Lors du traditionnel discours de début d'année au Corps Diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, Benoît XVI fait un tour du monde, et livre une analyse assez complète de la situation géopolitique de l'ensemble de la planète.

A propos de l'Europe, il revient encore une fois sur ses racines chrétiennes, et la mention qui doit en être faite sur le traité constitionnel. Ce thème, qu'il martèle en permanence, permet de recadrer le prétendu aval donné à la Turquie pour son entrée dans l'Union Européeene: d'ailleurs, s'agit-il de l'Union Européenne, ou de l'Europe? d'en faire partie ou d'y être associé? le Saint-Père n'y fait pas d'allusion directe, mais le préalable qu'il y met (liberté religieuse, reconnaissance du patrimoine chrétien, inscrits dans la Constitution) place clairement la Turquie au coeur du problème... et ne laisse pas beaucoup de place au doute sur son sentiment. Car si la Turquie acceptait ces conditions, nous n'aurions plus de raison de leur refuser l'adhésion. Si...
Voir ici: Benoît XVI et la Turquie: Sandro Magister (*)
Evoquant le cinquantième anniversaire de l'insurrection hongroise, il presse les européens de construire un avenir libre de toute oppression, tout conditionnement idéologique, et surtout de purifier les tensions du passé et de promouvoir la réconciliation.
Il me semble que cette petite phrase, passée inaperçue, est la plus importante et la plus personnelle de son discours (un discours de ce type est forcément convenu, et préparé par des collaborateurs): c'est la clé de son attitude dans la nomination de Mgr Wielgus, et la réponse à ses détracteurs:voir ici Tourner la page...

--------------------------
(*) Il semble hélas que l'affaire rebondisse depuis, Sandro Magister, ayant reçu un billet d'Hervé Yannou, du Figaro, admet le bien-fondé des informations publiées par la Documentation française et relayée par La Croix, comme quoi le petit monde médiatique et très solidaire...

Le cinquantième anniversaire de l’insurrection de Budapest, fêté au mois d’octobre dernier, nous a rappelé les événements dramatiques du vingtième siècle qui incitent tous les Européens à construire un avenir libre de toute oppression et de tout conditionnement idéologique, à tisser des liens d’amitié et de fraternité, et à manifester sollicitude et solidarité envers les plus pauvres et les plus petits; de même, il importe de purifier les tensions du passé, en promouvant la réconciliation à tous les niveaux, car c’est elle seule qui permet de construire l’avenir et de consentir à l’espérance.

[..] en Europe, de nouveaux pays, la Bulgarie et la Roumanie, nations de longue tradition chrétienne, ont fait leur entrée dans l’Union européenne.
Alors que l’on s’apprête à célébrer le cinquantième anniversaire des Traités de Rome, une réflexion s’impose sur le Traité constitutionnel. Je souhaite que les valeurs fondamentales qui sont à la base de la dignité humaine soient pleinement protégées, en particulier la liberté religieuse dans toutes ses dimensions et les droits institutionnels des Églises.
De même, on ne peut faire abstraction de l’indéniable patrimoine chrétien de ce continent, qui a largement contribué à modeler l’Europe des Nations et l’Europe des peuples.

Comment ne pas se préoccuper non plus des continuelles atteintes à la vie, de la conception jusqu’à la mort naturelle ? De telles atteintes n’épargnent même pas des régions où la culture du respect de la vie est traditionnelle...

Se développent également des menaces contre la structure naturelle de la famille, fondée sur le mariage d’un homme et d'une femme, et des tentatives de la relativiser en lui donnant le même statut que d’autres formes d’union radicalement différentes. Tout cela offense la famille et contribue à la déstabiliser, en en voilant la spécificité et le rôle social unique. D’autres formes d’agression à la vie sont commises parfois sous couvert de recherche scientifique. La conviction se répand que la recherche n’est soumise qu’aux lois qu’elle veut bien se donner et qu’elle n’a d’autre limite que ses propres possibilités. C'est le cas par exemple dans les tentatives de légitimer le clonage humain pour d’hypothétiques fins thérapeutiques.

[..] l convient de souligner que la démocratie est appelée à prendre en compte les aspirations de l'ensemble des citoyens, à promouvoir le développement dans le respect de toutes les composantes de la société, selon les principes de la solidarité, de la subsidiarité et de la justice. Il faut cependant mettre en garde contre le risque que l’exercice de la démocratie se transforme en dictature du relativisme, proposant des modèles anthropologiques incompatibles avec la nature et la dignité de l’homme.

Ce cadre préoccupant n'empêche pas de percevoir des éléments positifs qui caractérisent notre époque. Je voudrais mentionner en premier lieu la prise de conscience croissante de l’importance du dialogue entre les cultures et entre les religions. Il s'agit d'une nécessité vitale, en particulier en raison des défis communs concernant la famille et la société. Je relève d’ailleurs les nombreuses initiatives en ce sens, qui visent à bâtir les bases communes pour vivre dans la concorde.