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DIALOGUE DIFFICILE...

Le dialogue est-il possible?

D'une part, LA CROIX publie sur son site une très belle galerie-photos intitulée "Le Pape en Turquie":

Et, parmi ces photos, celle qui est choisie, si je comprends bien, comme photo de l'année est celle du Saint-Père "en prière" à la mosquée bleue -accompagnée d'un texte reproduit ci-dessous.
Belle, certe, mais pourquoi n'avoir pas choisi le bras tendu avec Bartolomeo?
Est-ce bien dans un esprit de (ré)conciliation que l'on insiste aussi lourdement?


 
Le « recueillement » de Benoît XVI à la Mosquée bleue

L’image a fait le tour du monde. Lors de son voyage en Turquie (du 28 novembre au 1er décembre 2006), le pape est resté quelques minutes, les yeux fermés et en silence, devant le mihrab (niche indiquant la direction de La Mecque) de la Mosquée bleue, au côté du grand mufti d’Istamboul, Mustafa Cagrici.

Le pape a-t-il prié ? « Je me suis tourné vers le Dieu unique, père miséricordieux de l’humanité entière », a-t-il expliqué le mercredi suivant, lors de l’audience générale, en donnant ensuite le sens de ce qu’on peut appeler une prière intérieure : « Que toutes ses créatures puissent se reconnaître en lui, et donner le témoignage d’une vraie fraternité. » 



 

Car simultanèment, le site de la Fraternité St-Pie X propose, sur sa page d'accueil deux "articles" intitulés respectivement "De la confusion des esprits à la Dhimmitude programmée" (celui ci est signé par l'abbé de Cacquerey, supérieur du district français de la Fraternité), et "D'Assise à Istanbul", titres qui dispensent presque de les commenter.

Le second article, signé d'un abbé Cellier, se conclut ainsi:


 

Force de l’image

Cette visite du pape à la mosquée constitue une image extrêmement forte. Cette image a été mondialement médiatisée, et continuera à l’être dans les temps à venir.
Le passé nous montre la force exceptionnelle d’une telle image. La fameuse scène d’Assise en 1986, où l’on voit tous les « chefs religieux » à égalité, un pot de fleurs dans la main, en train de prier, est depuis ce jour reproduite continuellement. En particulier, tous les livres d’Histoire et d’éducation civique utilisés dans les écoles françaises aujourd’hui publient cette photographie.
Cette image récente d’Istanbul, comme l’image d’Assise, parle par elle-même, prêche de façon immédiate, en dehors de toute explication. Elle dit aux hommes qui la voient quelque chose de fort, elle s’inscrit dans leur mémoire, leur réflexion.
....
On s’habitue, hélas ! au pire

La répétition de ces actes inconcevables tend à nous faire perdre notre capacité de réaction, à anesthésier notre indignation devant ce qui est, en soi, une blessure faite à la confession de la foi.
C’est un grand malheur. Nous devons, au contraire, maintenir la virginité de notre foi. Parce que les conséquences spirituelles de ce geste sont incalculables, et sans nous ériger en juge des intentions, il nous faut réagir de façon claire, tout en gardant respect pour la personne et la fonction du pape.
Cet acte de Benoît XVI à Istanbul est un scandale, au sens réel et étymologique : il induit les âmes au péché, dans ce qui est le plus grave, la confession de la foi, et d’une manière exceptionnellement forte, en raison de la diffusion mondiale de l’image d’un pape priant dans une mosquée.


 

La Fraternité Saint-Pie X refuse en bloc le Concile Vatican II, et donc s'oppose durement à tout dialogue inter-religieux.
Après un début qui paraît faire quelques concessions au bon sens, en se démarquant du courant médiatique (*), l'article développe un discours excessif (voir les passages soulignés), figé, rétrograde même (**) dramatisant l'impact du geste de Benoît XVI, et finalement, bien peu chrétien.
Il donne l'image d'esprits mesquins, incapapables de concevoir qu'il puisse exister des priorités dans le gouvernement de l'Eglise, et donc les préoccupations du Saint-Père. On se demande d'ailleurs s'ils n'attendaient pas que cela pour justifier leur refus d'accepter la main tendue de Benoît XVI.

Je ne sais pas argumenter contre des gens aussi sectaires, et je n'en ai pas envie.
Mais contrairement à ce que j'ai pu lire, un tel "manifeste" ne constitue pas une base de discussion, bien plutôt une définitive fin de non-recevoir.

L'image que moi, j'ai vu de mes yeux en direct à la télévision, c'est la grande croix pectorale du Saint-Père brillant dans une mosquée. Ce n'est pas rien!! Et je retiens surtout son grand courage physique (il a remercié la Sainte-Vierge, Vêpres du 31 décembre ; voir aussi ici le témoignage d'un musulman: chronique du blédard) , que ces bons apôtres semblent oublier.

Je continue donc à m'interroger sur les motivations de LA CROIX qui, après avoir publié hier un article sur les prétendues révélations de Mgr Bertone, accorde aujourd'hui cette forme de tribune à un autre objet de discorde.
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(*)
...les médias propagent souvent à l’occasion de tel ou tel geste du pape des informations erronées, soit qu’ils les rectifient ensuite (mais le mal est fait), soit qu’ils les maintiennent avec mauvaise foi. Ainsi, les médias ont commencé par affirmer faussement que Benoît XVI s’était prosterné dans la direction de La Mecque, avant de diffuser les informations réelles. Ce n’est évidemment pas à l’interprétation tendancieuse et souvent mensongère des médias que nous nous arrêterons ici.
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(**) Par rapport à l'Islam, qui est une religion figée, "bloquée par une impossible interprétation", le Catholicisme a toujours su s'adapter, n'en déplaise à ses ennemis. C'est peut-être l'explication de sa longévité, malgé toutes les attaques dont elle a été l'objet du dehors et du dedans.
Selon le spécialiste américain Daniel Pipes, cité par Serge de Beketch, "il y a une logique intérieure à la Bible Chrétienne qui permet et exige de l'adapter et de l'appliquer à de nouvelles situations".


"Religion et identité" | Janvier 2007