à étudier, les parents se tinrent à une distance respectueuse.
En somme, les deux garçons entamaient leur chemin dans la vie dans un ambiance faite d'engagement, de romantisme et de curiosité vers le grand mystère de Dieu.


Sur le même sujet

"Der bayerische Papst", la biographie de Christian Feldmann:
beatriceweb.eu/baviere/documentation/livres/derbayerischepapst.html

Voir aussi le bel article de Peter Seewald: Benoît, notre don du ciel


Il custode della fede | "La splendide humanité de Benoît"