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FLORES D'ARCAIS CONTRE LE PAPE (SUITE)
 

Nous avons déjà eu l'occasion de parler dans ces pages du directeur de la revue Micromega, Paolo Flores d'Arcais.
Voir ici:
Paolo Florès d'Arcais contre Benoît XVI
Attaque contre "Jésus de Nazareth"

La publication du motu proprio et du document sur la spécificité de l'Eglise Catholique par la CDF est l'occasion, pour La Croix, de citer sur son site une dépêche de l'AFP, reproduisant des propos du "philosophe athée" sur le thème de la reconquête de l'Europe:

Une fois admis, comme le dit l'éditorial de L'Homme Nouveau, que " Paolo Flores d’Arcais n’a rien contre Joseph Ratzinger. Il s’oppose à tout ce qu’il représente ! " , il faut admettre que ce qu'il dit n'est pas absurde (avec toute sa mauvaise foi, qui consiste par exemple à se poser en martyr parce qu'aucun prélat n'a répondu à une invitation à débattre contre ses amis - quand on voit comment il avait truqué les dés avec le cardinal Ratzinger, on les comprend!!). L'idée d'une union des religions contre le matérialisme athée est peut-être en effet la clé qui permet de comprendre certaines attitudes déroutantes (pour certains) du Saint-Père.


L'Eglise se durcit pour reconquérir l'Europe

Article ici: http://www.la-croix.com/

Le philosophe athée Paolo Flores D'Arcais, directeur de la revue italienne MicroMega qui a publiquement débattu en 2000 avec le futur Benoît XVI, estime que le "durcissement" de l'Eglise catholique fait partie de sa "stratégie de reconquête intellectuelle" de l'Europe.

Q - Pourquoi dénoncez-vous une fermeture au débat du Vatican ?

R - "Il existe en Italie une tradition de la controverse intellectuelle. En 2000, l'année du jubilé chrétien, le cardinal Joseph Ratzinger, qui est aujourd'hui pape, avait publiquement débattu avec moi sur l'existence de Dieu. Il y a eu des occasions de controverse avec d'autres cardinaux. Mais aujourd'hui, j'ai la nette impression que l'Eglise se soustrait à la confrontation critique. Un exemple: cette année pour le festival de philosophie de Rome, une initiative qui attire un très vaste public, aucun prélat n'a répondu à notre invitation. Il y a peu, si on ne les avait pas invités, ils auraient dénoncé un extrémisme laïciste".

Q - Comment l'expliquez-vous?

R - "Le Vatican développe aujourd'hui une stratégie cohérente de reconquête intellectuelle de l'Europe, contre ce que Ratzinger appelle "le relativisme" des sociétés modernes, conséquence de l'esprit des Lumières. Le pape vit comme un désastre, comme une menace grave pour la société, cette prétention de l'homme à l'autonomie par rapport au divin. Et l'Italie est la base de cette reconquête car elle est le maillon faible de la sécularisation: l'Eglise y garde de nombreux relais, comme on peut le voir en politique. En Espagne le choc est frontal entre l'Eglise et la politique laïque de José Luis Zapatero. En France, laïque par tradition, les choses sont beaucoup plus difficiles pour l'Eglise".

Q - L'Eglise a-t-elle des chances de regagner le terrain perdu?

R - "Ratzinger pense que l'Europe a une chance de se sauver si elle renoue avec son identité chrétienne. Non pas pour combattre l'islam, comme on le pense souvent: le fameux discours de Ratisbonne qui a provoqué une telle émotion dans le monde musulman n'était pas dirigé contre l'islam, il proposait au contraire une sorte d'alliance sacrée des religions contre le "nihilisme" issu des Lumières. Mais dans cette alliance, la religion chrétienne est vue comme détenant l'entière vérité alors que les autres ne représenteraient que des vérités partielles. Et l'islam s'est senti mis en cause par ce discours parce qu'il a la même prétention à la primauté de la vérité.

Cette stratégie de reconquête peut s'appuyer sur la crise des démocraties occidentales qui n'ont pas rempli leurs promesses, ainsi que sur l'insécurité mondiale et sur l'effondrement des grands espoirs idéologiques".
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L'Homme Nouveau

L'homme tranquille n° 1393 avril 2007
http://www.hommenouveau.fr/jeux/jeu_edito.html
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Juste avant Pâques, Le Monde a publié une importante Tribune libre de l’intellectuel italien Paolo Flores d’Arcais contre Benoît XVI. Pour le philosophe athée, le pape catholique met en place une stratégie mondiale d’alliance des religions contre la philosophie des Lumières. Ce combat titanesque se ferait au détriment de l’homme, libéré par la modernité de la dépendance envers Dieu et, enfin, autonome et souverain.
Paolo Flores d’Arcais connaît bien Joseph Ratzinger avec lequel il a mené un débat public avant que celui-ci ne devienne pape. Il sait bien qu’il s’agit d’un intellectuel, et l’on pourrait même ajouter, d’un homme tranquille, soucieux de dialogue, de rencontre et de compréhension de la pensée de l’autre. D’un intellectuel exigeant aussi, qui croit que la vérité existe et que son rôle est de la trouver.

Au fond, Paolo Flores d’Arcais n’a rien contre Joseph Ratzinger. Il s’oppose à tout ce qu’il représente ! Dans sa Tribune du Monde comme dans le livre de leur entretien, il dit, au fond, la même chose : le christianisme prétend détenir la vérité dans l’ordre naturel comme dans l’ordre surnaturel. Ce rejet du christianisme n’est, en fait, qu’un « remake » de la grande scène entre le Christ et Pilate. Le Procurateur romain est apitoyé par l’homme. Mais quand ils en arrivent à évoquer la vérité, Pilate récuse toute prétention à définir ce qu’elle est.

Au fond, Pâques nous montre de manière éclatante que la vérité n’est pas d’abord une abstraction, mais une Personne. Pâques nous révèle que cette Personne est aussi la vie et la source de toute vie. Elle est l’espérance et la jeunesse du monde face aux vieilles erreurs toujours renaissantes. N’est-ce pas aussi ce qui permet à Benoît XVI d’être cet homme tranquille qui nous appelle à vivre la radicalité de l’Évangile ?


Les amis de circonstance | Une réaction attendue... et rassurante